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Interview. Six ans après « Lequel de nous » et après un disque hommage à Barbara, Patrick Bruel sort « Ce soir on sort »… Un album émouvant, sensible et lucide sur l’époque dans lequel il invite au vivre ensemble, sur fond d’ambiances urbaines et de chansons de facture classique, réalisé avec la complicité de jeunes auteurs-compositeurs comme Vianney, Mickey 3 D et Pierre Lapointe.


Patrick Bruel continue d’avancer et se renouvelle avec « Ce soir on sort… », un album qui mêle les ambiances urbaines aux chansons de facture classique


C’est un Patrick Bruel renouvelé qui revient six ans après « Lequel de nous », avec « Ce soir, on sort… » son 9ème album studio. L’auteur-interprète d’« Alors Regarde », qui a commencé sa carrière il y a trente-deux ans avec le disque « De face » (1986), continue d’avancer avec un nouvel opus mêlant les ambiances urbaines aux chansons de facture classique. Un album réussi, émouvant, sensible et lucide sur l’époque. Bruel, sur fond de piano et de cordes, fredonne La Marseillaise dans le titre Ce soir on sort et fait part de manière très touchante de sa vision du monde (On partira) et de la France dont le visage s’est assombri depuis les attentats de Paris en novembre 2015.

Un album où il invite au vivre ensemble (Qu’est-ce qu’on fait ), morceau écrit au lendemain de la Coupe du monde de foot remportée par les Bleus, entre titres introspectifs (Tout recommencerRue Mouffetard , Arrête de sourire, J’ai croisé ton fils…) et chansons qui devraient soulever les foules (Stand up). Un registre pour lequel il s’est entouré de jeunes auteurs-compositeurs, dont Vianney, Mickey 3, Pierre Lapointe, le producteur hip-hop Skalp ainsi qu’à David-François Moreau, son frère ou encore à Gérard Presgurvic, complice des débuts. La promesse de moments très forts chargés en émotion à vivre en concerts en compagnie du chanteur qui sera en tournée à partir du 12 février jusqu’en décembre 2019.

patrick bruel ce soir on sort
Patrick Bruel -(Photo) David Niviere/ABACAPRESS

Votre album s’ouvre par « Tout recommencer ». Plus de trente ans après vos débuts, vous arrive-t-il de vouloir repartir de zéro ?

Patrick Bruel : Non. Tout recommencer, ça ne veut pas dire renier tout ce qu’on a fait avant, mais avoir la sensation de remettre le titre en jeu, de repartir pour un nouveau projet, une nouvelle aventure, mais avec une approche différente. On ne traverse pas les six ans qu’on vient de passer sans que cela laisse des traces. Il y a vingt ans, je n’aurais peut-être pas écrit de la même façon. On ne peut pas ne pas aborder cette violence. J’ai surtout reflété dans la chanson qui donne son nom au disque « Ce soir son sort » l’état d’esprit dans lequel j’étais ce soir-là, dans lequel étaient beaucoup de gens. Chacun a eu sa manière d’appréhender cette tragédie (les attentats de Paris de novembre 2015 NDLR). Moi, ça s’est traduit par cette envie immédiatement de sortir, de serrer des mains, d’embrasser les gens et de dire au monde entier « on est debout, on est là ». C’est l’instinct de survie et l’envie très forte d’être solidaire, de montrer qu’ensemble on est fort et de se dire, une fois pour toute, qu’on s’aime. C’est une chanson d’union.

Pourtant, votre chanson « Qu’est-ce qu’on fait ? » est plutôt pessimiste sur l’idée du vivre ensemble…

Patrick Bruel : Elle est écrite le 17 juillet de cette année. On gagne une Coupe du monde de foot, on se prend dans les bras, on tombe dans une liesse populaire merveilleuse, celle qu’on avait connu il y vingt ans qui nous avait fait espérer en cette France black-blanc-beur. Par la suite, ça été déceptif. Il y a un constat d’échec sur cette capacité que les gens ont à se réunir, à s’aimer le temps d’un événement alors qu’il devrait être le facteur déclencheur de quelque chose de magnifique et de durable. Comme je le dis dans la chanson : « où est cette France en couleur ? « . Est-ce qu’il n’y a pas mieux à faire que de s’aimer juste une semaine ? C’est ce que dit cette chanson.


