ArthurH1Le chanteur sort Soleil dedans. Un album voyageur écrit entre Montréal, les îles de la Madeleine, Big Sur, aux États-Unis et Paris, tourné vers l’idée d’espace. Un registre tendre, poétique et rêveur où il s’offre quelques belles envolées vocales, qu’il interprétera bientôt au Casino de Paris.

Un titre d’album, ça naît comment ?

ARTHUR H. Un peu par hasard. Soleil dedans, c’est une image qui est apparue naturellement. J’ai remarqué que je faisais beaucoup référence aux éléments, à la nature. Il y a le soleil, la terre, l’air, l’eau. C’est quelque chose de très primaire qui me fait du bien quand je suis face à la mer ou quand je vois un orage. C’est naturel. J’ai l’impression qu’automatiquement, comme on se reconnecte à une partie de nous-mêmes, on se régénère. Je trouve ça beau d’évoquer les éléments dans les chansons, ça élargit le paysage.

Vous avez écrit vos nouvelles chansons en partie aux îles de la Madeleine, loin de tout. C’est important de se retirer du monde pour trouver l’inspiration ?

ARTHUR H. Ce sont des îles perdues au milieu du golfe du Saint-Laurent. C’est sauvage, les gens sont vraiment sympathiques, disponibles. J’étais dans une cabane, face à la mer. J’écoutais de la country dans ma petite voiture de location pourrie. Je me remplissais d’air, de lumière, et j’écrivais le soir. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, plus encore qu’avant, on a besoin de s’isoler. En France, l’atmosphère est chargée, lourde. On a l’impression que tout est bloqué. C’est vrai en partie et c’est faux. En tant qu’artiste, on a envie de partager des choses bénéfiques, positives. Je le sens physiquement. Je suis très étonné quand j’arrive à Montréal, tout à coup, je me relâche parce qu’il y a plus d’espace, les gens sont plus cool. Il y a quelque chose en moi qui se calme et qui me rend plus disponible aux autres.

Vous avez toujours aimé raconter des histoires à travers vos chansons. La chanson justement est-elle un bon médium pour cela ?

ARTHUR H. Complètement, ce d’autant plus que la poésie en France a quasiment disparu. Contrairement aux États-Unis, où il y a carrément des shows de poésie, des poètes populaires. C’est quelque chose qui est pratiqué, qui a encore une valeur. La chanson, quelque part, a pris la place de la poésie. C’est une manière fabuleuse de créer des images, de toucher le cœur des gens. Ce que j’aime dans la chanson, c’est qu’elle peut s’adresser à tout le monde, même s’il y a toujours des barrières sociales. Je me suis produit un peu partout, du plus petit village aux villes, j’ai fait tous les endroits imaginables avec des publics extrêmement différents. La chanson a le potentiel de toucher tout le monde, et ça, c’est extraordinaire. Si je faisais de la poésie ou du théâtre, je n’aurais pas accès à ça.

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Comment définiriez-vous la couleur musicale de votre album ?

ARTHUR H. C’est de la chanson tout simplement qui a digéré le rock, l’électro, le hip-hop, toutes les musiques modernes. La chanson française n’a pas d’identité propre. Elle se nourrit de ce qu’elle est capable d’attraper, de digérer. Je voulais faire une musique qui génère quelque chose d’aérien, qui soit large, mystérieux, accueillant. Un espace où l’on puisse se rassembler dans un univers qui nous dépasse un peu. Dans cet esprit, naturellement, on a joué assez doucement, sobrement, et du coup on est arrivé à une couleur seventies. À l’époque, les gens étaient plus relax, mettaient plus d’espace dans la musique. Du coup, on a retrouvé cela un peu mécaniquement. C’est comme pour ma voix qui va par moments dans les hauteurs, les aigus. Je trouve qu’aujourd’hui on n’a pas à avoir des identités figées. J’ai une femme en moi, qui s’exprime parfois. La voix, c’est tellement intime, révélateur des émotions, que c’est intéressant d’essayer de la libérer. J’explore ma liberté en essayant chaque fois de repousser mes limites.

Vous avez tourné le clip la Caissière du super dans un supermarché, un lieu pas franchement poétique. Pourquoi ce choix ?

ARTHUR H. Ça a été une expérience enrichissante et traumatisante. Un supermarché, on y passe pour faire ses courses et on y reste le moins de temps possible. Là, j’y suis resté une journée pour le tournage. Dans le clip, on me voit ramper, donc j’étais à la hauteur des premiers prix de produits qu’on dispose tout en bas dans le rayon. Le pauvre doit se baisser pour prendre le produit le moins cher possible ! Je me suis aperçu de ce côté très hiérarchique, politique. Et j’ai vraiment été effrayé par la malbouffe généralisée.

l y a aussi une touche sociale dans cette chanson…

ARTHUR H. La caissière, elle se sacrifie pour que son enfant puisse grandir, manger, fasse ses études. C’est son objectif. Et en même temps, malheureusement, elle travaille autant pour la banque, pour son boss, encore plus que pour son gosse. C’est une chanson, comme ça, légère, qui évoque une réalité. Et ça naît aussi d’une tendresse pour les caissières de grands magasins qui font vraiment un travail difficile. C’est un peu de l’esclavage moderne et, en même temps, c’est aussi un instant où on peut échanger un regard, un sourire.

Album Soleil dedans, Polydor. 
En tournée à partir du 7 novembre. 
Concert au Casino de Paris le 17 décembre.

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