octave noire album monolithe
Octave Noire sera au Café de la Danse, à Paris, le 25 mars © Fabien Tijou

Musique. Trois ans après « Néon », Patrick Moriceau, alias Octave Noire revient avec « Monolithe ». Un album solaire composé de mélodies synthétiques enveloppantes au croisement de la musique électro et de la chanson, porté par le single « Los Angeles », auquel ont participé Dominique A, le rappeur ARM et la chanteuse Mesparow.  

Octave Noire: « J’essaie d’instaurer une ambiance et un état d’esprit. J’aime les atmosphères organiques, riches, plutôt les rythmes lents, avec des mélodies répétitives. J’ai composé « Monolithe » dans l’optique de le jouer sur scène. Un de mes moteurs principaux c’est que le public ressente des choses physiquement à l’écoute de la musique »

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Patrick Moriceau alias Octave Noire

Première belle surprise de 2020, « Monolithe », le nouvel album d’Octave Noire offre des ambiances hybrides entre musique électronique et chanson. Trois ans après la pop orchestrale de « Néon », son précédent opus, Patrick Moriceau alias Octave Noire, revient avec un registre plus synthétique aux mélodies magnétiques enveloppantes et solaires. Un disque aux sonorités urbaines, où l’on retrouve la voix chaude, parfois un peu fragile, de celui qui est resté longtemps dans l’ombre de son studio et de ses claviers, avant d’oser se mettre en avant. Une nouvelle expérience électro en chanson pour Octave Noire, qui dévoilera son album le 25 mars au Café de la Danse, à Paris, avec pour invités Dominique A, le rappeur ARM et Mesparow, qui ont participé à cet album très réussi à la fois rêveur et dansant.

Vous avez tenu à baptiser votre album « Monolithe », or, il est tout sauf monolithique et même très varié musicalement…

Octave noire : En fait, « Monolithe » est un album qui parle du soleil. Pour les Égyptiens, un obélisque, c’était un rayon de soleil pétrifié, transformé en pierre. Je trouve cette image très belle. Dans « Monolithe », il y a aussi l’histoire de l’humanité, qui est directement inspiré des explosions du soleil, qui  dégagent certains acides aminés qui sont indispensables à la vie sur terre. C’est une manière de faire le lien entre d’où on vient et le fait qu’on se transforme en mourant nous aussi en pierre.

Le disque s’ouvre par le titre « Los Angeles », une ville où on ne vient pas par hasard. Qu’a-t-elle de fascinante ?

Octave  noire : J’y suis allé en tourisme il y a vingt ans, où j’avais rencontré un jeune acteur français qui bossait dans un café. Il était parti pour essayer de trouver sa place à Hollywood et vivre le rêve américain. C’est le parcours de tellement de gens qui quittent leur chez eux pour un monde meilleur. C’est l’histoire des migrants, celle de l’humanité. Le titre « Los Angeles », raconte ces phares, ces endroits qui attirent et qui rejettent, car il y a aussi là-bas beaucoup de laissés pour compte, des gens qui tentent leur chance et qui n’y arrivent jamais. J’ai adoré cette ville, sa lumière incroyable. Ce n’est pas pour rien que Hollywood a été créé là-bas. Il y a une atmosphère particulière d’une ville assez douce et en même temps violente où on sent qu’il y a beaucoup de gens qui sont sur la touche. C’est une cité intrigante, très contrastée.

Quels sont les thèmes que vous avez voulu aborder ?

Octave Noire : J’ai essayé de faire en sorte que cet album parle un peu moins à la tête que mon premier disque. J’ai voulu être moins dans le cérébral et plus dans le schéma chanson, que cela parle aux tripes et aux jambes. Je l’ai composé dans l’optique de le jouer sur scène. Un de mes moteurs principaux c’est que le public ressente des choses physiquement à l’écoute de la musique. D’où la présence de grosses basses, de percussions, de chants qui accrochent. Les thèmes parlent de la façon dont on est manipulé par les médias, la façon dont les valeurs nobles comme l’amitié, la paix, l’amour sont récupérés par la pub. Même les révoltes aujourd’hui, sont récupérées par le marketing publicitaire, où tout est transformé pour être « marchandisé », mis « Sous Blister » comme je le dis dans ma chanson. On vend des idéaux aux gens. La façon dont on nous fait peur pour consommer, c’est flippant et c’est de pire en pire. Je trouve qu’on perd une forme de dignité avec cette façon de faire.

