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Anne Sylvestre sur scène. AFP/Stéphane de Sakutin

Disparition. La chanteuse Anne Sylvestre est décédée lundi 3O novembre à l’âge de 86 ans des suites d’un AVC. Connue principalement pour ses comptines pour enfants rassemblées dans ses « Fabulettes », elle laisse des centaines de chansons pour adultes aux mots ciselés, dans lesquelles elle témoignait de ses combats et de ses engagements.

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Anne Sylvestre est morte à l’âge de 86 ans des suites d’un AVC

Ses Fabulettes ont enchanté des générations d’enfants, mais elle était aussi une merveilleuse auteure de chansons pour adultes aux vers ciselés et à l’écriture d’une richesse incroyable. Des chansons, qui hélas passaient rarement à la radio. Cela n’affectait pas la chanteuse féministe, même si elle souffrait que son travail ne soit pas reconnu à sa juste valeur. Toujours entre combats et poésie, elle préférait la magie du spectacle vivant aux représentations médiatiques, où le public aimait acheter ses disques à la fin de ses concerts.

Anne Sylvestre est décédée lundi 30 novembre à l’âge de 86 ans des suites d’un AVC. Née Anne-Marie Thérèse Beugras le 20 juin 1934 à Lyon, elle a commencé à se produire à La Colombe, cabaret de l’Ile Saint-Louis à Paris en 1957, interprétant des chansons, dans le sillage de Guy Béart ou de Georges Brassens, aux mots pertinents et poétiques, où se mêlent fantaisies et thèmes profondément humanistes : « Que je vive cent ans ou bien quelques décades/Je ne supporte pas de voir le temps passer », chantait-t-elle dans une de ses ritournelles qui traduisaient son besoin d’écriture: « Ecrire pour ne pas mourir …

En 1959, elle enregistra un premier 45 tours (La porteuse d’eau et Philomène). Remarquée par le producteur et directeur artistique Jacques Canetti, elle va laisser libre cours à sa plume exigeante, où elle aborde des sujets comme la condition féminine, revendiquant le terme de chanteuse féministe : « Je suppose que ça m’a freinée dans ma carrière parce que j’étais l’emmerdeuse de service, mais ma foi, si c’était le prix à payer… » disait-elle. Des chansons où elle faisait part de ses engagements, à l’image de « Non, tu n’as pas de nom »(1973), sur l’avortement ou « Gay, marions-nous! » (2007), où elle défend  la cause du mariage homosexuel.

Elle avait célébré ses 60 ans de carrière en 2018, marquée par près de 400 chansons, mais dès ses débuts, elle a aimé écrire pour les enfants des comptines (Douze petits cochons, Sureau sureau, Dans ma fusée…) pleines de tendresse et d’humour regroupées dans les douze volumes des Fabulettes. Un répertoire qui lui avait valu l’étiquette de « chanteuse pour enfants », ce qui ne manquait pas de lui peser, car elle revendiquait tout autant son répertoire pour adultes.

Fille d’Albert Beugras, bras droit de Jacques Doriot, pendant l’Occupation, elle était revenue sur le passé de son père collaborateur, révélé en 1974 dans le livre de sa sœur cadette, l’écrivaine Marie Chaix, Les lauriers du lac de Constance. Un sujet dont elle souffrait, qu’elle gardera encore vingt ans, avant de l’évoquer dans la chanson « Roméo et Judith:  « J’ai souffert du mauvais côté/Dans mon enfance dévastée/Mais dois-je me sentir coupable/Et ce qui fut impardonnable/Et que je ne pardonne pas/ Pourquoi le rejeter sur moi? ».

Anne Sylvestre aimait la scène et son public qui rassemblait plusieurs générations de spectateurs. Elle avait d’ailleurs fêté ses 80 ans au Printemps de Bourges et aux Francofolies en 2014. Début octobre, elle se produisait encore au festival Les Emancipées à Vannes (Morbihan) où elle avait annoncé son prochain spectacle Nouveaux manèges à La Cigale à Paris en janvier 2021. Trop fatiguée, elle n’a pas eu la force d’aller jusque-là.

Victor Hache

 

 

 

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