L’ancien chanteur de Louise Attaque aime transformer les sons en or. Après «Ginger» il sort «Orpailleur». Un album aux foisonnantes ambiances électro-pop qui le place parmi les artistes les plus inventifs de la scène musicale actuelle.
Gaëtan Roussel a l’art de transformer les sons en or. «Orpailleur hors pair» comme il le chante, il adore bricoler ses chansons dans son studio d’enregistrement et passer au crible de son tamis les compositions qui lui trottent dans la tête, en essayant de restituer le meilleur d’une pop-rock aux nombreuses pépites sonores.
Trois ans après Ginger et le tube Help Myself, qui lui a valu trois Victoires de la musique en 2011, il revient avec un deuxième album solo baptisé «Orpailleur» : «C’est un mot qui sonne bien confie-t-il. J’ai la chance d’avoir un studio, ce qui fait que l’idée de chercher est permanente chez moi. Chercheur de sons ou de sonorités, c’est quelque chose qui me plaisait et ça fonctionne dans ma démarche artistique. Et dans orpailleur, il y a «ailleurs», et cette idée de tamis, de trame dans l’album».
Gaëtan Roussel a un parcours décidément très créatif. Il a d’abord connu une première période musicale comme chanteur des groupes Louise Attaque et Tarmac. Il a collaboré avec Vanessa Paradis ou Rachid Taha. On lui doit aussi plusieurs musiques de films (Louise Michel et Mammuth de Benoît Delépine et Gustave Kervern). Et cet été aux Francofolies de la Rochelle, il a été à l’origine d’un concert remarqué, une création novatrice où il a magnifiquement revisité l’album Play Blessures d’Alain Bashung dont il fut le dernier collaborateur pour le disque Bleu Pétrole. Autant d’expériences dont il nourrit sa propre musique: «A La Rochelle, on a essayé de proposer un concert différent grâce à des outils de projections et de lumières, qui correspondaient à la distance que je souhaitais pour ne pas être trop près de l’œuvre initiale et trouver ma place. Rejouer le disque Play Blessures à l’identique en essayant de copier la voix de Bashung n’aurait pas été intéressant. Il fallait garder, dans le fond et dans la forme certaines choses qui sont primordiales, comme ce qui s’entrechoque, l’organique et le synthétique, les guitares qui peuvent lorgner du côté de Chuck Berry ou d’Alan Vega. J’en ai refait un disque au travers de cette scénographie. Cela m’a donné envie de garder ces idées pour les concerts et la tournée d’Orpailleur. Tout ça me permet d’avancer, de me décaler. C’est ma manière d’essayer de travailler par passerelle en y injectant différentes choses que je vis. »
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Une scénographie très visuelle qui a donné des envies à Gaëtan comme d’accompagner son album d’illustrations graphiques signées Hugo Blanzat. Un monde d’images qui, à ses yeux, offre la possibilité de créer des ponts entre la musique et l’art cinétique : «C’est de l’assemblage de matières. J’aimerais que ces ambiances soient présentes sur scène en vidéo. Je reste bien sûr dans l’idée de concerts à l’énergie pop-rock, mais pourquoi ne pas y inscrire des images et d’imbriquer tout cela avec la musique ?». Pour le chanteur musicien, c’est aussi une façon de proposer un langage musical scénique enrichi visuellement où on le verra évoluer au milieu de lumières et de projections tout en perspectives, profondeurs, mouvements et couleurs pop art.
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La riche matière sonore de son nouveau registre, imaginé avec Benjamin Lebeau du groupe électro rémois The Shoes, où se mêlent ambiances technoïdes, pop-rock ou dub, n’est sans doute pas pour rien dans sa manière de penser son univers : «Benjamin a une sensibilité qui me plaît beaucoup bien que nous n’ayons pas la même culture musicale. Je trouve intéressant quand les démarches se mélangent. On avait déjà travaillé ensemble sur le précédent album Ginger et on a essayé de trouver des réponses à ce que nous voulions faire pour « Orpailleur ». Quand sont nées des chansons comme « La Simplicité », « Eolienne » ou « Par-dessus tes épaules », ça m’a semblé être autre chose que ce que nous avions fait avant. En même temps, ça a permis de réinjecter plein de sons tout au long du disque, des cordes, des chœurs, de la répétition sonore, des intensités différentes avec une présence plus importante de ma voix sur certains titres». Quant aux textes, coécrits avec Pierre-Dominique Burgaud, auteur du conte musical Le Soldat Rose, avec lequel il collabore pour la première fois, ils sont comme autant de signaux poétiques permettant à l’imaginaire de s’envoler, où chacun pourra se faire son propre film, à l’image du très beau titre La Barbarie qui clôt le disque : «J’assume complètement que ce ne soit pas explicite ou explicatif. J’adore si ça tend vers le fait que ça fasse résonner des choses» dit Gaëtan. Un répertoire dansant et poétique réussi qui le place parmi les artistes pop-rock les plus inventifs de la scène musicale actuelle.
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