M a du Mali en lui

 

 

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Matthieu Chédid aux Francofolies de La Rochelle avec Lamomali par Victor Hache.

-M- sera aux Francos de La Rochelle le 14 juillet où il présentera son album Lamomali. Un disque hommage au Mali et à l’afro-pop, qui réunit plusieurs artistes de la scène malienne, dont les maîtres de la kora, Toumani et Sidikiti Diabaté, Amadou et Mariam, mais aussi Youssou N’Dour, Nekfeu, Ibrahim Maalouf…

 

 

Vingt ans qu’il tourne et que –M- se renouvelle. Un artiste qui tombe le masque pour plus d’intériorité et invite à un voyage entre l’Afrique et l’Occident à travers un disque apaisant et dansant, Lamomali, qui célèbre en beauté les musiques du Mali. Un album de partage, de métissage, de solidarité et de transmission qu’il s’apprête à présenter sur scène en prince de la sape habillé par le couturier Jean-Paul Gaultier lors d’une tournée très festive de trente-cinq dates, où il sera entouré de neuf musiciens en costumes afro stylisés et de nombreux invités ayant participé à l’album.

Vous êtes déjà allé plusieurs fois au Mali…

-M- Jamais très longtemps d’ailleurs. Je me suis juste connecté avec l’énergie malienne, la musique, les gens, la terre. Il y a douze ans, quand je suis allé pour la première fois en Afrique noire, c’était au Mali. Ça a été un choc, un coup de foudre, comme une rencontre.

Dans Amssétou , un titre du disque Mister Mystère , vous chantiez déjà « au Mali, j’ai retrouvé ma liberté » …

-M- J’ai vraiment cette sensation-là, comme si j’avais retrouvé effectivement une partie de moi-même là-bas. Je pense qu’on a tous de l’Afrique en nous. Cela m’a connecté à quelque chose de fondamental.

Comment avez-vous rêvé Lamomali  ?

-M- C’est une expérience et un voyage. Cet album, je l’ai un pensé un peu comme ces grands auteurs d’une certaine époque qui écrivaient des épopées dans des pays sans y avoir jamais été. Je voulais que ce soit un Mali fantasmé, rêvé. Et, d’une certaine manière, j’ai imaginé le Mali du futur, un Mali 2.0, comme une image très personnelle. Mon propos n’était pas de faire un disque traditionnel et world music parce que de toute façon je ne serai jamais capable de faire de la musique malienne. C’est de l’afro-pop. Ce qui m’amuse c’est l’alchimie entre les mondes. C’est pour ça qu’à un moment il y a des quatuors classiques qui se mélangent avec des griots africains et du balafon. J’adore l’idée des contrastes.

 

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Avez-vous senti des tensions là-bas au regard de la situation dans la partie nord du pays ?

-M- Je suis allé à Bamako il y a un mois et demi, où on a baptisé l’album à l’Institut français. Cela a vraiment été la transe. Mais, effectivement, il y a des militaires, il n’y a pas un endroit où on entre sans être fouillé. Pour les Maliens, le nord c’est comme un autre pays tellement c’est loin géographiquement. À Bamako, on ressent toute une réalité, mais je ne me suis pas senti en danger. Avant d’y aller, on peut éprouver un sentiment d’appréhension, d’inconnu. Mais quand on est là-bas, on se dit juste : « Quelle chance ! J’aurais été idiot de ne pas y être allé. » J’ai retrouvé l’apaisement des âmes maliennes, de la musique. C’est tellement beau, tellement puissant.

Avez-vous voyagé ailleurs en Afrique ?

-M- Je suis allé il y a quelques années en Tanzanie et à Dakar récemment, où on a tourné le clip du disque. Le Sénégal et le Mali, c’est un peu comme des frères. Il y a pas mal de points communs. Je ne peux pas dire que je connais bien l’Afrique, mais ce qui est certain c’est que le Mali fait partie des grands pays de la musique africaine, avec un peuple particulièrement touchant.

