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Camila Sosa Villada publie son premier roman "Les Vilaines". Photo Alejandro Guyot

Livre. A 39 ans, l’écrivaine argentine Camila Sosa Villada frappe un grand coup avec un premier roman « Les Vilaines », aussi furieux que tendre sur l’identité transgenre. C’est étourdissant, inventif, féérique…

       Un roman étourdissant, à l’écriture tendre et festive, inventive et féérique. Avec « Les Vilaines », Camila Sosa Villada a tout simplement signé un texte puissant, aussi furieux que tendre où se bousculent l’invention, la tendresse, le sang…

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Camilia Sosa Villada publie son premier roman « Les Vilaines ». Photo Alejandro Guyot

Prix Nobel de littérature 1945, la poétesse chilienne Gabriela Mistral avait annoncé : « Nous allions toutes devenir des reines ». Ses mots font l’ouverture d’un premier roman aussi fulgurant que furieux, « Les Vilaines » de l’écrivaine argentine Camila Sosa Villada. A 39 ans, elle est une des écrivains les plus reconnus du moment dans son pays. Avant de passer à l’écriture, elle a été prostituée, vendeuse de rue ou encore femme de chambre, actrice et aussi chanteuse. Elle est née homme, elle est devenue femme- une vie en transe(s)… Honte de sa famille, elle se considère aujourd’hui comme la mère de ses parents. A la parution en Argentine, dans la presse on a noté : « Des miracles et des instants de beauté se déploient avec une tendresse rageuse page après page », ou encore « Une écriture insolente, intelligente et unique, soyeuse comme la peau mais aussi capable de se hérisser et de montrer ses griffes, propres et bien vernies ».

On ouvre « Les Vilaines », on lit : « La nuit est profonde. Il gèle dans le Parc. De très vieux arbres qui viennent de perdre leurs feuilles semblent adresser au ciel une prière indéchiffrable, mais essentielle pour la végétation. Un groupe de trans fait sa maraude ». Dans ce parc Sarmiento à Córdoba, la Tante Incarna, tout autant gourou et mère protectrice avec ses seins gonflés à l’huile de moteur d’avion, et ses copines Camila, Maria, Natali, Sandra et les autres trouvent un bébé abandonné.

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Elles l’adoptent, le baptisent « Eclat des Yeux »… Au fil des pages, c’est la vie qui va d’une communauté, « notre corps est notre patrie », confient ses membres qui disent et répètent : « Ce que la nature ne te donne pas, l’enfer te le prête ». Sœurs d’infortune qui assurent :  » être trans est une fête », feuilletons télé brésiliens, rêves inavouables et aussi amour et humour… Une vie de souvenirs qui tient dans un sac à main pas cher en plastique. Un roman étourdissant, à l’écriture tendre et festive, inventive et féérique. Avec « Les Vilaines », Camila Sosa Villada a tout simplement signé un texte puissant, aussi furieux que tendre où se bousculent l’invention, la tendresse, le sang.

Serge Bressan

EXTRAIT

  « Des fossés, des gouffres, des arbustes qui blessent, des ivrognes qui se masturbent. Tandis que Tante Encarna se perd dans les broussailles, la magie opère. Les prostituées, les couples ardents, les rencontres fortuites, ceux qui réussissent à se retrouver dans cette forêt improvisée, tous, autant qu’ils sont, donnent et reçoivent du plaisir dans les voitures garées à la hâte, allongés dans l’herbe ou bien encore debout, contre les arbres. A cette heure-là, le Parc est comme un ventre qui jouit, un réceptacle de sexe éhonté. On ne sait plus d’où viennent les caresses et les coups de langue. A cette heure-là, à cet endroit, les couples baisent ».

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