le greco exposition grand palais
Greco (Domenico Theotokópoulos), "Pietà" (détail) 1580-1590, collection particulière (© collection particulière)

Artiste majeur de la Renaissance espagnole, Le Greco fait l’objet d’une magnifique rétrospective au Grand Palais à Paris. Plus de 70 toiles y sont exposées, monumentales, denses et saisissantes par leur modernité, où s’expriment souffrance, pêcheurs repentis et incandescentes figures religieuses. Une exposition consacrée pour la première fois en  France au peintre du mysticisme, à voir jusqu’au 10 février 2020.

Comment reconnaît-on le style du Greco ? Par les visages figés rappelant les peintures byzantines, un maniérisme tout italien, une intériorité évidente confinant au mysticisme, voilà sa peinture. Ajoutons une audace dans les couleurs pures utilisées et une extase inquiète qui parcourt ses personnages

Né en 1541 en Crète, Domenico Theotokopoulos, dit « Le Greco », est mort à Tolède (Espagne) en 1614, quatre ans après Le Caravage. Il commence son apprentissage dans la tradition byzantine puis parfait sa formation à Venise d’abord, puis à Rome. Mais c’est en Espagne que son art s’exprime. Le Titien, Le Tintoret, Michel Ange et sa fureur l’inspirent profondément. Greco passera ainsi de l’art de l’icône à l’art vénitien, allant d’œuvres statiques à la pensée mystique d’un humain croyant au Paradis et à l’Enfer.

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Greco. L’Assomption de la Vierge, 1577-1579. Huile sur toile, Etats- Unis, Chicago, The Art Institute of Chicago / © Art Institute of Chicago,

L’exposition du Grand Palais (non pas au Louvre comme attendu à cause de la monumentalité de certaines œuvres) montre en 70 tableaux la particularité du peintre. « Un dieu de la peinture » avance Guillaume Kientz, commissaire de l’exposition. Parmi les œuvres prêtées par l’Art Institute de Chicago, « L’assomption de la Vierge », toile monumentale réalisée par le peintre à son arrivée à Tolède (Espagne). Elle n’avait jamais quitté Chicago. Tolède où il arrive en 1576. Philippe II (1527-1598) est le roi, religieux, austère, de ce pays. La peinture du Greco n’est pas au goût dominant de la cour. Il ne travaillera pas pour le palais de l’Escurial. Heureusement, il a des mécènes, des commandes pour des églises.

Il réalise « La Pieta » (1580-1590), aujourd’hui dans une collection privée, prêtée après maintes discussions avec ses propriétaires afin de les convaincre de s’en séparer pour quelques mois. Cette œuvre est une symbiose de « La Pieta Bandini » de Michel Ange. Les teintes sont encore celles du Moyen Age faites de vert émeraude, de brun, de bleu vif et de blanc. Les femmes ont quelque chose de figé dans le visage, seules les mains des quatre personnages sont expressives, avec en bas à gauche la couronne d’épines tombée de la tête du Christ.

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Greco (Domenico Theotokópoulos, « Portrait du frère Hortensio Félix Paravicino » Vers 1609-1611, Boston, Museum of Fine Arts (© 2018 Museum of Fine Arts, Boston.

Le Greco a peint une longue série de portraits. Le plus beau est sans doute celui du « Frère Hortensio Felix Paravicino » (1609-1611) fascinant de sensibilité. Notons aussi « Le portrait d’Antonio de Covarrubias » (1597-1600) conservé au Louvre, qui offre un visage  dont les yeux, les rides, sont des plus réalistes. Il y également « Saint-Martin et le pauvre » où le saint coupe son manteau couleur vert olive avec son épée pour en vêtir un miséreux. Là, tout est allongé, les visages, les corps, les bras, les jambes du cheval, surdimensionné, dont la pâleur fait penser au destrier de la mort, pour le saint, chevalier en armure, pour le pauvre à qui le manteau ne suffira pas.

Seulement quatre dessins sont présentés, car l’artiste dessinait peu. Greco préférait peindre directement sur la toile, une copie de l’œuvre en miniature était réalisée par les peintres de son atelier, afin d’être montrée aux commanditaires.

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© GRECO. L’ouverture du cinquième sceau, dit aussi la vision de saint Jean c.1609-1614. The Metropolitan Museum of Art, New York © Photo (C) The Metropolitan Museum of Art.

L’exposition montre des toiles exceptionnelles. A l’image des quatre versions du « Christ chassant les marchands du Temple », semblables mais pas identiques. Au travers de « La vision de Saint-Jean » (« L’ouverture du 5ème sceau »), le Saint est immense. Il a les bras tendus vers le ciel tel un gourou dans son vêtement bleu, froissé. Autour de lui, les personnages hommes et femmes sont nus mais ils lèvent tous leurs manteaux, dépouillés (de leurs péchés ?) vers l’ange au-dessus d’eux. Une toile fascinante d’intensité dramatique qui clôt le parcours.

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Greco. « Saint Martin et le pauvre » 1597-1599, Washington, (c) National Gallery of Art

Impossible de citer toutes les œuvres présentées du Greco. Un artiste longtemps oublié par les amateurs et les historiens de l’art qui fut redécouvert au début du XXème siècle par des marchands et des peintres comme Cézanne ou Picasso. Comment reconnaît-on son style? Par les visages figés rappelant les peintures byzantines, un maniérisme tout italien, une intériorité évidente confinant au mysticisme, voilà sa peinture. Ajoutons une audace dans les couleurs pures utilisées et une extase inquiète qui parcourt ses personnages. Autant de tableaux marqués par une liberté de peindre et une modernité intemporelle que cette magnifique rétrospective au Grand Palais nous donne à (re)découvrir.

Exposition « Greco » au Grand Palais, 75008 Paris – Jusqu’au 10 février 2020 : https://www.grandpalais.fr/fr

Lire: Exposition.Toulouse-Lautrec s’invite au Grand Palais : https://www.weculte.com/featured/exposition-toulouse-lautrec-sinvite-au-grand-palais/

 

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