Camille dit Ouï

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Camille et son album « Ouï »  par Victor Hache. Après la Cigale, la chanteuse sera le 14 juillet aux Francofolies de La Rochelle où elle présentera son disque Ouï. Un album hommage à la vie et à la nature où elle joue avec les mots, la langue et les sons mêlés de tambours et de voix aériennes. Entretien.

 

Pourquoi dire oui dans une époque trop souvent malmenée où tout invite à dire non ?

Camille J’ai été élevée dans l’esprit critique, même dans le très bel esprit qui est celui de la résistance. On vit une époque qui pousse au jugement, à la performance, au voyeurisme, à des choses qui sont dans le passionnel et remuent beaucoup d’énergie négative. Il faut retrouver la force dans le oui, l’ouverture, l’écoute. Si résistance il y a, elle doit aller dans ce sens-là plutôt que dans le contre. Il y a dans les infos une espèce de mise en abîme du pourri. Il faut aller chercher la lumière. C’est important d’être dans la joie. L’univers nous invite à un orgasme permanent. Tout peut être un acte d’amour et de plaisir. C’est en travaillant cela, chacun socialement et collectivement, qu’on peut arriver à d’autres choses que la violence, la guerre.

 

Votre album, imaginé dans une ancienne chartreuse du XIIe siècle près d’Avignon, a-t-il quelque chose de spirituel ?

Camille Pour moi, la création est spirituelle. La spiritualité, c’est le fait d’être relié. La musique est certainement terre-ciel et sur ce disque plus que jamais. Je suis païenne. J’ai choisi un médium, un travail de matière qui est invisible, vibratoire. J’en ai besoin, comme j’ai besoin des gens, de contact, de concret, d’ancrage, d’énormément de mouvement.

 

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Sur scène, votre rapport à la musique est très physique, mêlé de chants et de danses traditionnelles, avec un côté presque tribal. Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans toutes ces ambiances ?
Camille Cela me fait revivre. Un jour sans ça, je me sens moins vivante. J’aimerais avoir tous les jours un moment de danse et de chant collectif, sans micro, sans image. Un moment de partage où on est ensemble, dans l’instant présent. En tant que musicienne, les concerts sont l’occasion de s’approcher de ça, même si cela reste un spectacle et que ce n’est pas complètement horizontal. Avec les musiciens, on forme comme un cercle, une tribu, et avec le public c’est un cercle élargi. À chaque fois, c’est une énergie différente qui fait qu’on ne vit jamais les choses de la même manière.
Comment est née l’idée de mélanger les voix et les tambours ?
Camille J’ai toujours été attirée par les fréquences graves, parce que ma voix est haute. Les tambours, c’est la terre qui parle, quelque chose qui serait de l’ordre du féminin et du masculin. Je suis aérienne dans mon tempérament. J’ai besoin d’une prise terre, d’un ancrage. Les percussions corporelles, c’était déjà l’humain. Le tambour ; c’est collectif, rond, puissant, il appelle au rassemblement.
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Les mots, dites-vous, sont comme une gourmandise. L’écriture a-t-elle pour vous un côté épicurien ?
Camille Je le pense. Épicure disait quelque chose comme « un bout de pain sec et de l’eau me remplit de délice ». Il se délecte de choses très simples. Dans la création, j’essaie de tendre vers ça. Prendre des ingrédients simples comme quand on cuisine, créer une alchimie en mettant à l’honneur le goût, la qualité, la vivacité et la singularité des timbres. Ce que j’aime dans le minimalisme, c’est que la profusion vient de la richesse de chaque élément qui rayonne de tout ce qu’il est. C’est comme le son d’une cloche au milieu d’une symphonie.
Parlez-nous de Twix, qui évoque le thème de l’agriculture. Êtes-vous inquiète du devenir de la planète ?
Camille Je suis perplexe et inquiète pour pas mal d’espèces sur terre. On se gâche la vie. À l’échelle de la France, on a de l’eau, du soleil, des paysages infiniment variés. On a largement de quoi être autosuffisants et éviter d’exporter des produits à bas prix qui affament d’autres pays parce que cela met en péril leurs agricultures locales. C’est vraiment dégueulasse. On est un trésor agricole et on est en train d’en faire un désert de monoculture. Heureusement, l’agriculture biologique a le vent en poupe et les consommateurs se réveillent. Il faut des exploitations plus petites, de la polyculture qui permet à la terre d’être fertile et d’éviter tout traitement, à l‘image de la permaculture qui prend en compte la diversité.
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Album Ouï chez Because Music

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