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Emmené par le chanteur Pierre Guénard, le groupe Radio Elvis revient avec « Ces garçons-là ». Un album qui fait écho aux solitudes urbaines, où les influences pop-rock new-yorkaises mêlées de romantisme vénéneux forment un exquis mélange des genres, sur fond de poésie lumineuse et mélancolique.

Pierre Guénard, leader de Radio Elvis: « Pour se cacher parfois, on a tendance à mettre des images et des sons un peu partout. Là, on souhaitait être compris à la première écoute au travers de quelque chose de moins cérébral »

Colin Russeil, Manu Ralambo et Pierre Guénard du groupe Radio Elvis

Deux ans après un premier opus « Les conquêtes » qui lui a valu une Victoire de la musique (catégorie «album révélation») en 2017, le groupe Radio Elvis souhaitait avec son deuxième album « Ces garçons-là », pousser plus loin son propos. Résultat, un son neuf aux ambiances new-yorkaises teintées parfois de guitares à la Talking Heads (« 23 minutes ») et aux textes moins métaphoriques plus personnels du chanteur et parolier Pierre Guénard, marqués notamment par l’influence littéraire de l’écrivain américain Rick Moody. Un nouveau Radio Elvis plus direct, plus audacieux et assurément fédérateur. Le tout porté par les envolées de son leader, dont la voix désormais affirmée et mise en avant, ne manquera pas d’électriser le public. Comme on le verra lors de la tournée du groupe qui passera par La Maroquinerie le 15 novembre et Le Trianon à Paris le 4 avril.

Le cap du deuxième album n’est jamais aisé. Dans quel état d’esprit l’avez-vous abordé ?

Pierre Guénard : Nos envies ont été surtout artistiques. On ne s’est pas mis la pression. Je sais juste que j’avais besoin de prendre un virage. On n’a pas souhaité être là où on nous attendait, continuer dans les références littéraires en étant sur une forme déjà abordée comme le voyage. On voulait être beaucoup plus clairs, précis, et plus simples surtout, arrêter de rendre les choses complexes. Pour se cacher parfois, on a tendance à mettre des images et des sons un peu partout. Là, on souhaitait être compris à la première écoute au travers de quelque chose de moins cérébral.

Du point de vue des textes, le  style est en effet moins métaphorique, comme si vous aviez cherché à être plus direct…

Pierre Guénard : C’est vrai que les métaphores sont allégées. J’ai moins peur de dire les choses clairement, comme de chanter le mot « amour », ce que je n’avais jamais fait. Sans doute parce que je m’y refusais et parce que j’ai vécu des choses qui m’ont permis d’en parler. C’est comme ça que sont nées « Selon l’inclinaison », « Bouquet d’immortelles ». Il y « l’Eclaireur » qui est une déclaration d’amour,  « Nocturama » aussi qui évoque le désir d’avoir un enfant. J’avais envie d’être moins pudique sur ce disque-là, de raconter ma vie.

Comment définiriez-vous votre nouvel univers qui est d’une facture un peu plus rock, plus sauvage parfois, à l’image de la chanson « 23 minutes » qui ouvre l’album…

Pierre Guénard : En fait, on s’est libérés de plein de choses. Et quand les guitares sont présentes, elles sont plus hargneuses. Le titre « 23 minutes » reflète bien les influences qu’on avait en commun sur ce disque, comme Talking Heads ou LCD Soundsystem. On voulait vraiment aller ans cette direction, même si ce n’est pas forcément présent sur tout l’album.

Avec un romantisme, peut-être plus assumé aujourd’hui, non ?

Pierre Guénard : Il est était déjà là dans le premier disque. Le fait que j’ai moins peur de me livrer vient du hip-hop, que j’ai beaucoup écouté pendant la première tournée. Cela m’a amené à ça. C’est incroyable ce que les rappeurs arrivent à dire en deux phrases. Ils n’ont aucune gêne avec les mots. Ils sont hyper novateurs. Cela m’a ouvert et c’est ce qui m’a tiré vers le haut, je crois. Le romantisme, c’est aussi Nick Cave, que j’ai énormément écouté. Cela m’a permis d’assumer ce côté romantique, un peu vénéneux, que j’avais en moi et que j’ai besoin de partager. Et puis, je suis quelqu’un de très porté sur les sentiments, sinon, je n’écrirais et je ne chanterais pas (rires).

A l’époque des «Conquêtes », votre premier album, vos  références étaient souvent littéraires. Y-a-t-il des lectures qui vous ont inspiré pour l’écriture de « Ces Garçons-là » ?

Pierre Guénard : Il y a quelques livres qui m’ont orienté sur l’écriture des textes, dont un auteur américain Rick Moody, que m’a compagne m’a fait découvrir. Quand j’ai commencé à écrire les chansons, je venais d’emménager dans un appartement. Je ne voulais plus entendre parler du premier disque et j’ai voulu lire. J’ai découvert la littérature américaine, et le cinéma indépendant américain. Cela nous a aidé avec Radio Elvis parce qu’on souhaitait avec cet album raconter la solitude urbaine. Rick Moody a été un déclencheur fabuleux. Grâce à lui, j’ai compris qu’il fallait aussi lire des auteurs contemporains et pas que des auteurs de 1940. J’avais besoin d’un langage d’aujourd’hui et d’arrêter d’être dans le passé.

Parlez-nous de « Prières perdues » où vous chantez «ce qu’ils disent est-il vrai/La colère est un dieu».

Pierre Guénard : Cela parle de l’obscurantisme et des fous que peuvent créer les religions. Il y a deux chansons qui sont nées le même jour « Fini, fini, fini » et « Prières perdues », dont les premières phrases sont venues le 13 novembre 2015. Je n’avais pas envie de me servir des attentats pour parler de ça. Je venais d’enterrer mon grand-père le même jour. Pour moi, c’était une journée particulière, dense, très forte en émotion. « Prières perdues », je l’associe au 13 novembre 2015 pour les événements et la tragédie qui ont eu lieu et à la fois à ma vie personnelle.

Le titre « Ces garçons-là » évoque le thème de la virilité. Une chanson autographique ?

Pierre Guénard : Cette chanson, qui est la dernière de l’album, reflète bien mon parcours et ma volonté d’écriture. C’est-à-dire d’arriver à quelque chose d’assez cinématographique dans les mots. Elle s’inspire de ma vie, même si c’est aussi romancé. Elle parle de cette période à l’adolescence où on peut être maltraité par les autres. Une période où l’on passe d’une enfance asexuée à une adolescence très sexuée, où l’on doit choisir si l’on aime les garçons ou les filles. Je n’ai jamais eu le corps qui correspond à ce qu’on attend de quelqu’un de viril, de très masculin. Mais, je ne voulais pas écrire spécialement sur la question du genre. J’avais envie de parler de ce que je ressens de la virilité aujourd’hui.

Entretien réalisé par Victor Hache

Album « Ces garçons-là », Le Label Pias. Tournée à partir du 9 novembre, concerts le 15 novembre à la Maroquinerie (23 rue Boyer Paris 20è) et le 4 avril au Trianon (80 boulevard de Rochechouart, Paris 18è).

Lire: Cali s’attaque à « la montagne » Léo Ferré: https://www.weculte.com/featured/chanson-cali-sattaque-a-la-montagne-leo-ferre/

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