Zazie: « Si on écoutait cette petite voix qui est en nous avec un peu plus d’espoir, elle nous emmènerait là où on doit aller pour aller bien. »
Entre deux jeux de mots, vous dénoncez pas mal de choses. Vous dites ainsi « ce que nos âmes sont belles/ mais nous les hommes cruels nous leur coupons les ailes/ Faut il qu’on soit sourd à ce point ? Pour en oublier d’être humain/». Ces mots, c’est le cri d’une femme qui s’agace de voir le monde tel qu’il est devenu ?
Zazie : Il y a ça. Et il y a aussi l’idée, dés l’école et l’éducation, d’écouter la petite voix qui nous dit la vérité sur nous. Une petite voix qui serait notre profonde sensibilité, qui définit ce qu’on est. Or, souvent on ne l’écoute pas, voire même, on s’en éloigne, on lui tord le cou comme un oiseau. Alors que si on écoutait cette petite voix avec un peu plus d’espoir, elle nous emmènerait là où on doit aller pour aller bien.
On sent que vous n’aimez pas la superficialité des choses. Je pense, à une chanson comme Ma Story où vous évoquez nos égos et nos comportements virtuels individualistes sur les réseaux sociaux…
Zazie : Tous les followers que je peux avoir, savent que j’ai un rapport très distanciel avec les réseaux sociaux. Ça ne veut pas dire que je ne m’en sers pas comme un support informatif. C’est une manière de diffuser l’information telle qu’on a envie d’être diffusé. Ce n’est pas par l’intermédiaire d’un magazine ou d’une émission de télé où on nous demande de faire un duo et d’avoir un avis sur tout. C’est intéressant pour ça. Je n’ai pas de compte Facebook personnel, ce qui fait que je ne peux pas aller sur les murs des copains, puisque je n’ai pas de profil. Je suis d’une génération où on a grandi sans portable. On arrive à s’en passer largement. Je suis sur silencieux tout le temps, je ne regarde pas mes mails tous les jours. Ce n’est même pas un effort, cela ne m’intéresse que moyennement. Plus on virtualise nos rapports, moins on s’intéresse à l’autre pour de vrai. On ne le voit pas, on ne le côtoie pas, donc ça créé aussi, selon moi, de la peur, de la phobie. C’est super intéressant quand les gens échangent sur les forums. Mais je dirai, méfiance quand même sur la virtualité et l’immédiateté de notre monde. Il devrait y avoir des choses où il reste de la difficulté, du chemin pour y parvenir. Là, ça abolit les chemins et dans cette immédiateté, il y a quelque chose qui me semble dangereux.