le bureau des légendes saison 5
Mathieu Kassovitz dans la série culte "Le Bureau des légendes" saison 5 , à voir sur Canal+ à partir du 6 avril 2020 (c) Photo DR

Série Télé. Créée par Eric Rochant, la série culte « Le Bureau des légendes » revient avec une saison 5 à partir du 6 avril sur Canal+. Plaisir immense de retrouver Malotru et ses « collègues » dans la série française la plus vendue dans le monde…

Dans les épisodes de cette nouvelle saison du « Bureau des légendes », tout va y passer. Des mensonges bien sûr, de la désinformation et aussi des pièges numériques des faux-semblants- Eric Rochant et les scénaristes ont tricoté des intrigues précises d’un réalisme étourdissant.

bureau des légendes saison 5
L’affiche du « Bureau des légendes » saison 5

La voix de JJA, le patron du service, est profonde, chaude. Envoûtante. On entend : « Il faudrait quand même évaluer le champ de tout ce que tu as compromis, ce que tu as livré à la CIA, ce que tu as livré aux Russes, je ne te fais pas l’affront de penser que tu as pu aussi collaborer avec Daesh. On peut se poser des questions… «  Bienvenue au « Bureau des légendes » dont la saison 5 débute ce lundi 6 avril– la série française la plus vendue à l’étranger (dans 95 pays !) et « probablement la série la plus intelligente et la plus crédible au monde », selon le « New York Times  » qui la classe troisième meilleure série internationale de la décennie derrière « Hatufim » (Israël) et « Sherlock » (Grande-Bretagne)… A la manœuvre, toujours Eric Rochantle créateur de la série lancée en 2015 par Canal+. Rochant qui annonce qu’il signe là sa dernière saison, qu’il passe la main pour une éventuelle saison 6, « c’était devenu trop lourd pour moi, je serais devenu sentimental « . Bienvenue dans le monde de l’espionnage, des espions- Rochant confie aussi avoir beaucoup lu les romans de John le Carré dont, surtout, « La Trilogie de Karla »

A la fin de la saison 4, la question était posée, violente : Guillaume Debailly, alias Malotru l’agent double (triple ?), allait-il survivre ? Et là, vite, on est embarqué- il suffit d’un article diffusé sur l’Internet pour que soit déstabilisé le service du fameux Bureau des légendes dirigé à présent par le redoutable JJA. Celui-ci ne cache pas sa conviction : une taupe est présente dans le service. Dans le même temps, les agents en mission craignent pour leur vie… S’engage alors, dès les premiers épisodes de cette saison 5, une sacrée partie d’échecs au résultat indécis entre la CIA américaine, le FSB russe et la DGSE française.

Dans les épisodes de cette nouvelle saison, tout va y passer. Des mensonges bien sûr, de la désinformation et aussi des pièges numériques des faux-semblants- Rochant et les scénaristes ont tricoté des intrigues précises d’un réalisme étourdissant. La preuve que le métier d’agent de renseignements est extra-ordinaire– il suffit de filer en Russie, en Egypte, en Arabie saoudite ou encore au Cambodge et se mettre dans les pas de Sisteron, de Marie-Jeanne (qui occupe le poste de cheffe de la sécurité dans un grand hôtel égyptien et sonde les reins et les cœurs des tribus du Sinaï), de JJA personnage tourmenté, russomaniaque, paranoïaque et obsessionnel en chef du service inspiré par James Jesus Angleton qui avait entraîné la CIA dans une paranoïa dévorante, du nouveau venu Andrea Tassone, alias Mille Sabords, agent ténébreux opérant en Arabie saoudite et obsédé par Malotru.

Et puis, dans ce nid d’espions, il y a Malotru, le héros mal en point. Depuis le premier épisode de la saison 1, Malotru pour la légende, voire selon les situations Paul Lefebvre, Guillaume Debailly pour l’état-civil et agent double (voire triple) est interprété (magnifiquement) par Mathieu Kassovitz. Fin 2018, on l’avait laissé pour mort dans un coin reculé de l’Ukraine, un journal français croyait savoir que la DGSE- son employeur- n’était totalement étrangère à cette disparition, et on s’interrogeait : la série pouvait continuer, passer par-dessus la disparition de son personnage principal ? Rochant et sa bande ont trouvé la solution en faisant, dans le scénario, un pas de côté avec un personnage qui, à Moscou, est coincé entre ses ex-collègues de la DGSE qui l’accusent de trahison et ses nouveaux collègues du FSB (la version poutinienne du KGB) qui le soupçonnent d’être un traître…

