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J.K. Rowling, auteure de la saga Harry Potter, publie "L’Ickabog". Photo Debra Hurford Brown.

Livre. Après treize années et le dernier épisode de la saga Harry Potter, la Britannique J.K. Rowling fait son retour en littérature jeunesse avec « L’Ickabog ». Un joli tour de magie où les fées cachent, en creux, tous les tourments du monde contemporain…

Pour son retour à la littérature jeunesse, avec « L’Ickabog » J.K. Rowling réussit un joli tour de magie. Elle présente son livre comme un tout simple conte de fées. Mais en creux, c’est un conte furieusement politique qu’elle a écrit, un conte qui résonne de tous les affres du monde d’aujourd’hui

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J.K. Rowling, auteure de la saga Harry Potter, publie « L’Ickabog ». Photo Debra Hurford Brown.

Ce fut une longue, si longue attente. Depuis 2007 et le septième et dernier épisode de sa saga Harry Potter, J.K. Rowling n’avait plus écrit pour la littérature– femme la plus riche de Grande-Bretagne (conséquence de plus de 500 millions d’exemplaires des aventures de l’apprenti-magicien vendus dans le monde), elle a signé entre 2013 et cette année cinq romans policiers pour sa série « Les Enquêtes de Cormoran Strike », sous le pseudonyme Robert Galbraith.

Ces derniers temps, ce n’est pas vraiment dans le monde des lettres et des livres qu’elle a fait parler d’elle. La papesse de la littérature jeunesse mondiale s’est retrouvée, outre-Manche, au printemps dernier au cœur d’une polémique sociétale. J.K. Rowling au cœur de la tourmente, au bûcher de l’opinion. L’écrivaine accusée de « transphobie » pour avoir soutenu une chercheuse britannique licenciée par son employeur après avoir « rappelé le fait biologique que les hommes ne peuvent pas devenir des femmes, son employeur l’a jugée transphobe ».

Sur son compte Twitter (14 millions d’abonnés), Rowling apportait son soutien à la chercheuse : « Habillez-vous comme vous voulez. Appelez-vous comme vous voulez. Couchez avec n’importe quel adulte consentant qui veut de vous. Vivez votre meilleure vie dans la paix et la sécurité. Mais forcer les femmes à quitter leur travail pour avoir déclaré que le sexe est réel ? #JeSoutiensMaya ». Déchaînement immédiat, appels en Grande-Bretagne à la mort sociale et littéraire de l’auteure…

A la tête d’une fortune estimée à plus de 800 millions d’euros, à 55 ans, Joanne Rowling est vivante. Et bien vivante. En ce début décembre, elle met fin à treize années de silence dans l’univers de la littérature jeunesse. D’emblée, et malgré les envies de quelques concurrent.e.s comme Stephenie Meyers (« Twilight »), elle retrouve sa place. La seule qui lui convienne : la première. Avec un nouveau roman, « L’Ickabog ». Originellement, ce texte devait paraître bien plus tôt mais un virus furieusement tueur en a décidé autrement- ce qui a conduit J.K. Rowling a, dans un premier temps en fin de printemps passé, à le publier en épisodes gratuitement sur son site Internet. Maintenant, il a disparu du site de l’auteure, existe physiquement dans les librairies et va, très vite, s’installer parmi les meilleures ventes…

En quatrième de couverture, l’éditeur fait les présentations : « Haut comme deux chevaux, des boules de feu étincelantes à la place des yeux. De longues griffes acérées telles des lames. L’Ickabog arrive… » Et J.K. Rowling de dédier son nouveau livre à sa fille  » dont ça a toujours été l’histoire préférée, qui insiste depuis dix ans pour que je la rédige en bonne et due forme « 

Ainsi, nous voilà emportés bien loin de Poudlard, là où l’on apprend la magie, nous voilà transportés à la Cornucopia, un petit royaume heureux. Rien n’y manque, le Roi nommé Fred Sans Effroi porte moustache et le pays est célèbre pour ses délices, tels les gâteaux divins comme les Délices-des-Ducs, les Songes-de-Donzelles, les Espoirs-du-Paradis ou encore les Nacelles-de-Fées. Dans ce royaume du bonheur avec les cités de Chouxville, Kurdsburg, Barenstown et Jéroboam, ou encore la Fluma, le principal fleuve de la région, pourtant, un monstre rôde.

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J.K. Rowling, auteure de la saga Harry Potter, publie « L’Ickabog ». Photo Debra Hurford Brown.

Mieux (pis ?), la légende assure que l’Ickabog serait dans les Marécages enveloppés par la brume et le froid dans le nord du pays. La légende assure également que la créature haute comme deux chevaux et dotée de superpouvoirs se glisse dans la nuit, qu’alors elle dévore moutons et enfants. Serait-ce seulement la légende, les histoires pour petits et naïfs ? Le pouvoir du royaume met en place des brigades de défense ; oblige, pour assurer l’effort de guerre, le peuple à payer un impôt qui ne cesse d’augmenter- ce qui déclenche des manifestations. Il y a des procès- surgissent aussi des prisons et des orphelinats… Alors, quatre jeunes héros surgissent, ils sont courageux, ils font preuve de perspicacité, ils veulent savoir, comprendre et lutter contre « les forces du mal »

Pour son retour à la littérature jeunesse, avec « L’Ickabog » J.K. Rowling réussit un joli tour de magie. Elle présente son livre comme un tout simple conte de fées. Mais en creux, c’est un conte furieusement politique qu’elle a écrit, un conte qui résonne de tous les affres du monde d’aujourd’hui. Tout y est dit et décrit- même si rien n’est nommé : la montée et les délires du populisme, la tyrannie et la vanité de certains personnages politiques, les mensonges d’Etat, les « fake news », les dérives du capitalisme,… Au final, un délicieux conte de fées politique !

Serge Bressan

Extrait

    « Le jour des Requêtes était un événement spécial, qui se tenait une fois par an, où le roi accordait une audience à ses sujets. Naturellement, les gens étaient soigneusement passés au crible par ses conseillers avant de recevoir la permission de le rencontrer. Fred ne s’occupait jamais de gros problèmes. Il voyait seulement des gens dont les soucis pouvaient se résoudre avec quelques pièces d’or et quelques mots gentils : un fermier à la charrue cassée, par exemple, ou une vieille dame dont le chat était mort. Fred avait hâte que le jour des Requêtes arrive. C’était l’occasion d’arborer ses tenues les plus chics, et il trouvait très émouvant de voir à quel point les petites gens de Cornucopia l’aimaient ».

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