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Aimee Bender. Photo Mark Miller

Livre. Californienne tenante du « réalisme magique » et après huit ans de silence, Aimee Bender est de retour avec un texte tout en tristesse lumineuse. Une belle méditation sur l’enfance, ses dépendances et aussi sur le temps qui passe…

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Aimee Bender. Photo Mark Miller

Une longue attente- huit ans sans nouvelles de l’Américaine Aimee Bender, depuis la parution de « La Singulière Tristesse du gâteau au citron », délicieux mix de sucrerie et d’amertume, après l’avoir découverte en 2000 avec « La Fille en jupe inflammable ». Enfin, l’enseignante en écriture créative, nouvelliste et romancière nous revient, c’est « Un papillon, un scarabée, une rose »– tout aussi délicieux que délicat roman empli de cette tristesse lumineuse qui constitue la marque de fabrique des textes d’Aimee Bender, cette auteure qui pratique, selon ses mots, le « réalisme magique » et qui avoue avoir été grandement influencée par Franz Kafka, Italo Calvino, Haruki Murakami ou encore Gabriel Garcia Marquez.

Ainsi, cette fois, on se glisse près de Francie, une gamine de 8 ans qui, des années plus tard, raconte : « Quand j’étais petite, ma mère me lisait toutes sortes d’histoires, mais ses préférées, qui étaient aussi parfois mes préférées, parlaient toujours d’objets qui prenaient vie. Pas n’importe quels objets, surtout des animaux en peluche et des poupées, ou des dessins et des sculptures d’animaux ou de gens- des objets inertes qui imitaient le vivant… »

Elaine la mère, psychotique, est une nouvelle fois en dépression– un jour, elle se broie la main à coups de marteau. Conséquence, la gamine est accueillie par ses tantes Minnie (sœur de sa mère) et oncle, voyage de l’Oregon à Los Angeles, Californie. Là, Francie est entourée d’affection mais loin de la réalité. Elle est (pré)occupée par la peur de la folie. D’un dessin, s’envolent des papillons… D’un abat-jour, prend vie un insecte, il s’échappe… C’est la vie qui va- comme dans un film de David Lynch : la mère survit, la fille se construit en essayant de « ralentir le monde », puis en plongeant, devenue jeune femme, dans ses souvenirs.

Aimee Bender. Photo Max SGerber

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Avec son art léger, impeccable et implacable, Aimee Bender a évité l’écueil de ce genre de roman, elle n’est jamais moraliste ni doctorante. Mieux : la romancière sait ajouter juste ce qu’il convient d’humour. Pour mieux évoquer, raconter le chaos, le pardon ou encore l’incompréhension. Récemment, elle confiait : « J’aime regarder et décrire les objets, y réfléchir, j’aime le langage qu’ils charrient. Les mots avec lesquels je les décris sont aussi tangibles pour moi que les objets eux-mêmes ». Alors, au fil des pages, flotte une douce méditation sur le temps, sur l’enfance et ses dépendances

Serge Bressan

livre un papillon un scarabee une roseEXTRAIT

« Parfois, pendant la récré, tandis que les autres enfants jouaient sur les toboggans, les balançoires, se projetaient joyeusement dans l’espace, je restais seule dans un coin de la cour et me tenais immobile pour évaluer la place que je prenais dans le monde. C’était une façon de me rappeler à moi-même, d’accéder au monde extérieur : pieds au sol, goût d’un biscuit salé dans la bouche, grille argentée, souffle d’air, une activité qui m’était très utile, même si elle m’aliénait les autres… »

 

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