Sophie Hunger dévoilera les chansons de son nouvel album Molécules à La Cigale à Paris où elle sera le 15 octobre 2018

La chanteuse suisse-allemande Sophie Hunger fait sa rentrée en beauté avec Molécules. Un album inventif aux ambiances électro-folk composé à Berlin où elle s’est installée. Une ville dont elle aime le mouvement créatif et la résistance intellectuelle au système.

Depuis son premier album Sketches on sea (2006), la chanteuse suisse-allemande Sophie Hunger, nous a habitués à des ambiances jazz-folk. Elle a ainsi parcouru le monde, enchaînant les disques Mondays’ ghost – qui l’a révélée en Europe – 1983, The danger of light

Trois ans après le galactique Supermoon suivi de l’écriture de la bande originale du film d’animation Ma vie de courgette de Claude Barras, elle revient avec Molécules où elle explore avec bonheur des sonorités désormais plus synthétiques : « Il y a plusieurs fils qui sont attachés à cette histoire confie-t-elle. Avec Supermoon, j’avais l’arrogance de parler de la lune et des galaxies. Là, j’aimais l’idée de revenir à la chose la plus petite qui soit. Les molécules sont les éléments les plus basiques avec lesquels on construit des choses, qu’on ne peut ni inventer, ni détruire. Même les sentiments sont basés sur ça».

Sophie Hunger aime Berlin pour son mouvement créatif mais aussi pour son caractère de résistance au système 

Une matière sonore entre construction et déconstruction qui sert de fil rouge à son nouvel univers qu’elle définit comme « une électro-folk minimaliste ». Un opus inventif qui correspond à un tournant pour l’artiste originaire de Bern, installée à Berlin depuis quatre ans. Une ville où l’électro, qui habille ses nouvelles chansons, est partout « C’est un lieu fantastique pour la culture électro. Les meilleurs Dj’s habitent là-bas et il y a beaucoup de clubs et de labos old school. J’ai plein d’amis musiciens européens qui y vivent parce qu’économiquement c’est plus facile d’y faire une vie qu’à Paris où à Londres ».

Sophie Hunger aime Berlin pour son mouvement créatif mais aussi pour son caractère de résistance au système : «il y a un truc un peu philosophique, une résistance intellectuelle, qui a une longue tradition à Berlin. C’est une des seules métropoles en Europe qui essaie encore de défier cette idée de productivité, d’efficacité inhérente à l’ultra-capitaliste. Il y a une forme de système critique. C’est différent de Paris où la résistance se trouve chez les philosophes à la télévision. A Berlin, ce n’est pas académique. C’est dans la manière de vivre des gens qui ne sont pas dans l’idée capitalistique qui veut qu’on réussisse à tout prix. »

Sophie Hunger a eu besoin de s’aventurer vers d’autres textures mélodiques pour se réinventer

Pour Molécules, elle n’a pas hésité à moins jouer des instruments classiques, comme la guitare ou le piano, préférant utiliser les synthés, son nouveau terrain de jeu.  Comme si elle avait eu besoin de s’aventurer vers d’autres textures mélodiques pour se réinventer : «A Berlin, j’ai fait une école de son. Ce qui m’a permis de réfléchir à l’univers de mon album. Je voulais travailler chez moi avec les ordinateurs et les synthétiseurs. J’ai cherché des traces dans l’histoire de la musique allemande parce que je me disais qu’une ville où il y a autant de musique électronique, ça devait venir de quelque part. Je me suis intéressée au krautrock, courant né à Berlin dans les années 1970, sans lequel la musique et la vie seraient différentes. J’ai beaucoup écouté Tangerine Dream, Can, Neu et Kraftwerk que je connaissais mal. Et j’ai découvert qu’il y avait toute une histoire qui vient de la musique concrète. Cela m’a passionné.»

Sophie Hunger, qui jusqu’à présent mêlait l’allemand, l’anglais, le suisse et le français, chante ici en uniquement en anglais (hormis dans la chanson Cou Cou qui évoque la douleur de la séparation et ses conséquences sur ceux qui restent, à savoir les enfants, interprétée en français), langue qu’elle trouve plus en harmonie avec les arrangements électro-folk de son disque.

Dans la vie, elle s’intéresse à la peinture, au mouvement constructiviste, à la littérature. A l’image de ce livre Le serpent cosmique, sous-titré l’ADN et les origines du savoir, de Jérémy Narby, qu’elle a lu pendant l’enregistrement de Molécules pour lequel elle use d’un nouveau vocabulaire. «Je ne voulais pas utiliser des mots comme ciel, mer, oiseaux, arbres qui sont propres au vocabulaire traditionnel du folk. Je souhaitais, au contraire, qu’il y ait une représentation de la réalité d aujourd’hui. Quand je regarde autour de moi, c’est plutôt des réalités de plastique, de plutonium, de nitroglycérine, de celluloïd, de kérosène. Du coup, je voulais que dans mes chansons, il y ait la présence matérielle de ces choses qui ont une incidence sur la vie ».

Sophie Hunger: « Trump provoque et fait un grand théâtre de distraction, mais derrière il est en train de détruire toutes les structures démocratiques. »

Un regard sensible qui s’accompagne également d’une réflexion politique présente dans la chanson d’ouverture de son nouveau répertoire, She makes président, écrite avant l’élection de Donald Trump : « j’ai voulu écrire une chanson qui fasse le portrait de femmes. J’avais en tête une référence de Bob Dylan qui a écrit She belongs to me et j’ai emprunté la phrase qui sert de titre dans une émission de radio parlant des élections. L’arrivée au pouvoir de Trump m’a surpris. Je ne pouvais pas croire qu’après tout ce qu’il a dit que les gens puissent l’élire. Il est malin et provoque beaucoup. En fait il fait un grand théâtre de distraction, mais derrière il est en train de détruire toutes les structures démocratiques. »

Un répertoire qu’elle dévoilera au cours d’une tournée européenne qui passera par La  Cigale (le 15 octobre) à Paris où elle ne s’est pas produite depuis près de trois ans.

Album Molécules chez Caroline Internationale. Concert  le 15 octobre à La Cigale, Paris (75018 ) 120 bd de Rochechouart. Tél : 01 49 25 81 75 http://www.lacigale.fr/

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