christophe est mort
Christophe sur scène en 2010. Photo Ludo Maillard - VDN

Disparition. Christophe qui était hospitalisé depuis le 26 mars est mort cette nuit à Brest des suites d’une maladie pulmonaire, à l’âge de 74 ans. Chanteur yé-yé populaire et interprète des inoubliables « Aline » et des « Mots bleus » dans les années 1960-1970, il avait évolué vers un style aux influences électro-rock qui lui valut la reconnaissance de la critique. Retour sur le parcours d’un artiste en quête permanente d’expérimentations sonores, qui aura profondément marqué la chanson hexagonale.

Il y avait chez Christophe quelque chose d’énigmatique et de lunaire. Grand mélodiste, prêt à damner son âme pour un son « magique », son univers semblait nous guider vers un ailleurs galactique. Immense tristesse de voir partir Christophe, dont les chansons poétiques et oniriques nous ont tant fait voyager

Ses mots bleus sont montés vers son paradis perdu. Il y avait chez Christophe quelque chose d’énigmatique et de lunaire. Ex-chanteur yé-yé à ses  débuts, il avait préféré laisser derrière lui la chanson populaire pour une musique plus mystérieuse. Musicien jusqu’au bout des ongles, il aimait passer des heures à chercher sa matière sonore, travaillant surtout la nuit chez lui, dans son appartement art déco du Boulevard Montparnasse, transformé en studio, entre juke-box, radio vintage, guitares et synthétiseurs : « J’aime la nuit, sa lumière, ses ombres, son mystère, sa poésie » disait-il. C’est dans ces moment-là qu’il se sentait libre d’inventer une musique sans code, ni format, qui en quelques notes vous transperçait le cœur.

Car Christophe était un grand mélodiste, prêt à se damner pour un son « magique« , dont l’univers semblait nous guider vers un ailleurs galactique : « Plus le son est magique, plus tu es ailleurs », nous avait-il confié lors de la sortie d’« Intime » (2014), album piano-voix proche de l’épure où il revisitait ses grands classiques : « C’est la résonance des mots qui te reviennent comme un boomerang, puis repartent et permettent les moments d’oubli. »

Né Daniel Bevilacqua le 13 octobre 1945 à Juvisy-sur-Orge (Essonne), il se souvenait avec nostalgie de sa jeunesse en banlieue, de son grand-père ouvrier, de son père artisan. «  Il possédait une petite entreprise de réparation de chauffage. En banlieue, ce n’était pas facile, surtout quand tu t’appelles Bevilacqua. Je me rappelle qu’on me faisait des remarques ». Mais c’est à Paris, qu’il s’est forgé et a fait sa culture musicale. On est dans les années 1960, Christophe écoute le rock d’Elvis, le blues de Johnny Lee Hooker, Sonny Boy Williamson, Lightin’ Hopkins, mais aussi les chansons de Brassens, qu’il admirait.

Il fonde son premier groupe de rock, Danny Baby et les Hooligans, avant d’enregistrer un premier 45 tours « Reviens Sophie » qui ne rencontra pas le succès. C’est avec le slow  » Aline » en 1965 que sa carrière va décoller. Un morceau qui va le hisser au sommet des hit-parades, suivi du tube « Les Marionnettes  » (1966). Il y aura aussi « Excusez-moi monsieur le professeur », « J’ai entendu la mer », « Cette musique », « Je sais que c’est l’été » ou encore « Amour interdit »… Mais c’est avec « Les paradis perdus » (1973) et « Les mots bleus » (1975), dont il écrit les mélodies sur des paroles de Jean-Michel Jarre, qu’il va connaître la consécration et la reconnaissance de la critique. Des titres qui font de lui une icône de la chanson au look de dandy branché, portant veste croisée et santiags, le regard caché par ses lunettes fumées.

Il collabora également avec Boris Bergman (parolier d’Alain Bashung, dont il était un ami) avec qui il sortira l’album « Samouraï » (1976). Suivront « La Dolce Vita » (1977), le mythique « Le Beau Bizarre » (1976), « Pas vu, pas pris » (1980). Plus il avançait, plus il semblait attiré par ses rêves de sonorités aériennes.

Après une période de dépression et treize ans d’absence, il revint avec des albums aux couleurs musicales uniques plus électro, voire expérimentales (« Bevilacqua » comprenant un duo avec Alan Vega, du duo new-yorkais Suicide), « Comm’ si la Terre penchait », « Aimer ce que nous sommes », « Paradis retrouvé », « Les vestiges du chaos »…) auxquels se mêlait sa voix féminine incomparable. Ce qui lui faisait dire: « J’ai ma différence, ma couleur. Ce n’est pas la musique qui m’a rendu heureux, mais la création musicale, la route, les rencontres, l’inspiration ». La musique était sa maîtresse, l’amour absolu de sa vie. Immense tristesse de voir partir Christophe, dont les chansons poétiques et oniriques nous ont tant fait voyager.

Texte Victor Hache

 

 

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