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Christian Louboutin: "Il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui sait marcher avec des escarpins !"

Exposition. A nouveau ouvert au public, le Palais de la Porte-Dorée à Paris retrouve la star du talon aiguille et de la semelle rouge. C’est « Christian Louboutin. L’Exhibition(niste) », près de trente ans de créations pour une ode permanente à l’escarpin, « l’essence de la chaussure « . A partir du 16 juin jusqu’au 3 janvier 2021.

« Christian Louboutin. L’Exhibition(niste) ». Une exposition qui, en rien, n’est une rétrospective de près de trente ans de créations mais plus sûrement le voyage ponctué par un grand nombre de souliers (dont certains inédits) et le parcours d’un créateur qui avoue être saisi, quasi obsédé depuis longtemps, si longtemps par l’art et les couleurs   

Une porte de Paris, à l’est. Pas loin il y a le bois de Vincennes. Et là, il y a ce bâtiment imposant, beige avec ses colonnes grises. On le dit et nomme Palais de la Porte-Dorée, dans le 12ème arrondissement parisien. Là, on retourne à l’expo. Une exposition parmi les plus étonnantes et importantes du moment : « Christian Louboutin. L’Exhibition(niste) », qui comme toutes les autres avait été fermée le temps du confinement- conséquence de la Covid-19. Donc, on retourne à une expo toute consacrée à un créateur de chaussures, un homme aux semelles de vent- surtout, cet artiste qui pose sa signature sous les pieds des dames avec une semelle rouge. La fameuse signature Louboutin !

Quelques-uns se sont étonnés que le créateur, à 55 ans, a droit à une expo dans un musée. Et dans le Palais de la Porte- Dorée ! Alors, il (se) raconte. Enfant de Paris avec un père ébéniste et une mère au foyer, il a grandi dans ce 12ème arrondissement. Passait souvent, en sortant de l’école puis du collège et lycée, devant ce Palais qui l’impressionnait tant. Un jour, avec ses sœurs, il y entre, le visite. Voit une pancarte sur pied sur laquelle est dessinée une chaussure à talon aiguille barrée parce qu’il est interdit de porter des talons aiguilles sur les sols précieux des espaces de l’ancien Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie…

Le gamin a 11 ans ; retour à la maison, il dessine et redessine cette chaussure barrée- c’est l’origine de la vocation. Louboutin se souvient : « C’est aussi ici que j’ai vu pour la première fois un dessin représentant un soulier. Je me suis imprégné de tous ces motifs- abstraits ou figuratifs- qui sont venus constituer un répertoire inconscient de formes, de couleurs, de textures qui n’a cessé d’influencer mon imaginaire ».

Ensuite, dans la décennie 1980, il y aura les années Palace la boîte de toutes les folies, de toutes les excentricités, de tous les excès. De toutes les couleurs qui vont habiter, nourrir le jeune homme. Son truc à lui, c’est dessiner des chaussures– il rencontre une directrice artistique chez Dior qui le dirige vers le chausseur Charles Jourdan. Le jeune homme quitte Paris, se retrouve à Romans-sur-Isère dans les ateliers du célèbre chausseur.

Années d’apprentissage- avec son lot de désillusions, comme ce jour où il découvre que nombre de ses dessins de modèles ont été brûlés par des « collègues » jaloux… Fin 1991, à 27 ans, il fonde avec deux amis d’enfance la marque qui porte son nom et qui, aujourd’hui presque trente ans plus tard, compte une centaine de points de vente dans le monde. Mieux, ami de stars de la culture, de la mode, de la musique ou encore des médias, il est internationalement connu- les mesquins disent « surtout pour ses chaussures à la semelle rouge », ce qui bien sûr n’est pas vrai…

Christian Louboutin palais de la porte doree
Christian Louboutin: le fameux escarpin noir à semelle rouge

Et voilà donc Christian Louboutin au musée. Une exposition joliment titrée « L’Exhibition(niste) ». Explication du chausseur sachant chausser : « Ce titre m’est venu assez rapidement. C’est un jeu de mots entre exhibition en anglais qui signifie exposition et le fait de révéler une partie de soi aux autres. S’exhiber c’est se mettre à nu. Une exposition, c’est s’exposer. Les deux sont donc assez proches mais il y a une notion plus subversive dans le fait de s’exhiber qui me plaît car, en montrant, mon travail je m’expose de manière plus intime ».

