mahtieu gramoli batteur de her
Mathieu Gramoli, batteur au style tout en nuance. Photo Corps & Graphe

Le musicien Mathieu Gramoli nous parle de son amour de la batterie. Batteur au toucher très subtil demandé par de nombreux artistes, on le retrouve  dans le premier album sorti fin mars 2018 du groupe de soul-pop Her cofondé par Victor Solf et Simon Carpentier décédé en août 2017 des suites d’un cancer à l’âge de 27 ans.

 

photo Corps & Graphe

Batteur du groupe Her, Mathieu Gramoli a commencé à jouer de la batterie à l’âge de 15 ans. Formé à l’école du jazz, il possède un toucher très subtil qui lui vaut d’être apprécié par de nombreux musiciens qui aiment faire appel à lui. Son rêve? Que le son qui émane de sa batterie soit le plus précis et en harmonie possible: «Aujourd’hui, les batteurs jouent très vite et, dès l’âge de 15 ans jouent monstrueusement bien», confie-t-il. «L’apprentissage de la batterie est sans fin. Mon idéal serait une palette sonore qui me permette d’avoir un son qui soit au service du morceau et de l’artiste». Un style tout en nuance qui participe grandement de l’univers de Her. Après la disparition tragique cet été de Simon Carpentier (chanteur-guitariste), cofondateur et compositeur du groupe avec son ami et alter ego Victor Solf (chanteur- clavier), les membres du quintet originaire de Rennes formé en 2015, ont décidé de poursuivre la route en mémoire de Simon avec un premier album éponyme sorti le 30 mars 2018. Une nouvelle aventure pour le groupe de soul-pop, qui après avoir rempli l’Olympia le 25 avril 2018, revient d’une semaine de concerts aux Etats-Unis donnés entre la côte Est, Ouest et le Canada. Cet été, le groupe désormais emmené par Victor Solf, jouera dans  de nombreux festivals en France et en Europe avant une grande tournée des salles cet automne un peu partout dans l’hexagone.

https://youtu.be/ZBtIpVlf_Mk

En tant que batteur de Her, comment vous êtes-vous inscrit dans le projet du premier album du groupe cofondé par Victor Solf et Simon Carpentier ?

Mathieu Gramoli : Etant instrumentiste, je peux juste parler de la manière dont j’ai pris part au projet. Her, c’est vraiment l’univers et les compositions de Victor et de Simon qui ont créé le groupe. Nous, en tant que musiciens on a essayé d’apporter notre patte dans les arrangements, après ce qui s’est passé et la tragique disparition cet été de Simon. Arrivé dans le groupe en juillet 2015, j’ai participé au projet depuis deux ans. On a tous accompagné Simon dans la maladie durant cette période. Pour l’album, on a voulu avec Victor et Michael Declerck, l’ingénieur du son,  faire comme s’il était encore là, pour rendre hommage à ses choix qui sont très importants dans le son de Her. On a travaillé  avec des voix qu’il avait déjà enregistrées. On a souhaité  porter le projet sur scène pour que sa mémoire puisse vivre.

 Quel souvenir gardez-vous de Simon ?

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Mathieu Gramoli : C’était quelqu’un de très exigeant, dans le bon sens du terme. Il savait ce qu’il voulait. Il était à l’écoute. Il aimait qu’on apporte des choses dans le projet, notamment dans le live qui s’est développé parce qu’il avait, avec Victor, l’esprit ouvert qui permet de prendre le meilleur de chacun d’entre nous. Il était entier, intègre et juste. Une fois qu’il donnait son accord, il était sans faille. Il ne changeait pas d’avis. En deux ans on a fait 130 concerts avec toutes les répétitions qui vont avec. Simon m’a beaucoup influencé par ses choix musicaux, son côté tranché. C’était un leader dans le sens où il savait prendre les décisions auxquelles il se tenait. C’était quelqu’un d’honnête et de fidèle.

Quelle est la particularité du son de Her ?

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Le visuel du premier album de Her

Mathieu Gramoli : C’est la soul qui influence le groupe avec un son électro moderne et épuré. A la batterie, il faut que ce soit  sobre, sans artifice. Il n’y a pas de séquences lancées à l’avance. J’envoie des samples qui sont issus de l’album, mais tout est joué en live. Ce ne sont pas des boucles qui tournent à l’infini. C’est assez subtil avec des parties qui évoluent au cours des concerts. C’est le cas des morceaux Quite like ou Five minutes, dont la fin est très différente de l’album, que tout le groupe a développé en live.

Comment définiriez-vous votre style ?

