Johnny hommage de tout un peuple

Samedi 9 décembre sur les Champs-Élysées, un million de personnes ont rendu un dernier hommage au chanteur.

Quel autre chanteur que Johnny Hallyday aurait pu réunir une telle foule à l’occasion de ses obsèques? Bien plus qu’un hommage national, samedi le chanteur mort à 74 ans, a eu droit à un immense hommage populaire. Un geste d’amour et un émouvant requiem en présence de près d’un million de personnes rassemblés entre les Champs-Elysées et la Madeleine. Certains ont passé la nuit sur place dans un froid glacial pour être au premier rang des barrières afin d’apercevoir  le cortège funéraire. Un ultime départ accompagné par une horde de bikers, clin d’œil à la passion de Johnny pour la moto. Bandana, lunettes noires, bras tatoués, on le voit justement sur les écrans  géants au guidon d’une Harley Davidson, sur la route 66 qu’il aimait parcourir. Johnny vivait ses passions. C’est ce qui fait l’admiration de Sébastien, motard venu de Seine maritime pour saluer la mémoire de Johnny : «je l’ai vu en 1993 au Parc des Princes et en 1999 au stade Deschaseaux, au Havre. A l’armée, on écoutait Johnny avec les copains dans les chambres. Il a fait des choses comme la route 66 que j’aurais bien aimé faire. C’est le plus grand, personne ne pourra le remplacer ni avoir la même carrière». D’autres ont préféré patienter rue Royale tout près de l’Eglise de la Madeleine sur le parvis de laquelle on  a installé une scène. Emmenés par le guitariste Yarel Poupaud, les musiciens de Johnny jouent quelques-unes de ses plus célèbres chansons «Que je t’aime», «le pénitencier», en attendant que le cortège funéraire atteigne la Concorde.  Emmitouflée dans une doudoune, Sophie, comptable dans une compagnie aérienne, ne peut s’empêcher de pleurer quand elle entend l’émouvante «Oh Marie»: «Johnny, il transcendait toutes les générations. Dans ses  concerts, il y avait un côté  familial. On n’avait pas peur d’y emmener ses  enfants, on savait que ça finirait bien. C’est grâce à mes oncles que je l’ai connu.  Pour moi, c’était un tonton. J’ai grandi avec ses chansons».

Michèle, la kiosquière de la rue Royale, est admirative du parcours du chanteur : «C’est un garçon qui na jamais eu de chance dans sa vie, dès la naissance. Qu’il en soit arrivé là, je trouve ça fort». Plus les heures passent, plus on sent grandir l’émotion. Il y a cet homme, yeux rougis, gorge serrée, qui tient son épouse par la main en écoutant sur son Smartphone mis en haut-parleur «L’hymne à l’amour» d’Edith Piaf, que Johnny interprétait souvent à la fin de ses shows. Marie, elle, a fait le voyage depuis Nîmes : «Johnny, c’est comme D’Ormesson. Ce sont des gens qui partageaient quelque chose dont on a besoin aujourd’hui».Son premier concert  c’était il y a deux ans aux Arènes de Nîmes pour les Vieilles Canailles : «Il y avait une émotion, une amitié entre Johnny, Eddy et Jacques. C’était beau à voir».

Johnny hommage Champs-Elyséés

Johnny cortège furnéraire

Dans la foule, on hésite entre le recueillement, le chagrin et la joie de se retrouver, de partager ses chansons,  comme à un concert du chanteur. On entend des «Johnny! Johnny!»  comme s’il allait surgir. La plupart ne réalisent pas encore qu’il n’est plus là : «c’est idiot, mais pour moi, c’est Jean-Philippe Smet qui est mort, pas Johnny qui est à jamais dans mon cœur» dit Edgard, venu de Tours, coiffé d’un Stetson, drapeau dans le dos à  l’effigie de son idole : «Il est tout pour moi, je l’ai dans mes albums de photos. J’ai pleuré pendant trois jours en apprenant sa mort. Il n’y en a qu’un comme lui, à part peut-être les Rolling Stones mais comme ils ne sont pas Français on n’en parle pas (rires) et Elvis ». «C’était un dieu» ajoute son voisin: «c’est comme si on avait perdu un proche» avoue-t-il en pleurant à chaudes larmes.

«Johnny, c’est comme D’Ormesson. Ce sont des gens qui partageaient quelque chose dont on a besoin aujourd’hui». Marie, une fan.

Tous parlent de Johnny comme d’un frère ou d’un membre de la famille. A l’image de Philippe originaire de Montargis : «ce que j’aimais chez lui, c’est sa sincérité, l’amour qu’il avait pour  ses fans. C’était un deuxième père». Quant à Rémy, il a fait le voyage depuis la Suisse : «C’est la perte d’un ami très cher. Il représentait tout ce que je ne sais pas faire, qu’il a atteint dans la souffrance. Il s’est battu, il vient de loin. C’est admirable».

Johnny cercueil familleJohnny cercueil église Madeleine

Au moment où le cercueil blanc de Johnny était porté dans l’Eglise de la Madeleine, la foule a applaudi longuement: «Il était une part de notre pays» a dit Emmanuel Macron avant la cérémonie religieuse en présence de la famille et des proches. Une cérémonie émaillée de prises de paroles dont celle du journaliste et auteur Philippe Labro pour qui Johnny  c’était «la gloire et la grâce». L’écrivain Daniel Rondeau se rappelle avoir interrogé le chanteur sur son rapport à la France : «Il avoue une admiration sans fin pour le général De Gaulle. S’il admire le héros de la France libre, cela ne l’empêche jamais de chanter régulièrement pour la Fête de l’Humanité». Patrick Bruel a évoqué celui qu’il considérait  comme son  grand-frère : «Tu va faire le voyage avec Jean D’Ormesson, vous allez bien vous marrer».Tandis que Line Renaud très émue a souligné «Le goût d’aimer, c’est toi Johnny qui nous l’a donné et tu l’as donné à la France entière. Jamais notre amour pour toi ne mourra».

Victor Hache

 

 

 

 

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