film le chant de la forêt
Cinéma. Entre fiction et documentaire, le film brésilien « Le chant de la forêt » témoigne de la fragile existence des indiens Kraho. Un monde parallèle, un ailleurs fascinant, que l’on n’a pas vu mille fois avant.

Les réalisateurs du film brésilien « Le chant de la forêt  »  sont restés longtemps avec les indiens Kraho, assez longtemps pour faire partie du paysage, pour leur être familiers. D’où cette impression de glisser dans leur vie, de ne rien y peser, d’être seulement et simplement avec eux

 
Dans le nord du Brésil, à mille kilomètres au nord de Brasilia, vit la tribu des Kraho. Dans leur territoire de 3200 kilomètres carrés, on zoome sur le village de Pedra Blanca, et dans ce village, sur un jeune homme nommé Ihjãc. Il vient de perdre son père, dont l’esprit lui parle, près d’un point d’eau. Il l’enjoint à organiser bientôt la fête de fin de deuil. Les préparatifs prennent du temps et réclament de nombreux efforts. Ihjãc s’y attelle, mais il est tourmenté par une prédiction, qui l’annonce comme le prochain chaman du village. Peut-il, faut-il résister à ce destin qui ne lui convient pas ?
Le village krahô de Pedra Branca au nord du Brésil où a été tourné « Le chant de la forêt »
L’histoire que raconte « Le chant de la fôrêt » a son intérêt, mais elle est aussi une façon de porter le contenu documentaire du film, de lui offrir un cadre et une structure. On part en terre inconnue – mais (#soulagement) sans people bouleversé « par-ces-gens-qui-n’ont-rien-et-qui-sourient-quand-même-putain-quelle-leçon ».
Les réalisateurs sont restés longtemps avec les Kraho, assez longtemps pour faire partie du paysage, pour leur être familiers. D’où cette impression de glisser dans leur vie, de ne rien y peser, d’être seulement et simplement avec eux.

La forêt est ici un personnage central, bien sûr, comme dans le fameux « Tropical Malady » d’Apichatpong Weerasethakul. Personnage énorme, taiseux, ombrageux, immense cerveau vivant, un Net vert ou chaque liane serait un hyperlink. Autour d’elle, près d’elle, les Kraho vivent en bonne intelligence, avec des rituels qui ne sont pas plus étranges que les nôtres, à bien y regarder. Les croyances des uns valent bien celles des autres. Leurs yeux presque bridés, leurs pommettes hautes témoignent que les Indiens d’Amérique sont de lointains descendants de migrants venus d’Asie – à l’ère où le Détroit de Béring était franchissable à pied.
affiche film le chant de la forêt« Le chant de la forêt » nous parvient après l’affligeante victoire de l’extrême-droite au Brésil. Son fatal cortège d’âneries mettra sûrement en danger les Kraho et leur habitat. Raison de plus pour les voir, pour savoir de quoi leur regard se nourrit, comment leur esprit poétise le réel. Ouvrons cette fenêtre, prenons l’air là-bas. Savoir leur existence, c’est déjà les protéger.
« Le chant de la forêt », de João Salaviza & Renee Nader Messora. 1h44

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