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Livre. Star des lettres américaines, Joyce Carol Oates n’arrête pas de publier. Ainsi, à bientôt 82 ans, elle signe « Dé mem brer », un recueil de sept nouvelles impeccables. Cinglant et horrifique à souhait…

Joyce Carol Oates propose des textes entre fantasmagorie et réalité. Dans « Dé mem brer »- comme dans tant de ses livres signés de son nom ou de ses pseudonymes (Rosamond Smith et Lauren Kelly), l’auteure américaine malaxe le glauque, le maléfique, l’horrifique avec une jubilation rare      

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Joyce Carol Oates. Photo Nancy Crampton

C’est une habitude : depuis bien longtemps, chaque année, une fois- voire deux ou trois, Joyce Carol Oates nous envoie de ses nouvelles, en direct d’Amérique. Tenue pour l’une des plus grandes auteures contemporaines d’outre-Atlantique (et même du monde !), régulièrement citée pour le prix Nobel de littérature, à bientôt 82 ans (le 16 juin prochain), elle nous glisse, en ce printemps, un nouveau recueil de nouvelles, titré « Dé mem brer ». Sept nouvelles cinglantes, tout aussi horrifiques que « Mudwoman », son livre-étalon dans le genre paru en 2012… Sept nouvelles pour, selon son éditeur français, « une plongée inquiétante dans les psychés troublées de femmes presque ordinaires ». Pour autant de nouvelles, sept femmes- veuves, célibataires ou adolescentes, qu’importe ! mieux que quiconque, Joyce Carol Oates sait s’engouffrer, avec un plaisir non feint, dans les tourments et les troubles des individus. On se rappelle avec bonheur son « Blonde » consacré à Marilyn Monroe ou encore « Zombie » et aussi « De la boxe », un des meilleurs textes à ce jour écrits sur le monde du « noble art ».

    Avec « Dé mem brer », la première nouvelle de ce recueil qui lui donne son titre, l’auteure déroule des descentes aux enfers et des drames du passé. Magicienne du mot et de la phrase, elle enveloppe le tout d’une sacrée dose d’ »horrific » et accompagne ses héroïnes dans de beaux sursauts de révolte. Elles se prénomment Jill, Stephanie, Mariana ou encore Claudia… Elles habitent amplement, entièrement « Dé mem brer », « Le vide sanitaire », « Cœur brisé », « La fille noyée », « Les situations », « Grand héron bleu » ou encore « Bienvenue au septième ciel », des nouvelles parues aux Etats-Unis entre 2015 et 2017 dans diverses publications et magazines.

Ces femmes, ces héroïnes, le monde extérieur les menace, elles vont réagir- parfois, trop tard… Encore, et comme toujours chez Joyce Carol Oates, ça flotte du côté du gothique, on chemine du côté de marécages obscurs, il y a des carcasses de bagnole rouillées, des poupées bien évidemment disloquées, et les couteaux sont toujours formidablement effilés.

Oui, dans « Dé mem brer »– comme dans tant de ses livres signés de son nom ou de ses pseudonymes (Rosamond Smith et Lauren Kelly), l’auteure américaine malaxe le glauque, le maléfique, l’horrifique avec une jubilation rare. Il suffit de lire la première des sept nouvelles, « Dé mem brer » : une pré-ado prénommée Jill est sous le charme de son bel et mystérieux cousin, « serial killer » à ses heures, ou encore parmi les suivantes, « La fille noyée » avec cette étudiante qui ne peut cesser de penser à cette autre retrouvée nue et noyée sur le campus, « Le vide sanitaire » avec cette veuve qui ne parvient pas à faire le deuil de son mari pourtant pas vraiment aimable et fréquentable… et « Grand héron bleu » avec Claudia qui est obsédée par les oiseaux du lac tout proche et voudrait se transformer en héron vengeur pour remettre à sa place son beau-frère vraiment trop entreprenant…

livre de mem brer joyce carol oatesAinsi, Joyce Carol Oates propose des textes entre fantasmagorie et réalité. Elle sait capter la personnalité de personnes vulnérables et confrontées à la violence, évidente ou sourde. Avec cette auteure « tout-terrain » de 82 ans, tout est prétexte à nouvelle(s) : un père furieusement abusif, une compagnie aérienne exagérément zélée, les esprits torturés et la paranoïa font l’ordinaire du paysage. Ce qui a fait écrire à une revue littéraire américaine : « Joyce Carol Oates est un Edgar Poe femme » !

Texte Serge Bressan

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