Rencontre avec Christophe

Christophe1

À 70 ans, le chanteur des Mots bleus sort les Vestiges du chaos. Un album aux ambiances électro-rock nappées de synthés et de cordes, avec en prime un hommage à Lou Reed et un duo avec Alan Vega.

 

« Les vestiges du chaos », ça signifie quoi pour vous ?

Christophe C’est un titre qui est arrivé à la fin quand Jean-Michel Jarre m’a écrit ce texte. C’est vraiment la résonance de ce que j’ai vécu car c’est un album qui a été dur à vivre pour moi. À un moment il y a eu des portes d’incompréhension entre mon camp et celui de mon label. J’en ai souffert et j’avais décidé d’arrêter et de me tirer à Tanger. Dans cette solitude, je pensais que je n’étais pas tellement un mec du show-biz et je me disais « et si je lâchais tout ? ». Je n’aime pas qu’on pense pour moi. Et la passion de tout ce que j’ai amassé comme matière sonore dans mes tiroirs l’a emporté. Je me suis mis à ressortir les machines et à recréer. C’est ce chaos-là dont je parle.

Vous êtes allé très loin dans le travail de votre matière sonore…

Christophe J’ai vraiment pétri la pâte pour faire le meilleur pain. Cela s’appelle l’évolution, être en phase avec la technologie. La chance que j’ai, c’est que je vieillis avec mon temps. Je ne suis pas quelqu’un du passé, c’est pour ça que je ne suis pas dépassé ! (rires). À l’époque, si on m’avait laissé faire, j’aurais été plutôt avant-gardiste.

Dans les années 1965-1970, vous aviez l’image d’un chanteur romantique et puis votre univers musical est devenu plus « expérimental ». À quel moment vous êtes-vous intéressé aux musiques électro ?

Christophe  En 1972, avec l’ARP Odyssée, mon premier synthé monophonique. C’est avec celui-là que je suis parti en Angleterre chez Elton John faire mon premier disque, où presque toute la matière vient de cet instrument. Ce synthé a été mon professeur. Après est arrivé le synthé Éminent, avec lequel j’ai fait des trucs sur les Mots bleus, les Paradis perdus. C’est les machines qui commandent. Après, j’ai utilisé les samplers et aujourd’hui il y a les plugins. J’aime chercher des sons tout le temps.

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Votre musique est très aérienne, comme une sorte de rêve…

Christophe Le piano a beaucoup aidé. Je me suis mis à cet instrument il y a deux ans et demi. Il m’a ouvert au niveau de la composition. Quand j’en parle, je pense toujours à cet homme que j’admire, Trent Reznor (musicien américain, fondateur du groupe de rock industriel Nine Inch Nails – NDLR) qui pour moi est comme un dieu.

Il y aussi une chanson sur Lou Reed…

Christophe La dernière fois que je l’ai vu, c’était après son concert à l’Olympia. Lou, il est dans le film de cet album. C’est quelqu’un qui m’a marqué, comme Alan Vega, qui m’a poussé à mettre la voix de Lou dans la chanson. Je crée dans la solitude puis il y a les rencontres. Je marche à ça, à l’inconnu.

Parmi les paroliers, on compte cinq auteures, il y aussi la voix d’Anna Mouglalis. La femme reste un moteur idéal ?

Christophe Elle est ma première inspiration. Je suis attiré. La femme, c’est le rêve, le fantasme, le pourquoi on est sur la terre. Dans le film de mes chansons, j’ai aimé rencontrer Anna Mouglalis, Sara Forestier (pour le clip Dangereuse). C’est pour ça que l’album se fini avec E Justo, où j’envoie une lettre à mes parents qui dit : « J’ai 14 ans, ça y est j’ai plongé. » L’amour, j’ai toujours l’impression que c’est caché, mal pensé, tabou. Moi, j’en parle tout le temps, j’assume.

D’où vient votre attirance pour les atmosphères cinématographiques, voire littéraires qui imprègnent votre univers ?

Christophe Pourtant, je ne suis pas très littéraire ! (rires). Peut-être est-ce l’influence des ouvrages qui m’entourent. J’aime les vieux livres dont je collectionne les numéros 1. Ma littérature passe par des auteurs comme Joë Bousquet, un surréaliste qui est sur l’esthétisme féminin et la relation amoureuse. Il ne l’a pas connue car il s’est pris une balle dans la colonne quand il avait 20 ans, qui l’a obligé à vivre sur un siège. Tout son univers, c’est vraiment autre chose, on sent que ce n’est pas écrit comme un mec normal. Je le préfère à Rimbaud. Pourquoi j’aime John Fante ? Parce que je me perds dans ses livres. J’adore les bouquins qu’on a envie de dévorer comme le Parfum de Süskind ou ceux d’Anaïs Nin.

Vous vivez beaucoup la nuit, à l’écart du monde. Le réel ne vous intéresse pas ?

Christophe C’est difficile de répondre. Le réel, s’il ne m’intéressait pas, je n’aurais pas acheté le livre de Christiane Taubira. J’ai une attirance pour la façon d’être rebelle, vraie de cette femme. Si la gauche c’est ça, je veux bien. Mais je ne suis ni de gauche ni de droite, car pour moi tout ce qui s’oppose, c’est la guerre. Je n’ai pas ma place dans ce truc-là, mais j’observe beaucoup et ce que je vois aujourd’hui me met K.-O.

Album les Vestiges du chaos chez Capitol Music France/Universal. Tournée à partir du 26 mai, concerts salle Pleyel le 31 janvier 2017, 1er, 2 et 3 février.

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