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«/À l’époque de ma chanson Maman, j’étais folle, cinglée ! » photo Gilles-Marie Zimmermann Agence Angela DeBona

Nina Morato  renaît à la vie par Victor Hache. Après dix-sept ans d’absence marqués par le décès de sa fille Julia, la chanteuse du tube Maman fait son grand retour avec un album élégant et émouvant où elle se livre corps et âme.

Il fallait attendre pour parler de cet album sorti cet automne, que nous ne voulions pas traiter dans un coin de page. Aujourd’hui, il est temps de donner la parole à Nina Morato, que la vie n’a pas épargnée, qui revient avec un disque élégant et sensible réalisé avec la complicité de Christophe Van Huffel (coréalisateur du sublime album de Christophe les Vestiges du chaos).

La chanteuse n’avait rien fait depuis son dernier album, Moderato (1999), paru il y a dix-sept ans. Pourquoi une aussi longue absence ? « Il y a eu une très grosse tempête dans ma vie, un tsunami énorme, un naufrage où on ne voit plus rien. » Nina Morato évoque la disparition de sa première fille, Julia, décédée dans sa baignoire à l’âge de 12 ans, en 1997 : « Elle est morte la veille d’une émission que j’enregistrais avec Jean-Louis Foulquier pour un concert, une fête qui m’était consacrée. J’ai chanté quand même. Quand on perd un être cher et qu’on doit faire face, on libère un certain nombre d’endomorphines, des trucs, qui donnent une force incroyable. »

Julia avait un père, David Christie, auteur de chansons pour Grace Jones ou Gloria Gaynor et du tube disco Saddle Up : « J’ai demandé aux médecins de faire une autopsie, confie-t-elle, et j’ai appris que Julia avait avalé une dose de somnifères très importante, somnifères que prenait son père, ce que j’ignorais. David avoua plus tard qu’il avait donné ces médicaments à Julia qui souffrait d’une oreille. » Comment est-ce arrivé ? « Cela reste un mystère. » Trois mois plus tard, le père s’est suicidé. Une période très douloureuse pour l’interprète de Maman, tube extrait de son premier album, Je suis la mieux, qui lui a valu une Victoire de la musique en 1994, année où on la vit chanter Je suis un vrai garçon façon Mylène Farmer au concours de l’Eurovision où elle termina septième : « Les enfants nous font des cadeaux quand ils arrivent dans nos vies. Finalement, aussi absurde que cela puisse paraître, quand ils partent, de pratiquer le chagrin, cela permet aussi une renaissance. Elle m’a fait un cadeau, je l’en remercie. »

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Il lui a fallu trouver la force pour revenir. Elle est aujourd’hui plus solaire avec de nouveau l’envie de sourire à la vie. Elle a pratiqué des arts martiaux afin de rester « combative », fait du cinéma et on l’a vu jouer au théâtre, endossant des rôles qui lui ont permis de « se mettre au service d’autres histoires que la sienne. C’est fantastique, ça demande beaucoup de rigueur et d’humilité ». Mais jamais elle n’a pensé abandonner la musique sans laquelle « Je meurs ! sourit-elle, chanter, c’est comme respirer. » Quand les premiers mots du titre Si tu savais sont arrivés, elle a tout de suite senti, avec cet album, qu’elle partait pour une belle aventure musicale.
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Où l’on retrouve son style mêlant variétés (Hollywood) et rock (Fleur de ma ville, reprise de Téléphone) : « Je suis faite de tout ça », observe-t-elle. Un registre marqué par la voix légèrement cassée au phrasé sensuel de la chanteuse qui s’est entourée de Bruno Maman (réalisateur de son premier disque), Matthieu Chedid avec qui elle chante Ah non, non, non et Jim Yamouridis en duo avec elle sur Fais-moi un signe. Nina parle d’amour, de l’absence de sa fille à demi-mot dans Que du feu ou Tout se dire, de désillusion et de maltraitance sur Fanfaron. Treize chansons parfois teintées de flamenco où elle se livre « corps et âme ». Un répertoire à son image, émouvant et inclassable : « Je me sens libre. À l’époque de ma chanson Maman, j’étais folle, cinglée ! Depuis que j’ai guéri mes blessures, je suis plus dans la maîtrise. »
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