Louis de funes dans les aventures de rabbi jacob
Louis de Funès dans "Les aventures de Rabbi Jacob". Photo: SNC/FILMS POMEREU/HORSE FILMS

Exposition. Après quatre mois de fermeture en raison de la crise sanitaire, la Cinémathèque française se déconfine et rouvre ses portes le 15 juillet avec une exposition exceptionnelle consacrée à Louis de Funès. Toute sa carrière, tous ses personnages sont là, à travers plus de 300 œuvres présentées. Un hommage mérité à l’acteur le plus populaire des comiques français, véritable caméléon du 7ème art dont les mimiques continuent de nous faire rire.

Aujourd’hui, les mimiques de Louis de Funès continuent de nous faire rire. Son humour n’a pas pris une ride. Antidépresseur sur le petit écran durant le confinement, après plus de 4 mois de morosité l’exposition sans précédent de la Cinémathèque française dédiée à l’acteur le plus populaire des comiques français, est bienvenue

Né de parents espagnols en 1914 à Courbevoie, Louis de Funès imposera à force de ténacité, de mimiques et de gestes frénétiques, son rythme à ses films, durant trente ans. Et pourtant, avant d’être un acteur comique, il fut d’abord passionné par la musique de jazz et débuta durant la guerre 1939-45 comme pianiste de bars. Grâce à trois grands comédiens qui l’ont aidé à ses débuts, Sacha Guitry, Jean Gabin et Daniel Gélin, il va se faire un nom et se hisser en haut de l’affiche, poussé par Robert Dhéry et la troupe des Branquignols. Sa rencontre avec Yves Robert, qui le dirigea dans « Ni vu ni connu » fut déterminante ; ce sera son premier grand film.

N’en déplaise à quelques esprits chagrins qui ont vu d’un œil triste et réprobateur l’hommage rendu à Louis de Funès à travers l’exposition exceptionnelle que lui consacre la Cinémathèque française à Paris, est à saluer. Antidépresseur sur le petit écran durant le confinement, après plus de 4 mois de morosité, l’exposition sans précédent dédiée à l’acteur le plus populaire des comiques français, est bienvenue. François Truffaut lui-même, après avoir vu « Le Corniaud », adressa en 1965 une lettre à Gérard Oury « …Et moi j’ai trouvé très bien votre film… ».

« Le rire est le propre de l’homme » écrivait le truculent Rabelais. De Funès, maître du comique depuis les années 1960, y consacra toute sa vie : « C’est un personnage comme Tintin, Mickey ou l’Oncle Picsou, qui existe au-delà du temps », raconte le commissaire d’exposition Alain Kruger. « Je trouvais que c’était normal de faire venir le plus grand comique français, qui reste le héros de cinq générations, et n’avait pas été beaucoup reconnu (au début de sa carrière) dans la maison du cinéma ».

L’exposition dévoile tous les talents de Louis de Funès. Dessins, peintures, maquettes, sculptures, documents, costumes, extraits de films… Tout est là. Et l’on retrouve avec bonheur tous ses personnages qu’ils soient ronchons, grognons, roublards, menteurs, égoïstes, colériques, méprisants, chauvins… De Funès est l’héritier du burlesque, surtout anglo-saxon. Buster Keaton et Charlie Chaplin lui ont appris à être drôle sans sourire, Laurel et Hardy la rosserie, W.C. Fields comment se faire détester. « Louis de Funès, c’est nous en pire » sourit Alain Kruger.

Le parcours divisé en 7 sections débute avec « La Traversée de Paris » de Claude Autant-Lara (1956) et la célèbre scène de la cave où il joue un épicier faisant du marché noir, rôle qui lancera sa carrière. Le film sera tourné en noir et blanc pour rendre plus sombre les années de l’Occupation allemande.

Viendra ensuite une période éminemment féconde avec le comédien-réalisateur Gérard Oury. Ils se sont rencontrés au théâtre dans les années 1940. Se sont associés dans les projets, le travail et l’amitié. Oury a choisi la mise en scène, et c’est avec « Le Crime ne paie pas  » (1962) dans lequel de Funès a une courte scène tellement désopilante que Gérard Oury en pleura de rire. Ils tourneront ensemble des films devenus des classiques aux rediffusions euphorisantes à la télévision « Le Corniaud«  (1965), « La Grande vadrouille » (1966), « La Folie des grandeurs » (1971) et « Les Aventures de Rabbi Jacob » (1973). Quatre longs métrages au succès phénoménal, enregistrant plus de quarante millions d’entrées en salles, qui firent de Louis de Funès un comique incontournable du 7ème art.

Après l’explosion de sa carrière, il devient exigeant, hésitant sur certaines scènes, frôlant parfois l’incontrôlable dans des accès de nervosité. Entre les prises il écrivait sur des petits carnets, revoyant le scénario original et devint la terreur des producteurs. Il entendait maîtriser la production, la distribution, réglant lui-même des détails de mise en scène des films dans lesquels il tournait.

Louis de Funès n’aimait pas son physique (il était petit 1,63m, pas très beau) mais il sut en tirer profit en créant les situations les plus grotesques. Dans ses rôles, il trépigne, donne des claques, s’agite sans cesse et fait ce qu’il veut avec son visage élastique, comme l’atteste la scène du nez dans « Oscar » et son corps pâte à modeler. Des rôles de comédie où les grimaces jouent un rôle essentiel et où le travestissement génère les situations les plus comiques.

Il incarne ses personnages, même les plus simplistes en étant toujours différent. A l’image de la cultissime série des « gendarmes » qui débuta en 1964 avec « Le Gendarme à Saint-Tropez » pour finir en 1982. Dans la vie, derrière chaque uniforme aperçu sur la route, il était difficile de ne pas penser à de Funès… Dans une certaine mesure, ce rôle permit aux Français de se réconcilier avec la « maréchaussée »…

Aujourd’hui, ses mimiques continuent de nous faire rire. Son humour n’a pas pris une ride. L’acteur américain Jerry Lewis disait s’inspirer de Louis de Funès, de même Jim Carrey pour « Le Masque ». Il était temps de réhabiliter cet acteur caméléon, comme le fait la Cinémathèque française. Une initiative qui ne doit pas paraître « iconoclaste ou provocatrice », dans laquelle il ne faut pas y voir « une audace », 37 ans après sa mort, souligne son directeur Frédéric Bonnaud : « l’exposition est là pour faire plaisir, elle est familiale et plaisante, tout en tenant un discours pédagogique ». Et Alain Kruger d’ajouter : « Tous les grands comiques des années 1960 ont disparu.Mais de Funès on ne l’oublie pas ! »

Texte de Jane Hoffmann   

  • Exposition Louis de Funès du 15 juillet au 31 mai 2021 à la Cinémathèque française 
    51 Rue de Bercy, 75012 Paris.Tel 01 71 19 33 33. Le 15 juillet à 16:00 , projection de « Ni vu ni connu » d’Yves Robert et lancement de la rétrospective de la filmographie de de Funès.

 

 

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