idir est mort
Idir est mort à Paris des suites d'une maladies pulmonaire, à 70 ans

Disparition. Figure majeure de la scène world music, Idir fut l’un des plus grands ambassadeurs de la culture kabyle. Le chanteur d’ »A Vava Inouva », qui luttait depuis des années contre une maladie pulmonaire, est mort samedi à  Paris à l’âge de 70 ans.

Auteur-compositeur-interprète, Idir était aussi un grand poète, dont les chansons aux messages de liberté, de fraternité et d’espoir touchaient le cœur d’un public qui allait bien au-delà de la communauté kabyle

Fils de berger né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène près de Tizi-Ouzou en Algérie, Hamid Cheriet alias Idir, ne se prédestinait pas à la chanson. Mais il connut une carrière internationale grâce à la chanson « A Vava Inouva ». Un titre devenu un tube planétaire dans les années 1970, alors qu’il faisait son service militaire : « je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu’il fallait » racontait-il humblement.

Figure de la culture kabyle, il avait entrepris des études de géologue avant de quitter l’Algérie en 1975 pour venir s’installer à Paris, où il enregistra son premier 33 tours chez Pathé Marconi. Suivront 7 autres albums qui contribuèrent à la reconnaissance de la musique kabyle et de la langue berbère à travers le monde. Auteur-compositeur-interprète et musicien, il était aussi un grand poète, dont les chansons aux messages de liberté, de fraternité et d’espoir touchaient le cœur d’un public qui allait bien au-delà de la communauté kabyle. Pour tous, il était comme un membre de la famille :  » J’ai eu la chance d’avoir une grand-mère et une mère poétesses » disait-il. Une famille où la culture orale était importante, dont il aimait écouter les histoires et les contes le soir à la veillée.

Ses chansons qui évoquaient le retour aux racines algériennes, lui ont permis de remplir de nombreuses salles. Idir ne se reconnaissait pas dans le monde du show-business. Il s’éclipsa de la scène durant dix ans à partir de 1981. Puis, il relança sa carrière avec l’album « Identités » (1999) où il mélangeait le chââbi et les rythmes occidentaux, et le disque « La France des couleurs » (avec Oxmo Puccino, Akhenaton, TiKen Jah Fakoly, Grand Corps Malade, Féfé…) sorti en 2007 en pleine campagne présidentielles marquée par les débats sur l’immigration et l’identité.

Idir, dont le dernier album « Ici et ailleurs » est paru en 2017, aimait partager sa musique. Ainsi, il chanta avec Manu Chao, Dan Ar Braz, Alan Stivell, Gilles Servat, Zebda, Maxime Le Forestier, Geoffrey Oryema et l’Orchestre National de Barbès.

En 2018, après 38 ans d’absence, il était revenu chanter à Alger à l’occasion du nouvel an berbère « Yennayer ». L’Algérie, dont il évoquait les manifestations et le départ d’Abdelaziz Bouteflika, dans une interview en avril 2019 au Journal du Dimanche : « J’ai tout aimé de ces manifestations : l’intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique (…) J’avoue avoir vécu ces instants de grâce depuis le 22 février comme des bouffées d’oxygène. Atteint d’une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle », confiait-il. « De toute façon, nous sommes condamnés à réussir. Continuons donc à réfléchir en termes de nation algérienne vers le progrès. Si nous restons unis, rien ni personne ne pourra nous défaire ».

Texte Victor Hache

 

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