un barrage contre le pacifique
Isabelle Huppert dans "Un barrage contre le pacifique" de Rithy Panh

Télé. Arte diffuse ce soir le très beau « Un Barrage contre le Pacifique » de Rithy Panh. Le réalisateur cambodgien, a adapté le premier roman de Marguerite Duras avec sa sensibilité d’homme originaire du Sud Est asiatique, faite de lenteur qui rend magique l’atmosphère mouillée, poisseuse, mais unique de ces pays de rêve que l’on nommait alors « Indochine ». L’entreprise était difficile mais elle est réussie. A voir mercredi 7 octobre sur Arte – 20:55

Nous sommes en 1931. Une mère (Isabelle Huppert) et ses deux enfants, Joseph (Gaspard Ulliel) âgé de 20 ans, et Suzanne (Astrid Bergès-Frisbey) 16 ans, vivent tant bien que mal d’une une exploitation située dans le Golfe du Siam, au bord de l’océan Pacifique. Suite aux (mauvais) conseils de l’administration coloniale, elle a investi ce qui restait d’économies dans une terre inondée par la mer, pratiquement incultivable. Cette femme courageuse devra se battre sur deux fronts : contre les bureaucrates corrompus qui veulent à présent l’expulser (elle est criblée de dettes) et construire un barrage pour réduire l’avancée de l’océan, avec l’aide des villageois, lesquels sont habitués à subir les lois de la nature plus qu’à les combattre. Là-bas, il faut faire avec les intempéries dues soit à la mousson, soit aux marées d’un océan qui ne tolère aucun compromis.

Avec « Un Barrage contre le Pacifique », Marguerite Duras décrivait ses souvenirs durant ses jeunes années, la vie de coloniaux occidentaux, les « petits blancs », exploités par une administration coloniale qui les trahissait. Ce roman en appellera d’autres, plus beaux, plus sensuels comme L’Amant, par exemple.

Dans le film réalisé par le cinéaste cambodgien Rithy Panh, la mère est dure, plus intransigeante que dans le roman. Ses deux enfants sont sans doute un peu trop mignons mais l’histoire montre un grand morceau de vie décrivant les difficultés d’adaptation dans un pays âpre. Les paysages sont beaux et tristes comme le sont les paysans qui travaillent courbés dans les rizières, vivant avec femmes et enfants dans une humidité permanente, chaude, moite.

Suzanne va rencontrer le fils d’un riche marchand chinois, Monsieur Jo, qui tombera sincèrement amoureux d’elle. La mère entrevoit alors une solution à ses problèmes financiers. Joseph son frère, n’est pas du même avis ; il en devient même raciste. Restera enfin cette question: le barrage, régulièrement enfoncé par la mer, résister a-t-il? Ou la nature, impossible à dompter, gagnera-t-elle ?…

Jane Hoffmann

  • « Un Barrage contre le Pacifique » de Rithy Panh, avec Isabelle Huppert, Astrid Bergès-Frisbey, Gaspard Ulliel, ce soir sur Arte à 20:55

un barrage contre le pacifique rené clémentL’ANECDOTE

En 1957, René Clément, réalisateur français, tourna la première adaptation du roman de Marguerite Duras, « Un Barrage contre le Pacifique » distribué par Columbia, avec des acteurs américains et italiens. La grande Jo Van Fleet (A l’Est d’Eden, O.K. Corral) était la mère, Silvana Mangano, Suzanne, Anthony Perkins, Joseph. Pour des problèmes de droits, ce film n’existe pas en DVD, n’est pas diffusé sur les chaînes de T.V. Il n’y a qu’une copie en ligne sur Youtube en V.O. sans sous-titres.

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