Mathieu Gramoli : Cela peut paraître prétentieux, mais mon but c’est d’être au service de la musique, d’accompagner les chansons. Ne pas briller à tout prix, mais au contraire utiliser les timbres pour qu’ils se fondent aux mieux et créer des climats. Je n’ai pas un vrai «charley», mais deux crash de 15 que j’ai mis ensemble parce que le pitch est un peu moins haut qu’un «charley» de 14. Ce qui fait que ça laisse plus de place dans le spectre et dans le mix pour enregistrer les chansons. Ce n’est pas le truc qui te met en avant, mais par contre, ça fait bien sonner le groupe.

A quand remonte votre amour de la batterie ?

Mathieu Gramoli : Adolescent, je voulais absolument faire de la musique. J’ai pensé que la batterie serait le chemin le plus rapide, même si ce n’est pas vrai. A l’époque, étant néophyte, je me disais que l’instrument ne demande pas de notions de solfège et que je pourrais rapidement jouer dans des groupes. C’est ce qui s’est passé puisque j’ai très vite pratiqué avec des copains, même si je prenais des cours au conservatoire. Il y avait cette envie de faire de la musique coûte que coûte et des rencontres. Je suis tombé sur un  super prof à Claye-Souilly, Jean-Michel Maillot, un très grand pédagogue qui m’a donné confiance. J’ai continué mon parcours en intégrant des écoles «professionnalisantes », notamment le CMDL, le Centre des Musiques Didier Lockwood, qui vient de décéder. J’y suis resté deux ans. Je ne prenais pas de cours de violon, mais je l’ai croisé quelques fois dans les ateliers. C’était un grand monsieur qui rassemblait beaucoup autour de lui.

mathieu gramoli batteur de her au jeu subtilDepuis, vous avez fait de belles rencontres et joué  avec de nombreux artistes comme Ricardo Herz, Marco Pereira, Philippe Baden Powell, Corneille, Lou Marco, Nina Attal, Gaël Faye…

Mathieu Gramoli : Oui.Je suis allé au Brésil notamment avec l’Orquestra do Fuba avec qui j’ai joué pendant sept ans. J’ai enregistré des disques là-bas avec mon projet jazz Tekere que j’avais à l’époque.  Ensuite, je suis parti plus dans le funk et le hip-hop auprès de Gaël Faye avec qui j’ai fait un super beau voyage au Rwanda et au Burundi, avec aussi avec Nina Attal. J’ai fait aussi pas mal de chansons françaises avec Corneille…  Des expériences qui sont comme des tranches de vie. Quand je bossais avec les Brésiliens, j’apprenais à parler la langue, tous les styles de musique différents. Et quand j’étais avec Gaël Faye, j’ai exploré le monde du hip-hop, savoir d’où il vient, etc.… S’imprégner d’une culture est très enrichissant. A chaque fois, ça nourrit les projets qui arrivent.

Vous êtes également professeur au conservatoire de Claye-Souilly où vous enseignez depuis  huit ans. Combien d’élèves avez-vous ?

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Mathieu Gramoli : J’ai repris la classe de batterie de mon ancien professeur Jean-Michel Maillot, au moment de son départ à la retraite. J’ai entre 20 et 30 élèves. C’est gratifiant quand on arrive à détecter des musiciens dont on sent qu’ils vont aller loin. Mais, c’est tout aussi cool quand un élève fait ça pour le loisir. Il n’y pas de sélection. Etre prof, cela permet de garder les pieds sur terre, quand on rentre de tournée. Ayant obtenu mon diplôme d’Etat  de musiques actuelles, je me sens plus légitime à enseigner la musique. J’aime bien la pratique en groupe. Pour que les gens se sentent motivés très vite, monté un petit atelier de musiques actuelles junior avec des élèves qui ont neuf ans. Souvent le conservatoire peut avoir une image un peu  «conservatrice». Là, on a ouvert la porte aux musiques actuelles, c’est vraiment ludique. Et dans les cours individuels, j’essaie d’ouvrir à beaucoup de styles afin que les élèves soient capables de jouer une bossa, un truc funky, rock, pop, hip-hop ou jazz.

Quels sont vos modèles de batteurs ?

le batteur de her mathieu gramoliMathieu Gramoli : J’aime beaucoup Steve Jordan mais aussi QuestLove pour le côté réalisateur, producteur. Il y a aussi Brian Blade dans le jazz qui a un son incroyable ou Chris Dave, qui a un style très véloce et a développé le son Hip-hop à la batterie.

Entretien réalisé par  Victor Hache

Album Her, Barclay/Fam Records. Tournée France à partir du 17 juin 2018 jusqu’au 2 février 2019 (Zénith de Paris)

Page Facbook de Her: https://www.facebook.com/thebandher/

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