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Guy Bedos est mort à l'âge de 85 ans. © AFP / Joel Saguet

Disparition. L’humoriste et comédien Guy Bedos est mort à l’âge de 85 ans. Ses one-man-shows durant plus de cinquante ans et son humour tour à tour tendre, caustique et corrosif, auront fait de lui l’un des humoristes les plus libres de sa génération.

Guy Bedos: « Je me sens d’abord humoriste et satiriste. C’est ma religion. Donc libre de toute espèce de laisse qui pourrait me tenir. Je veux pouvoir tout dire, y compris des conneries »

C’est assurément sa plus mauvaise blague. L’humoriste Guy Bedos est mort à l’âge de 85 ans : « Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux » a écrit son fils Nicolas Bedos dans un vibrant hommage, sur Instagram et Twitter : « Comme je suis fier de t’avoir eu pour père. Embrasse (Pierre) Desproges et (Jean-Loup) Dabadie vu que vous êtes tous au paradis ».

Il pouvait avoir la dent dure et son humour était à la fois tendre, caustique ou corrosif. Pied-noir né à Alger en 1934, Guy Bedos s’est d’abord fait connaître par ses sketches en duo avec Sophie Daumier, dont le cultissime « La drague » dans les années 1960. Un registre irrésistible et mordant qui lui vaudra une consécration en solo sur la scène de Bobino en 1968. Epoque où il se lie d’amitié avec Jean-Loup Dabadie qui lui écrira le sketch « Bonne fête Paulette ».

Souvent vachard, il usait d’un comique inspiré du quotidien. Engagé à gauche, cet éternel rebelle aimait improviser à partir de sujets d’actualité, dont il faisait des revues de presse sur scène. Il se transformait alors en éditorialiste sans concession. Les politiques de droite (Le Pen, Sarkozy, Copé, Morano…) faisaient souvent les frais de ses traits d’humour qui pouvaient être féroces. « Je me sens d’abord humoriste et satiriste. C’est ma religion disait-il, « donc  libre de toute espèce de laisse qui pourrait me tenir. Je veux pouvoir tout dire, y compris des conneries ».

Fervent défenseur du combat pour les libertés, il n’hésitait pas non plus à réserver ses piques à la « gauche caviar » à laquelle il reprochait de ne pas prendre en compte la situation des sans-papiers ou les sidérurgistes d’Arcelor-Mittal : « je ne peux pas être déçu par la droite, vu que la droite, je m’en tape. Il n’y a que la gauche pour me décevoir » confiait-il. Ceux qui ne l’aimaient pas le trouvaient « méchant », ce qu’il réfutait : « on m’a collé cette étiquette, ce que je récuse. Je ne cherche pas à blesser à tout prix, mais je peux être violent » avouait-il.

Ancien élève du Théâtre de la rue Blanche, à Paris, où sa famille s’était établie en 1949, il s’intéressa également au cinéma. Son premier rôle, il l’obtiendra en 1955 dans « Futures vedettes » de Marc Allegret. On le verra aussi dans « Les Tricheurs » de Marcel Carné (1958), « Ce soir ou jamais «  (1961) de Michel Deville, « Le caporal épinglé «  (1962) de Jean Renoir, « Dragées au poivre » (1963) de Jacques Baratier ou encore dans « Aimez-vous les femmes » (1964) de Jean Léon. Grand acteur, il aimait les planches et jouera dans près d’une vingtaine de pièces, triomphant en 1993 à Chaillot dans « La résistible ascension d’Arturo Ui » de Bertolt Brecht, mis en scène par Jérôme Savary.

Mais ses plus grands succès viendront du cinéma grâce à son rôle de médecin étouffé par sa mère juive pied-noir (Marthe Villalonga) dans « Un éléphant ça trompe énormément » (1976) et dans «  Nous irons tous au paradis » (1977) d’Yves Robert. Il travaillera également pour Claude Berri ou Patrice Chéreau et il jouera dans des téléfilms populaires comme « Une famille pas comme les autres » ou « Chère Marianne« .

Au fil des ans, le cheveu blanc et les yeux noirs malicieux, son rire moins inspiré était devenu plus amer. Celui qui avait fait de la scène son terrain de jeu favori laisse derrière lui des dizaines de sketches hilarants. Avec la mort de Guy Bedos disparaît un saltimbanque à l’humour irrévérencieux et sans concession, qui a fait de lui l’un des humoristes les plus libres de sa génération.

Texte Victor Hache

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