Toutes les musiques de We Culte. Philippe Katerine semble toujours ailleurs, toujours en mouvement, insaisissable et pourtant étrangement proche. Avec T’es où Philippe Katerine ?, diffusé le 1er décembre sur France 4, le réalisateur Gaëtan Chataigner plonge dans trente ans d’images et d’amitié pour tenter d’approcher cette présence singulière. Des archives précieuses à la fulgurance du quotidien, du calme de la Vendée à l’électricité du Zénith, le film dévoile un artiste déroutant et profondément humain. Une invitation à entrer dans un univers où l’absurde devient poésie, et où la liberté est une manière d’être au monde. Un documentaire suivi d’un concert inédit au de Philippe Katerine au Zénith de Paris à l’esprit festif et lumineux.
Philippe Katerine n’entre dans aucune case : il a choisi la liberté comme unique ligne artistique

Quand l’ami regarde l’artiste
Gaëtan Chataigner filme Philippe Katerine depuis presque trente ans. Dans ces décennies d’images accumulées, il y a quelque chose de la confiance, de la complicité, de ces silences et improvisations que seuls les amis savent saisir. Le documentaire « T’es où Philippe Katerine ? », est moins un film sur un artiste qu’un retour, délicat et malicieux, sur une présence. Celle d’un homme qui semble glisser entre les doigts de tout le monde — du public, des journalistes, parfois même de lui-même — mais dont le réalisateur parvient à capter la vibration profonde.
Ce film ressemble à son sujet : imprévisible, drôle, tendre, pudique malgré la fantaisie, et profondément humain. On y découvre un Katerine jeune, rêveur, presque timide, déjà animé par cette façon de regarder le monde un peu de biais, comme si tout ce qui nous paraît banal avait pour lui un parfum d’étrangeté.
Ce regard n’a pas changé. On le retrouve dans les scènes récentes, tournées dans la chaleur tranquille de la Vendée, dans un atelier où s’empilent dessins, maquettes et personnages roses qui semblent s’être échappés d’un rêve d’enfant. On le voit dans les loges d’un Zénith, où l’artiste, avant d’entrer en scène, promène son chien et ses pensées avec la même tranquillité. On l’entend dans la voix de sa mère, de sa fille, de sa sœur, qui racontent sans pathos l’itinéraire d’un homme qui a choisi la liberté comme unique ligne artistique.
Inclassable Philippe Katerine
Katerine fabrique des chansons comme d’autres fabriquent des collages, avec une sorte de sincérité enfantine qui ne doit pas tromper : derrière la naïveté se cache une poésie de l’absurde parfaitement maîtrisée.
Dans la chanson française, il n’entre dans aucune case. On l’a souvent pris pour un fantaisiste, un excentrique, et il ne s’en est jamais offusqué. Il a continué son chemin, un pas après l’autre, en acteur parfois, en plasticien souvent, en performeur toujours.
Ses sculptures « mignonistes », ses personnages roses répandus à travers la planète, ne sont pas des gadgets. Ce sont des autoportraits démultipliés : vulnérables, tendres, modestes, ouverts au monde. Tout comme sa musique, qui évite le grandiloquent pour mieux toucher.
Victor Hache
- T’es où Philippe Katerine ?, documentaire de Gaëtan Chataigner. A voir le 1er décembre sur France 4 et FranceTV -21h05
Le concert du Zénith
Après le documentaire, la soirée se prolongera avec un concert inédit lié à son Zouzou Tour enregistré au Zénith de Paris. Le contraste entre les deux œuvres est délicieux : après l’intime, le spectaculaire ; après la confidence, l’explosion. Sur scène, Philippe Katerine n’est plus ce promeneur contemplatif : il devient chef d’orchestre d’un chaos joyeux, maître d’une cérémonie pop où tout est possible. Avec toujours cette manière unique d’oser la simplicité là où tant d’autres choisissent la posture.