Avant votre premier album « Néon », vous préfériez rester dans l’ombre des studios et de vos claviers. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mettre dans la lumière et à devenir le propre interprète de vos chansons ?

Octave Noire : En fait, en tant que producteur, je faisais chanter les autres. Peut-être est-ce parce que je ne m’assumais pas en tant que chanteur. C’est le hasard qui a fait que je me suis retrouvé à cette place. Au départ, je voulais faire de la musique de film, raconter des histoires avec des notes de musique, des arrangements et pas avec des mots, qui étaient plus secondaires. C’est, je crois, ce qu’on ressent à travers mes deux albums, avec une musique qui raconte l’histoire mêlée de mots qui sont comme des petits éclairages, comme des virgules. C’est vraiment la musique qui influe l’énergie de la chanson.

Vous avez joué de différents instruments, clarinette, accordéon, mais c’est surtout les synthétiseurs qui vous ont happé. Comment expliquez-vous  cette attirance ?

Octave Noire : Depuis mes dix ans, les synthés sont ma passion et mes premières amours. C’était les années 1980, Depeche Mode, Duran Duran…tous ces groupes très synthétiques. A la télé, je voyais de gros synthés avec des boutons partout. Ça clignotait, ça faisait des gros bruits de science-fiction. C’est ça qui me parlait. Le synthé est un instrument en trois dimensions. On peut jouer comme de n’importe quel instrument avec un clavier, mais on peut aussi travailler le son lui-même, le faire partir dans des aigus, trafiquer les fréquences. Il y a les notes, mais aussi le spectre sonore sur lequel on peut agir. C’est passionnant.

Vos chansons ont quelque chose d’enveloppant, voire planant. Sauriez-vous dire ce qui définit votre style ?

Octave Noire : Je peux me définir par mes influences, qui sûrement, transpirent dans ce que je fais. Des influences qui vont de Depeche Mode, Kraftwerk, Aphex Twin, Björk, Air, Sébastien Tellier. Il y aussi le travail des cordes que j’adore. J’essaie d’instaurer une ambiance et un état d’esprit. J’aime les atmosphères organiques, riches, plutôt les rythmes lents, avec des mélodies répétitives. Pour « Néon », je dirai que c’est une sorte de pop orchestrale. Pour « Monolithe », j’ai essayé de sortir de cette définition, c’est plus synthétique.

Il y a plusieurs invités, Dominique A, ARM, Mesparow… C’est important de partager votre musique avec d’autres artistes ?

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Patrick Moriceau alias Octave Noire

Octave Noire : Ce sont des artistes que j’apprécie particulièrement. J’aime la profondeur d’ARM et sa façon de dire les textes. Quand j’ai écrit la chanson « Monolithe humain », j’ai pensé à lui, je trouvais qu’elle avait une force qui lui correspondait. Mesparow, qui chante « Parce que je suis », j’avais envie de travailler avec elle. J’aime sa voix un peu cassée et en même temps très douce. Dominique A avait beaucoup aimé « Néon ». Je lui ai envoyé cette chanson « J’ai choisi » et il m’a dit ok tout de suite. Ça c’est fait très simplement. C’est important d’être ouvert aux collaborations, pour ne pas être en circuit fermé. Je reviens à ce que je faisais avant, faire chanter les autres, pour essayer de donner une autre couleur, une autre personnalité à mon univers.

On va vous retrouver au Café de la Danse le 25 mars. Vous serez seul sur scène ou en groupe ?

Octave Noire : J’ai la même équipe que sur la première tournée. On sera trois sur scène avec Franck Richard à la batterie et Ton’s aux claviers. Ça va être très synthétique et en même temps assez rock. Et Il y aura les invités qui ont participé à l’album et une surprise que je garde secrète.

Entretien réalisé par Victor Hache

Album « Monolithe » Yotanka Records/ Pias. Tournée à partir du 20 février. Concert le 25 mars au Café de la danse, 5 passage Louis-Philippe 75011 Paris.

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