le groupe tryo
Danielito, Christophe, Manu et Guizmo fêtent les 25 ans de Tryo avec l'album "XXV" © (Photo Fifou)

INTERVIEW. Tryo fête ses 25 ans de carrière et sort « XXV ». Un double album anniversaire de duos dans lequel le groupe fondé en 1995, revisite ses plus grandes chansons aux côtés de 25 amis artistes de plusieurs générations. Un répertoire reggae-folk, festif et militant pour la planète, que le quatuor dévoilera le 13 mars à Bercy (AccorHotels Arena) à l’occasion d’un concert exceptionnel auquel participeront de nombreux invités. Rencontre avec Christophe Mali, chanteur et guitariste du groupe.

Christophe Mali: « « L’hymne de nos campagnes » est un hymne à la nature, à l’écologie, à la simplicité, à un certain style de vie. Ça parle d’écologie mais de manière simple, poétique. Ce n’est pas dogmatique et c’est une chanson accessible avec des mots qui parlent à tout le monde. »

Vendredi 13 mars, Guizmo, Christophe, Manu et Danielito célébreront les 25 ans de carrière de Tryo à Bercy (AccorHotels Arena). Un concert exceptionnel où le quatuor reggae, festif et militant pour la planète, dévoilera son nouvel album « XXV » en compagnie de nombreux invités. Un disque où il revisite ses plus grands succès (« l’Hymne de nos campagnes », « Ce que l’on s’aime », « Ladilafé »…) aux côtés de 25 amis artistes de plusieurs générations (Véronique Sanson, Alain Souchon, Hubert-Félix Thiéfaine, Renaud, Zaz, Bigflo et Oli, Vianney, Gauvain Sers…). L’occasion de revenir sur les engagements de Tryo, avec Christophe Mali, chanteur et guitariste du groupe.

christophe mali
Christophe Mali

Vous revenez avec « XXV », un double album anniversaire où vous revisitez vos plus grands succès aux côtés de 25 artistes. Une manière de fêter votre parcours entre amis?

Christophe Mali : Quand on a pensé à cet album, c’était pour se faire plaisir. On adore la rencontre avec d’autres artistes. Il y a ceux qui nous ont donné envie d’écrire comme Hubert-Félix Thiéfaine, Alain Souchon, Bernard Lavilliers, Véronique Sanson. Il y a les artistes qui ont évolué avec nous, parce qu’on est de la même génération, Matthieu Chedid, Sinsemilia, Massilia sound system, La Rue Kétanou. Et il y a tous ces jeunes artistes qui nous ont écoutés avec qui on a beaucoup collaboré, Vianney, Bigflo et Oli, Gauvain Sers, L.E.J, Claudio Capéo, Zaz… C’était important pour nous de partager tous ces moments-là, ensemble.

Vous avez toujours été engagés en faveur de l’écologie. Aujourd’hui, pensez-vous que les politiques sont suffisamment impliqués dans les actions menées dans la lutte contre le réchauffement climatique?

Christophe Mali : Quand on a commencé il y a 25 ans, dès le début, on avait cette fibre-là, avec Greenpeace qui était sur le premier concert. C’est une thématique qui a toujours fait partie de l’ADN du groupe. Si on regarde derrière nous, on peut se dire que le sujet de l’écologie n’était pas du tout sur le devant de la scène. Aujourd’hui, on en parle énormément, c’est plutôt positif. On en parle dans les médias, les programmes politiques, avec plus ou moins de sincérité. On peut s’en réjouir. Il y a une urgence. Après, les actions sont-elles à la hauteur de nos espérances et de nos attentes ? Non. Il y a un retard dans la prise de conscience climatique. Mais j’ai l’impression que si la jeunesse est un peu dépolitisée, si elle ne croit plus dans les partis politiques et dans les programmes qu’on lui propose, le thème de l’écologie est un thème d’espoir et d’avenir. C’est une nouvelle manière de voir le monde. Le logiciel de nos politiques, si jeunes soient-ils, n’est pas du tout adapté à cela. Emmanuel Macron a beau faire la morale à Trump ou à avoir pris Nicolas Hulot comme ministre de l’écologie, on voit bien que dans sa manière de penser, il n’y a aucune modernité par rapport à ce sujet. Les jeunes, eux, ont cette fibre et peuvent se raccrocher à la politique, parce qu’ils sont sensibles à ce sujet. On le voit avec Greta Thunberg, qui fait le tour du monde, il y a un nouveau logiciel qui est en train de s’installer dans la jeunesse.

A vos débuts, très peu de groupes en France évoquaient cette thématique dans leurs chansons. Avez-vous l’impression d’avoir été précurseurs et aidé à sensibiliser les gens à ces enjeux ?

Christophe Mali : Il y a dix ans, on avait déjà organisé avec Greenpeace un grand concert pour le climat, avec des artistes comme Yannick Noah, Bernard Lavilliers, Zazie…qui étaient très sensibles à cette thématique. Mais c’est vrai que le premier groupe à avoir fait son bilan carbone d’une tournée en France, voire même en Europe, c’est Tryo. On a été les premiers, quand on a commencé à tourner dans les Zéniths et les festivals à dire aux organisateurs que ce n’était plus possible d’avoir des gobelets qui jonchent le sol après les concerts. Aujourd’hui, les sites ont pris en compte la gestion des déchets. Sur internet, on a mis en place une billetterie couplée avec un système de covoiturage. Il y a plein de choses, qui aujourd’hui paraissent naturelles, sur lesquelles on peut dire qu’on a été précurseurs.

Il y a deux versions de « L’hymne de nos campagnes » dans l’album. Comment expliquez-vous que cette chanson ait eu un tel écho chez les gens ?

