betty boop
A bientôt 90 ans, Betty Boop est toujours et à jamais la "Queen of the Cartoons"

#Confinement. En ces temps si particuliers et parce que nous vivons une période inédite, WECULTE a proposé à ses journalistes de laisser libre cours à leur imagination afin de nous faire rêver. Aujourd’hui, Serge Bressan nous invite à  (re)découvrir l’héroïne de dessin animé américain Betty Boop, qui en août 2020,  fêtera son 90ème anniversaire. Alors, sûrement, elle chantera cette phrase qui l’a rendue célèbre : « Boop Boop a Doop »… Ce sera aussi l’occasion de célébrer le personnage essentiel d’une histoire de la condition féminine…

Il ne faudrait pas faire de Betty Boop toujours pimpante seulement un personnage candide ou « poupoupidou » sexy… Bien sûr qu’elle est mutine, qu’elle est insouciante mais il faut bien admettre qu’elle est une héritière des Suffragettes des premières années 1900 et une inspiratrice du Women’s Lib des années 1960     

betty boop et le producteur max fleischer
Betty Boop avec le producteur Max Fleischer

Il s’appelait Grim Natwick, était dessinateur et bossait dans les années 1920-1930 pour les studios des frères Fleischer. Né en 1890, mort en 1990, il a souvent raconté avoir  » juste dessiné un petit chien à qui j’ai ajouté des jambes de femmes et ce qui est devenu des boucles d’oreilles par la suite étaient d’abord des longues oreilles. Je crois que je me suis inspiré du caniche français, pour avoir une idée simple du personnage « … Voilà, donc, c’est tout simple, quelques coups de crayon, on s’inspire d’un caniche et on dessine un personnage qui va devenir une icône éternelle, délicieux mix de candeur et de sexy.

La première fois qu’on a vu ce personnage, c’était dans un des « talkartoons »– une série de 42 dessins animés par Fleischer entre 1929 et 1932. C’est le 3 aout 1930 dans « Dizzy Dises » (en VF, « Le Restaurant en folie ») qu’apparaît dans un décor de cabaret une jeune fille qui n’a pas de nom et qui est la petite amie de Bimbo, la star des studios Fleischer. On la remarque, elle y interprète une chanson dont le refrain se termine par la phrase « Boop Boop a Doop ». Et c’est en 1931 dans « Silly Scandals » qu’on apprend son véritable nom : Betty Boop. Une star est née… et pour la première fois dans l’univers du dessin animé, la vedette n’était pas un animal mais un personnage humain- en l’occurrence, une femme.

Le 12 aout 1932, elle a droit à son premier film : « Stopping the Show »– elle y imite des chanteurs dont le Français Maurice Chevalier. Suivent, entre autres, « Betty Boop Bamboo Isle » (1932), « I’ll be glad when you’re dead you rascal you » avec Louis Armstrong (1932) ou encore « Snow White » (1933). Mais les temps changent : dans les années 1930, est appliqué outre-Atlantique le fameux Code Hays. Betty doit rallonger ses jupes, être moins sexy, mais plus que son apparence, ce sont les rôles qui changent. Elle s’aventure moins dans le non-sens ou dans le tendancieux. On la verra aussi dans son premier et seul film en couleurs : « Poor Cinderella ».

betty boop dans le film roger rabbit
Bob Hoskins avec Betty Boop dans le film « Qui veut la peau de Roger Rabbit »

Il y aura encore quelques dessins animés, des films- le dernier, « Rhythm on the Reservation », en 1939. Il faudra attendre 1970 pour la revoir en version colorisée- pour pouvoir être diffusé à la télévision. En 1988, elle réapparaît au cinéma, c’est dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit »– en noir et blanc, on la voit en serveuse dans le cabaret où chante Jessica Rabbit… Enfin, en 2001, le réalisateur Richard Fleischer et la compagnie Mainframe Entertainment annoncent une série mise en images par ordinateur mais le projet, à ce jour, est toujours dans les cartons…

Peu importe, née dans l’Amérique de la Grande Dépression, Betty Boop demeure une star mondiale à bientôt 90 ans. Sa popularité tient au fait qu’elle plait autant aux femmes qu’aux hommes. Pour ce mélange de liberté, d’autonomie, de gentillesse, de cette pointe de sexy avec sa jarretière ornée d’un cœur sur le haut de sa cuisse gauche… Toutefois, il ne faudrait pas faire de Betty Boop toujours pimpante seulement un personnage candide ou « poupoupidou » sexy… Bien sûr qu’elle est mutine, qu’elle est insouciante mais il faut bien admettre qu’elle est une héritière des Suffragettes des premières années 1900 et une inspiratrice du Women’s Lib des années 1960.

Betty Boop à la une de le "une " du New Yorker
Betty Boop à la « une  » de The New Yorker (novembre 2017)

Ne jamais oublier que dans un film, elle n’a pas hésité à flanquer un gifle cinglante à un patron harceleur ; qu’en 1932, dans « Betty Boop for President », elle s’est présentée à l’élection présidentielle… Ainsi, elle qui gagnait sa vie en femme indépendante, ne négligeait pas de faire la fête quand elle en avait envie, a eu droit en 2017 en plein scandale Harvey Weinstein à la « une » du prestigieux hebdomadaire « The New Yorker ». En pleine tempête #MeToo, elle était représentée la mine effarée… Betty Boop For Ever, oh ! oui, parce qu’elle raconte tout simplement une histoire de la condition féminine…

Texte Serge Bressan

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« Billion Dollar Betty »

betty boopA bientôt 90 ans, elle est toujours et à jamais la « Queen of the Cartoons »– comme une autre, Madonna, demeurera la « Queen of the Pop ». Parce que, dès 1934, Betty Boop a eu droit au statut de star. Et à tout ce qui va avec, c’est-à-dire un merchandising étourdissant. Ainsi, déjà à l’époque, elle avait place aussi dans les boutiques avec des produits les plus divers : manteaux, tasses, cartes, montres, savons, jouets, bonbons, mouchoirs ou encore poupées (avec, même, une contrefaçon- déjà !). Le phénomène a repris de plus belle dans les années 1980- 1990 lorsque Betty Boop est apparue dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit », le film réalisé en 1988 par Robert Zemeckis et qui mêlait vrais acteurs et personnages d’animation, ou encore quand la télé américaine lui a consacré de nombreux programmes pour son 65ème anniversaire.

Aujourd’hui, la « petite entreprise Betty Boop » ne connaît toujours pas la crise– ce qui fait le bonheur (et la fortune) de King Features qui détient les droits d’images de l’icône candide et sexy et publiait déjà le « comics » dans les années 1930. Encore et toujours, Betty Boop mérite bien le surnom que le monde du merchandising lui a donné : la « Billion Dollar Betty ». En 2020 dans le monde entier, on compte plus de 500 licences qui produisent des articles à l’effigie de Betty Boop. Avec toujours des poupées, des figurines, des cartes, des bonbons mais aussi des billets de loteries, des perruques, des piercings sans oublier tous ces produits qui utilisent son image pour la publicité- Coca Cola, Chevrolet, une banque Japonaise, de l’eau minérale italienne…

 

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