Comment est née l’idée de faire un album hommage à ce pays ?

-M- Il y a d’abord eu Amadou et Mariam qui m’ont emmené au Mali il y a douze ans. Cela m’a permis de rencontrer plein de musiciens, dont Toumani Diabaté, qui, dans mes grands concerts, venait faire un moment de communion, où on était tous les deux kora-guitare. À chaque fois, c’étaient des moments d’émotion presque sacrés. La kora, qui est un instrument très spirituel, se transmet de père en fils chez les Diabaté depuis 71 générations. Quand Toumani et son fils jouent, franchement, ça vous traverse. Ils sont tellement fusionnels que c’est comme quatre mains sur un piano. Il y a 21 cordes sur cet instrument qui s’accompagne d’un rituel très beau. Ils disent qu’il y a sept cordes pour le passé, sept cordes pour le présent et sept cordes pour le futur. Comme ça, ils jouent avec le temps.

 

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Dans Lamomali , il y a l’idée de partage et il pourrait renvoyer à ces vers repris d’un poème de votre grand-mère Andrée Chedid : « Toi, qui que tu sois ! Je te suis bien plus proche qu’étranger » …

-M- C’est une phrase extraite d’un poème qu’on retrouve dans la chanson Toi Moi, dans laquelle chante également mon père. C’est un poème des années 1970, qui m’a toujours marqué, que ma grand-mère avait lu à l’époque où elle a reçu le prix Goncourt pour l’ensemble de son œuvre poétique en 2003. Le disque est une célébration de l’Afrique mais à travers la femme également, à l’image de la pochette de l’artiste contemporain JR. Quelque part, ma grand-mère s’imposait aussi. C’est vrai que, dans notre époque, c’est une façon de ne pas oublier qu’on est beaucoup plus proche qu’étranger à l’autre.

La musique, c’est un bon moyen pour rapprocher les gens ?

-M- C’est mon engagement personnel. C’est une réponse cohérente et valable à ce qu’on vit. On demande aux artistes de s’engager. Mais il faut trouver comment le faire. Nous ne sommes pas des politiciens, ni des donneurs de leçons. Je crois qu’une des façons justes de s’engager, c’est effectivement de faire de la musique et des projets comme ceux-là. On n’est pas dans le concept, dans les paroles. On est dans un truc concret de gens, de culture, de métissage culturel, de partage, d’un Malien et d’un Français en l’occurrence. C’est le travail qu’on fait à l’intérieur de nous qui peut changer les choses. La musique permet d’aller chercher ça.

 

 

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À l’image de la chanson Solidarité …

-M- Où j’ai voulu avoir des artistes de toutes les nationalités (Ibrahim Maalouf, Nekfeu, Seu Jorge, Youssou N’Dour, etc.). C’est de la transmission. C’est comme les griots qui se transmettent la kora de génération en génération. Le partage, il n’est pas que culturel, il est générationnel. Je voulais quelque chose d’universel pour cet album, qui est surtout autour du Mali, et là, j’ai éclaté le truc avec ce morceau.

 

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D’où vient votre attirance pour la musique du continent noir ?

-M- Je pense que cela vient de mes racines libano-égyptiennes. En tant que guitariste, je ne suis pas un virtuose de la main gauche, mais plutôt un virtuose de la main droite. Ma force, c’est le rythme. Un truc très organique rythmiquement qui me rapproche des musiciens en général et évidemment des musiciens africains. J’étais, il n’y a pas longtemps, sur la même scène que Larry Graham, le bassiste de Prince, et on a joué sept morceaux ensemble, ce qui n’est pas évident. J’ai la chance, non pas d’avoir un niveau incroyable, mais d’avoir ce truc de rythme qui n’est pas si courant et qui m’associe à la musique africaine.

 

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Album Lamomali, Wagram Music/3e bureau

 

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