De son côté, Kassovitz (qui a également réalisé quelques séquences dans des épisodes de cette saison 5) confie : « Ce que j’aime avant tout dans cette série, ce sont les personnages. Que ce soit moi ou les autres acteurs de l’histoire, nous sommes tous à la même enseigne : si, pour le bien de l’histoire, mon personnage ou un autre doit temporairement ou définitivement quitter la série, on jouera le jeu. Ça ne me pose aucun problème. Parce qu’être acteur, c’est un peu comme les véritables agents du Bureau des légendes, on peut disparaître du jour au lendemain ». Et parfois, aussi, réapparaître…

« Le Bureau des légendes », cette saison 5, c’est aussi le voyage au cœur d’une cyberguerre furieusement anxiogène. Pour Eric Rochant, qui a laissé la réalisation de deux derniers épisodes de cette cinquième saison au cinéaste Jacques Audiard, il fallait « éviter la routine de la forme et des contenus et trouver la bonne solution. Comme chaque année, on complique un peu plus les situations. Il fallait en hériter et les gérer au mieux ». Et d’ajouter : « Quand on arrive à la cinquième saison, on peut tabler sur une matière, la malaxer. Le passé des personnages commence à peser, ce qui nous permet de jouer avec les codes du genre ».

Doté d’un budget de 20 millions d’euros pour la saison 5 (contre 12 pour la saison 1), « Le Bureau des légendes » aura-t-il une sixième saison ? Canal+, la chaîne française qui diffuse en premier écran, le souhaite mais son créateur Eric Rochant a annoncé, dès le début du tournage de la saison 5, qu’il se retirait. A ce jour, seulement deux infos ont filtré : Jacques Audiard ne sera pas à la réalisation de la saison 6, et s’il y a saison 6, ce sera vraisemblablement un « reboot »– une figure de style qui, au cinéma, à la télé ou encore pour les jeux vidéo, reprend un univers et modifie à l’envi personnages et temporalité. On repart de zéro, tout en préservant l’esprit de la série. A n’en pas douter, dans le bureau des légendes, ça phosphore intensément pour trouver la solution… et les prochaines missions…

Texte Serge Bressan

A voir : « Le Bureau des légendes ». Saison 5. Canal+, à partir du 6 avril 2020 – 21H00. Diffusion de 2 épisodes par semaine. 52 minutes, chacun des 10 épisodes. Réalisé par Eric Rochant, Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Anna Novion, Samuel Collardey, Mathieu Kassovitz.

  • Avec Mathieu Kassovitz, Florence Loiret-Caille, Mathieu Amalric, Zineb Trkiki, Sara Giraudeau, Jonathan Zacaï, Louis Garrel,…

 

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Eric Rochant, réalisateur de la série « Le Bureau des légendes » (© Xavier Lahache

Paroles de Rochant

Fils d’immigrés polonais, réalisateur et scénariste, Eric Rochant occupe une belle place dans le cinéma français– ainsi, il a signé huit longs-métrages, dont les impeccables « Un Monde sans pitié «  (1989) et « Les Patriotes » (1994). Il a également réalisé de nombreux épisodes des saisons 2 et 3 de la série télé « Mafiosa » (2008- 2010), avant de créer, produire et réaliser « Le Bureau des légendes ». Avant le début de la saison 5 du  » Bureau… « , il a évoqué divers sujets. Morceaux choisis.

Acteurs « Il y a un type d’acteur qui convient à la série : les instinctifs, plus que les techniques. Ces derniers ne sont pas faits pour « Le Bureau des légendes’’. Ici, il y a une vérité à faire advenir que seul.es les acteur.trices atteignent. Ils s’appuient sur eux-mêmes, sur leur capacité à trouver les ressources intérieures pour ressentir vraiment les choses « .

Chine « Elle est comme un continent opaque dont le poids est monstrueux. Un mec qui attrape une maladie là-bas provoque une pandémie, c’est incroyable. C’est le prochain horizon du « Bureau des légendes’’ « .

Espion « Il est exact que le meilleur espion est au départ un homme sans qualités, mais un bon espion doit tout de même en avoir quelques unes. A un degré supérieur, il faut être visible mais pas trop, mais ne pas être complètement gris non plus, comme dans la vie « .

Espionnage « Il y a quelques années, quand l’espionnage technologique a pris de l’ampleur, on pensait qu’il supplanterait l’espionnage humain, qu’il l’enterrerait définitivement. Les récentes affaires en Irak, en Syrie ou en Turquie ont démontré que des informateurs, des membres des services étaient toujours nécessaires sur place. Même pour le cyber, pour qu’il soit opérant, il faut une erreur humaine… » « L’espionnage est un genre qui demande de la tension, du suspense, des enjeux narratifs forts. Plus que de savoir comment un personnage gère la scolarité de ses enfants… « 

Séries « Il est très rare que je revoie des séries pour répondre à une question que je me pose. Souvent, les questions surgissent parce que j’ai vu des séries. ‘’Mad Men’’ est un cas intéressant. C’est l’une de mes séries préférées et une référence pour ‘’Le Bureau des légendes’’ « .

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