les cahiers d'esther histoires de mes 14 ans
"Les Cahier d'Esther. Histoires de mes 14 ans". © Riad Sattouf / Allary éditions

Bande dessinée. Au collège, elle boucle sa 4ème puis entre en 3ème. Elle n’est plus vraiment une enfant, pas encore une adulte. On la retrouve, volubile et positive dans « Les Cahiers d’Esther. Histoires de mes 14 ans » de Riad Sattouf, pour un tome 5 impeccable porte-voix d’une jeune fille d’aujourd’hui.

Une fois encore, avec ces « Cahiers d’Esther. Histoires de mes 14 ans », Riad Sattouf ne rapporte pas le journal intime. Il pointe l’époque, note les transformations d’une société dans laquelle elle évolue. Et se fait le porte-voix d’une jeune fille d’aujourd’hui

les cahiers d'esther histoires de mes 14 ans Glissée sous la couette, d’emblée elle annonce : « Je m’appelle Esther et j’ai 13 ans. Je suis en 4ème dans un collège de bourges à Paris (mais moi je suis pas bourge je vous jure) ». Et elle ajoute : « Là c’est moi en mode « choquée » après l’histoire m’est arrivée et que je vais vous raconter ». Donc, on retrouve la jeune héroïne, plus vraiment une enfant pas encore une adulte, c’est « Les Cahiers d’Esther » tenus et proposés pour un tome 5 par Riad Sattouf, 42 ans, dessinateur, scénariste et réalisateur (César du premier film pour « Les Beaux Gosses ») auteur, entre autres, de la série dessinée et autobiographique « L’Arabe du futur ».

Avec Esther, l’auteur suit au plus près et au fil des mois et des années la vie d’une enfant depuis ses 10 ans– un premier album paru en 2015, le neuvième et dernier album sera consacré à l’année de ses 18 ans. La série est née un jour dans l’esprit du dessinateur après un  dîner avec un couple ami et leur fille- elle lui a raconté son quotidien qu’il rapporte en feuilleton hebdomadaire dans « L’Obs ». La vie d’une jeune fille de son temps, des recueils annuels qui connaissent un grand succès en librairies– dernier en date, le tome 5 que « Libération » a joliment résumé d’une formule délicieusement contemporaine : « le « balek » des débutantes »…

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Dans un récent entretien, Riad Sattouf a confié que, par rapport aux précédents recueils, « Esther est plus affectée par les problèmes de justice et d’injustice. Il y a quelques années, je la trouvais un petit peu autocentrée, un rien pimbêche. (…) Maintenant, son rapport à la société a changé ».

Au fil des pages, Esther (un prénom autre que celui de la jeune fille qui existe vraiment, que l’auteur interroge chaque semaine sur son quotidien et dont les quatre premiers « Cahiers… » se sont vendus à 650 000 exemplaires en France) finit au collège sa classe de 4ème, commence celle de 3èmeelle est à présent moins naïve, s’intéresse au monde qui l’entoure, développe sa perception de l’injustice (surtout quand elle la concerne, elle et ses copains- copines…), est choquée que bien peu réagissent en croisant des SDF dans la rue. 14 ans, c’est l’âge où surgissent les premières grandes interrogations, parfois naïves, souvent fondamentales. Encore Riad Sattouf : « S’il fallait définir l’Esther de ce tome 5, je dirais : volubile et positive ».

   Dans le petit monde d’Esther et ses 52 confessions hebdomadaires, il y a peu de garçons comme le souligne l’auteur-dessinateur : « Elle a des copains garçons, mais ce sont des garçons un peu à part, un peu particuliers. Sinon avec les autres, elle se sent obligée de faire des choses un peu interdites, comme boire des bières. Les garçons qu’elle côtoie ne sont pas des délinquants quand même… Juste des semi-voyous… »

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On croise ses parents (de gauche, bien sûr…),  son Iphone (tellement important et indispensable pour la jeune fille qu’elle est), l’appréhension du premier amour, l’influence de son amie Zoé, la prise de conscience politique, son correspondant Nacho duquel elle attend la traduction en espagnol de « je m’en balek », les trottinettes électriques, l’apprentissage de cette danse qu’on appelle le floss, le petit frère qui « lui casse les couilles »… sans oublier qu’on lui retire son appareil dentaire, qu’elle a un petit ami qui se prénomme Abdelkrim (un garçon « génial » qui habite à Metz, une ville « hyper loin ») et qu’elle est persuadée que tous les jeunes du monde vont se donner la main et ainsi sauver la Terre.

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On y ajoute qu’Esther, jeune fille à l’âge de conscience, est fan absolue de la (jeune) chanteuse belge Angèle« Les garçons eux c’est plus genre Booba… La seule chanteuse écoutée par les garçons ET les filles, c’est Angèle. C’est une chanteuse blonde sublimement belle qui n’en joue pas (elle ne s’habille jamais en mode « je suis trop belle » par exemple). Elle est simple et aime se taper des barres. Tout ce que j’aime (…). Elle porte des vieux joggings en mode « je m’en balek » en faisant des gestes un peu bizarres mais on voit qu’elle est ultra-souple mais préfère délirer que frimer. Son frère est un rappeur très connu aussi qui s’appelle Roméo Elvis… »

Une fois encore, avec ces « Cahiers d’Esther. Histoires de mes 14 ans », Riad Sattouf ne rapporte pas le journal intime. Il pointe l’époque, note les transformations d’une société dans laquelle elle évolue. Et se fait le porte-voix d’une jeune fille d’aujourd’hui. En ne manquant pas de confier : « Comment voit-on le monde quand on est une jeune fille ? Pour moi, cette interrogation est vertigineuse ! »

Texte Serge Bressan 

  • A lire : « Les Cahiers d’Esther. Histoires de mes 14 ans » de Riad Sattouf. Allary , 56 pages, 16,90 €.
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Riad Sattouf, auteur de la bd « Les Cahiers d’Esther ». Photo Renaud Monfourny / Allary Editions

Riad Sattouf, la bio: 

Auteur de bandes dessinées et réalisateur, Riad Sattouf naît en 1978 à Paris. Son enfance se déroule entre la Lybie, la Syrie et la Bretagne. Il étudie les arts appliqués à Nantes, puis le cinéma d’animation à Paris à l’école des Gobelins. Il a publié « Les Pauvres Aventures de Jérémie », « Manuel du puceau », « No sex in New York », « Pipit Farlouse »« Retour au collège », « Pascal Brutal », « La Vie secrète des jeunes » et « L’Arabe du futur ».

Lauréat de nombreux prix internationaux (Los Angeles Times Graphic Novel prize, Prix de l’excellence au Japan Media Arts Festival, Max und Moritz Prize) et traduit en vingt-trois langues, il est l’un des rares auteurs à avoir remporté le Fauve d’or (meilleur album) au Festival d’Angoulême à deux reprises, en 2010 et 2015. A Paris, le Centre Pompidou lui consacre, en 2018, une exposition « Riad Sattouf, l’écriture dessinée ».

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Il a réalisé deux longs-métrages : « Les Beaux Gosses » en 2009 (César du meilleur premier film) et « Jacky au royaume des filles » en 2014.

Riad Sattouf est le créateur d’une œuvre originale qui utilise pleinement les ressources conjuguées du dessin et de l’écriture. Il porte sur le monde un regard très personnel à la fois tendre et lucide, empruntant autant à la chronique sociale qu’à la satire ou à l’autobiographie

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