Une exposition qui, en rien, n’est une rétrospective de près de trente ans de créations mais plus sûrement le voyage ponctué par un grand nombre de souliers (dont certains inédits) et le parcours d’un créateur qui avoue être saisi, quasi obsédé depuis longtemps, si longtemps par l’art et les couleurs. Ainsi, on admire l’une de ses premières créations- le fameux soulier Maquereau en cuir métallisé inspiré par l’opalescence des poissons de l’Aquarium tropical du Musée où le petit Louboutin venait flâner, ou encore la série Nude ou la paire Love

Dans un décor étourdissant où se mêlent des vitraux, un palanquin réalisé par la Orfebrería Villarreal de Séville, encore un cabaret sculpté au Bhoutan et aussi le réalisateur et photographe David Lynch, l’artiste multimédia néo-zélandaise Lisa Reihana, le duo de designers anglais Whitaker Malem, la chorégraphe espagnole Blanca Li ou encore le plasticien pakistanais Imran Qureshi, c’est en ce Palais de la Porte-Dorée une ode permanente à l’escarpin« l’essence de la chaussure », selon le créateur.

christian louboutin, escarpin semelle rougeCet escarpin dont la réalisation ultime serait le modèle Pigalle, talon de 12 cm, chaussant noir, semelle rouge : « Le soulier Pigalle est assez intemporel, il n’est pas saisonnier, commente Christian Louboutin. C’est un modèle qui dure toute une vie ». Aujourd’hui, la société Christian Louboutin emploie 2 000 personnes et compte 155 boutiques dans le monde. Avec 850 millions d’euros en 2019 (estimation du magazine « Challenges »), le chausseur qui a mis le monde à ses pieds figure à la 109ème place dans le classement des fortunes françaises…

Texte Serge Bressan

A voir : « Christian Louboutin. L’Exhibition(niste) » au Palais de la Porte Dorée. 293 avenue Daumesnil. 75012 Paris.

Du mardi au vendredi, 10h- 17h30. Samedi et dimanche, 10h- 19h. Fermé  le lundi. Du 16 juin 2020 au 3 janvier 2021. Tarifs : 12 € (plein tarif) et 9 € (tarif réduit). Le billet de l’exposition inclut l’accès au musée. Achat de billet en ligne obligatoire. Tel:01 53 59 58 60

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Christian Louboutin

Christian Louboutin: « Le talon, c’est avant tout un désir »

Chez Christian Louboutin, c’est bien plus qu’un slogan. C’est une promesse. Ça sonne comme une évidence : « Une chaussure a plus à offrir que seulement marcher », assure une affiche. Et, avant « L’Exhibition(niste) », l’exposition qui lui est consacrée à Paris, il s’est confié à quelques médias. Ce qui donne le discours sur l’art et la manière de porter des chaussures à talons. Morceaux choisis.

Cambrure :« La hauteur du talon est moins importante que la cambrure, qui ne doit pas dépasser 8 cm : elle définit la mobilité et le confort. Le dénivelé aussi est primordial. Dans les années 50, par exemple, les talons n’étaient pas très hauts mais la cambrure était quasiment en angle droit. Tout le pied pesait sur le devant et les chaussures étaient très inconfortables. Aujourd’hui, la courbe est plus douce… »

Démarche : « Le plus important avec les talons, c’est la démarche. Il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui sait marcher avec des escarpins ! Les talons ralentissent fatalement la marche : il faut l’accepter, s’imposer de ne pas être pressée…Un talon, c’est une mécanique, la cambrure change ainsi que le centre de gravité et il faut donc se plier à ce nouvel équilibre. C’est une démarche plus chaloupée, plus orientale, je dirais. Une de mes clientes m’a dit qu’elle n’avait jamais trouvé Paris aussi beau que depuis qu’elle était en talons, car, avant, avec des chaussures plates, elle fonçait comme un taureau. On voit les choses différemment sur des talons« .

Hauteur: « La dernière grande révolution en date, c’est la hauteur. Aujourd’hui, le 12 cm est dépassé, on en est au 16 cm. Le talon très haut s’est débarrassé de la fantasmagorie fétichiste depuis que la mode a drastiquement allongé la silhouette avec la vogue des pantalons très longs et très étroits qui cachent les souliers. L’œil s’est habitué à cette nouvelle ligne. On stretche la silhouette, comme si l’on voulait se rapprocher d’un dessin, d’une ellipse ».

        Responsabilité: « Le talon a une responsabilité sociale car les femmes sont souvent plus petites que les hommes. Certaines m’ont raconté qu’elles portent des talons au bureau pour être à la hauteur du regard de leur patron. C’est très différent de regarder en face ou de regarder vers le haut. Se grandir met à un niveau d’égalité. Je ne comprends pas certains discours féministes qui associent les talons à l’image unique de la femme objet sexuel. Non, c’est aussi un moyen d’avoir de l’assurance, particulièrement dans le monde du travail ».

Talons: « On ne passe pas du plat aux talons d’un seul coup. Cela nécessite un apprentissage par palier. Mais il n’est jamais trop tard pour porter des talons. Attention, si l’on ne se sent bien qu’avec du plat, il ne faut pas se forcer. Le talon, c’est avant tout un désir. Il ne faut pas en avoir peur, ce n’est pas si périlleux de prendre de la hauteur ! »

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