primo levi non a l'oubli
L'écrivain italien Primo Levi -Photo CPA2/©Rue des Archives

Livre. Dans les années 1980, quand le jeune Vittorio frappe à la porte de Primo Levi, il veut connaître le secret de son grand-père. Pendant la seconde guerre mondiale, était-il du côté des bourreaux ou des victimes? L’ouvrage Primo Levi: « Non à l’oubli » que Daniele Aristarco et Stéphane Vailati consacrent à l’auteur de « Si c’est un homme » témoigne du lien en train de se faire, de la transmission accomplie.

Dans Primo Levi: »Non à l’oubli » Daniele Aristarco et Stéphanie Vailati nous font approcher l’auteur de « Si c’est un homme » par l’entremise d’un jeune Turinois, Vittorio,11 ans 

primo levi non a l'oubliPrimo Levi : « Non à l’oubli »
Daniele Aristarco, Stéphanie Vailati
Actes sud junior , 84 pages, 9 euros

Deux témoins de l’Histoire. Deux dépositaires de la mémoire. L’un, Primo Levi décide de tout raconter, mais « ai-je tout raconté », s’interroge –t-il ? L’autre, Alberto se mure dans le silence, empêche les démons de sortir des tréfonds de l’horreur. Dans Primo Levi: « Non à l’oubli » Daniele Aristarco et Stéphanie Vailati nous font approcher l’auteur de « Si c’est un homme » par l’entremise d’un jeune Turinois, Vittorio, 11 ans. Nous sommes dans les années 1980, l’écrivain reçoit une lettre énigmatique : un adolescent lui demande de sonder le mystère de son grand-père. Qu’a-t-il fait pendant la guerre ? Sa seule réponse : « Je ne me souviens pas. » L’enfant est hanté par une question, peut-il ou doit-il lui pardonner ? Le 5 février 1983, Primo Levi entend à la radio l’extradition de Klaus Barbie, le boucher de Lyon, membre de la Gestapo arrêté le 25 janvier en Bolivie. Tout ce temps depuis ce jour, le 13 novembre 1943, où à 25 ans, il est arrêté, fait prisonnier et interné au camp d’Auschwitz-Monowitz, et pourtant, « ils sont encore parmi nous ». Il est libéré par l’Armée rouge, le 27 janvier 1945. Sur le visage de ces soldats, il va croiser « pour la première fois, le regard de l’homme juste » traversé par l’impuissance devant l’humanité souffrante.

Lorsque Vittorio lui apporte une étrange pièce de monnaie, une bouffée d’images – un enchevêtrement de wagons, de corps entassés, de froid, d’effroi, d’horreurs ineffables – l’envahit. Le rumki – dont nous tairons le secret – est le sésame qui va ouvrir la biographie pétrifiée d’Alberto, « le souvenir de ce que j’ai vécu est resté tapi derrière mes yeux ». Seul avec son petit-fils, il lui révélera les événements tus depuis la guerre, en retour, l’enfant lui promet de ne rien dévoiler. En revoyant Primo Levi, « quand vous les témoins serez morts, qui racontera votre histoire ? », lance Vittorio.

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Primo Levi -photo DR

Contre la culture de l’oubli, contre la montée du négationnisme, l’auteur écrira « les Naufragés et les rescapés » pour donner la parole aux victimes sans visage. Cet ouvrage est le récit du lien en train  de se faire, de la transmission accomplie, Vittorio sera le défenseur de l’amnésie.
Saluons l’intelligence de cette collection, « Ceux qui ont dit non« , qui donne à lire les entraves à la liberté de penser, d’imaginer, de chanter, de croire ou de ne pas croire. Des digues argumentées, romanesques, savamment écrites contre l’ignorance, l’exclusion, le communautarisme, l’intolérance, le racisme, l’obscurantisme. Nécessaires en ces temps de doute et de repli sur soi, de peur de l’autre. Un autre soi-même.

Primo Levi : « Non à l’oubli » de Daniele Aristarco, Stéphanie Vailati.
Actes sud junior , 84 pages, 9 euros

Lire: Livre. Maryse Bastié, aviatrice pionnière, idéaliste et résistante : https://www.weculte.com/litterature-2/livre-maryse-bastie-aviatrice-pionniere-idealiste-et-resistante/

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