Christophe Mali : On s’est rencontrés avec les membres de Tryo sur cette chanson. Elle plait parce qu’elle parle de la campagne, de quelqu’un qui vit dans une cité en banlieue et qui va chercher la part de nature qu’il n’a pas au milieu de ses quatre tours. C’est un hymne à la nature, à l’écologie, à la simplicité, à un certain style de vie. Ça parle d’écologie mais de manière simple, poétique. Ce n’est pas dogmatique et c’est une chanson accessible avec des mots qui parlent à tout le monde. Alain Souchon nous a dit un jour : « mais c’est génial d’écrire sur la campagne, sur la province… »  Tryo n’est pas un quatuor branché parisien. On est un groupe que la province s’est énormément approprié. Ça explique aussi le fait que cette chanson plaise. Les chansons parlent rarement de la province. C’est comme Gauvain Sers et sa chanson « Les oubliés » sur les écoles de campagne qui ferment et les villages qui se désertifient. Je pense que dans « l’Hymne de nos campagnes », il y a ce lien aussi.

Christophe Mali:  » On a commencé en distribuant nous-mêmes nos disques. 25 ans après, avec cet album « XXV », on revient aux prémices de l’aventure puisque Tryo redevient indépendant. Cela nous permet d’être totalement maîtres de l’histoire. »

Avez-vous été sensibles à la lutte des Gilets jaunes ?

Christophe Mali : On s’est sentis solidaires du mouvement des Gilets jaunes, même si on n’a pas beaucoup communiqué là-dessus en tant que groupe. Ce qui était intéressant, au-delà de la lutte, c’est que tout d’un coup, les médias commençaient à parler des gens, de ces classes moyennes, qui le 15 du mois, se demandent comment ils vont remplir leur frigo. Les médias se sont sentis obligés d’en parler et de rentrer dans l’intimité de ces personnes aux histoires toutes singulières, qui arrivent à se retrouver comme ça autour d’un rond-point dans une lutte menée ensemble. Il y a un côté extrêmement triste et un côté où les gens se retrouvent dans un même combat et ça, c’est positif. Le mouvement des Gilets jaunes a démarré à cause de la hausse du prix des carburants, mais il est clair que les revendications vont au-delà. C’est exactement comme ce qui se passe au Chili quand le ticket de métro a été augmenté de 20 centimes et que les gens se sont révoltés en disant « ce n’est encore à nous de payer. » Pour moi, le mouvement des Gilets jaunes, qui est profond, n’est pas fini. Le gouvernement a peut-être réussi à calmer les ardeurs de ces personnes, mais les problèmes sont là et ils persistent. C’est comme une cocote minute, au bout d’un moment ça peut éclater.

Vous allez fêter le 13 mars vos 25 ans à Bercy, une salle que vous connaissez déjà où vous vous êtes produits en 2009 et en 2013. Qu’avez-vous prévu pour cette date exceptionnelle ?

Christophe Mali : Berçy, de par sa grandeur et ce qu’elle évoque, n’est pas une salle comme les autres. A chaque fois qu’on l’a faite, on a essayé de se l’approprier, de la rendre intime. On y a présenté des scénographies un peu folles, parce qu’on aime bien être un peu fous sur scène, étonner notre public. Là, et c’était notre condition pour faire cette salle, il y aura une scène centrale. En général, ce sont plutôt les artistes internationaux qui le font ou alors de grosses productions comme Céline Dion, Michel Sardou etc…Sur une date unique, je crois qu’on est les seuls à le faire. Il y aura beaucoup de surprises, d’invités et grâce à cette scène centrale, on sera plus proches des gens. On est hyper contents parce que c’est plein depuis deux semaines.

Quels sont vos projets ?

christophe mali
Christophe Mali

Christophe Mali : On part en tournée et on travaille sur un autre album. Il faut savoir aussi que c’est une sorte de retour aux sources pour Tryo. On a commencé en distribuant nous-mêmes nos disques, en étant totalement indépendants. Ensuite, on a signé en licence chez le label Yelen musiques créé par Patricia Bonnetaud. Et 25 ans après, avec cet album « XXV », on revient aux prémices de l’aventure puisque Tryo redevient indépendant. Aujourd’hui, je pense qu’on est un des seuls groupes installé à le faire. On n’est même pas distribué par une major, mais par nous-mêmes. Nous sommes indépendants du début de la fabrication du disque jusqu’à la scène. C’était essentiel pour nous qui avons vécu cette mutation de l’industrie du disque. Il faut se rendre compte qu’on ne peut plus faire les choses comme avant, que les temps ont changé. Le fait d’être indépendants est une manière de montrer que c’est possible et d’avoir un contrôle sur l’ensemble de la chaîne. Cela demande beaucoup plus de travail, mais en même temps, ça nous permet d’être totalement maîtres de l’histoire. Il y a très peu de « gros » artistes qui font ça. On est en train d’ouvrir une porte, on va montrer que c’est viable. Et cela va nous permettre dans la redistribution de tout ce que Tryo apportera financièrement, d’aider d’autres artistes, comme on l’a fait avec La Rue Kétanou et d’autres, mais de le faire de manière plus solide.

Entretien réalisé par Victor Hache

Album Tryo « XXV » –  Salut Ô productions. Tournée à partir du 7 février. Concerts le 13 mars à l’AccorHotels Arena, 75 012 Paris et 26,27,28 novembre au Dôme de Paris -Palais des Sports 34 Boulevard Victor, 75015 Paris

Lire: Rencontre. Tim Dup : “J’aime l’idée d’être de passage ici-bas”

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.