Patrick Bruel: « Les discours populistes ont gagné en Italie, en Autriche, en Hongrie, en Hollande, en Pologne…Quand on regarde la carte de l’Europe, je suis content d’être en France »


Comment voyez-vous la France d’aujourd’hui où on sent beaucoup de tension ?

Patrick Bruel : C’est un pays qui résiste. Quand on regarde la carte de l’Europe, je suis content d’être en France. Les discours populistes ont gagné en Italie, en Autriche, en Hongrie, en Hollande, en Pologne…Lors de la dernière élection présidentielle en France, on l’a échappé belle. Le schéma se profile, je ne cesse de le dire. Le repli sur soi est exactement le même que celui auquel on a assisté autour de 1931-1933. C’est quasiment la  même situation. Aujourd’hui, que devient cette Europe ? C’est légitime d’avoir des craintes.

Il y a aussi « On partira », un titre émouvant sur le thème des réfugiés qui quittent leur pays à cause des guerres…

Patrick Bruel: Dans cette chanson, je parle d’un enfant qui dit à sa mère « on partira pour trouver mieux». Ces gens partent pour éviter de mourir, d’être massacrés. Ils n’ont pas d’autres solutions, pas d’autres choix que de partir. Et ils sont allés vers des pays dont certains portaient le nom de terre d’accueil, de patrie des droits de l’homme. Je ne me sens pas la légitimité de dire à un gouvernement ce qu’il doit faire. Je pense simplement qu’avec la puissance de l’action internationale, envoyer les plus grandes entreprises pour aider ces pays, pour permettre à une grande majorité de ces gens de travailler, de reconstruire leur pays et s’y réinstaller quand c’est possible, me semblerait être une solution. Il y a des pays qui ont magnifiquement intégré le flux migratoire. L’exemple du Canada est probant. Je ne me suis pas placé d’un point de vue politique, mais d’un point vue humain de gens qui partent.


Patrick Bruel: « J’habite la moitié du temps à Los Angeles où j’écoute beaucoup de radios hip-hop, de rap »


portrait patrick bruel

Vous avez habillé certaines de vos chansons de sonorités urbaines. On ne s’attendait pas à ça, vous qui êtes d’habitude plus classique dans les arrangements.

Patrick Bruel : J’ai voulu aller vers d’autres personnes pour me renouveler. J’habite la moitié du temps à Los Angeles où j’écoute beaucoup de radios hip-hop, de rap. J’aime ce son. J’avais envie d’associer des chansons traditionnelles piano-voix et des sons urbains, comme dans « Louise », une chanson où je mêle mon univers à celui de Skalpovich, un producteur-compositeur qui vient du hip-hop, comme aussi sur « On se plait, qu’est-ce qu’on en fait ? «  et ses ambiances de reggaeton.

J’ai voulu faire appel à des collaborateurs talentueux. Vianney a écrit « On partira », dont j’avais la musique. Il a changé le début et en a fait une chanson lente sur les migrants, un sujet que je voulais aborder et il a produit « Tout recommencer » qui a été écrite par Mickey 3 D. Cela m’a amusé d’ouvrir l’album par cette chanson qui surprend dans sa forme. Et Pierre Lapointe, qui est d’une incroyable précision dans ses chansons, m’a écrit « L’amour est un fantôme »et surtout « Arrête de sourire », une chanson miroir, où il a décelé des choses chez moi très intimes.

Quel spectacle avez-vous imaginé pour votre retour sur scène?

Patrick Bruel : Il va y avoir de belles surprises au niveau des écrans, des banques d’images, de la mise en scène et des espaces qui vont me permettre de me balader. J’ai des spectacles qui sont toujours basés sur la proximité avec le public, que ce soit dans une salle de 400 places ou de 40 000 places. Je serai en tournée à partir de février avec beaucoup de concerts en festivals cet été. Et on va terminer en apothéose à Paris La Défense Arena le 6 décembre 2019.

Entretien réalisé par Victor Hache

  • Album : « Ce soir on sort… » , Columbia/Sony music.
  • Tournée à partir du 12 février jusqu’en décembre 2019, dont Palais des Sports Paris les 20, 21, 22, 23/02 et La Défense Paris Arena/Nanterre(92) le 6/12/2019

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