Bauer

Avec Peaux 
de serpent, 
le chanteur 
signe son grand retour. Un très bel album aux guitares blues rock, qu’il a présenté hier soir au Café 
de la danse à Paris avant de partir en tournée.

Votre dernier album, Bad Cowboy, c’était en 2005. Qu’avez-vous fait durant ces presque huit ans d’absence ?

Axel Bauer. C’est curieux, mais je n’ai pas arrêté de bosser sur cet album. Ce n’est pas qu’un excès de perfectionnisme, j’ai fait beaucoup de travail de recherche. À la fin de l’album Bad Cowboy, j’avais des ­envies différentes et, notamment, un désir de retourner aux sources de l’inspiration. J’ai commencé ma carrière dans les années 1980 et une partie de ma culture musicale a été façonnée par les années 1970 avec des groupes mythiques comme les Who. Au moment de l’écriture, j’approchais de la cinquantaine, on prend conscience du temps qui passe. On a envie d’être plus carré avec soi-même, avec ce qu’on aime.

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Après avoir quitté la major Universal, vous avez tenu 
à produire vous-même votre album. Comment vivez-vous 
le fait de ne plus avoir 
de maison de disques ?

Axel Bauer. Je voulais partir d’Universal déjà en 2005. Et on ne me laissait pas partir. J’en avais marre du système des majors qui ne me convenait plus. J’avais besoin de mettre les mains dans le cambouis, d’être aux commandes du processus, de parler à mes attachées de presse en direct. Avec le système des majors, l’artiste n’est pas en prise avec la réalité, on est un peu dépossédé de sa responsabilité. On est maintenu dans son statut d’artiste qui ne fait que de la musique, qu’on protège.

Vous êtes d’un tempérament ­plutôt solitaire. La musique a-t-elle un côté refuge 
pour vous ?

Axel Bauer. Je suis perfectionniste, méticuleux. Les raisons qui ont conduit cet album à ne sortir que sept ans après sont des raisons liées au business de la musique. Pas à la création. Cela a quelque chose de bon effectivement d’avoir du temps parce que cela permet d’avoir du recul, de mieux choisir. Il y avait une vraie transformation psychologique de passer d’un contrat d’artiste en major au fait de devenir producteur. Cela prend du temps. C’est une réelle transformation.

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Votre album est assez rock avec beaucoup de guitares. 
Là aussi, c’est l’inspiration 
des années 1970 ?

Axel Bauer. Ça veut dire quoi, rock ? On fait de la musique avec ce qu’on est. Quand je prends une guitare, ce qui me vient sous les doigts, ce sont des choses qui sont enracinées dans le blues, le jazz. Rock pour moi, c’est AC/DC, mais est-ce que Kraftwerk, c’est rock ? La palette est large entre le psychédélisme, le hard-rock, le metal… J’ai surtout voulu avoir de bonnes chansons avec des bons textes. Marcel Kanche, qui pour moi est la rencontre principale de cet album, a une écriture très concise. Les phrases sont courtes, avec juste quatre ­syllabes. Techniquement, cela a orienté le disque vers quelque chose qui était plus posé vocalement, qui m’a fait descendre un peu plus vers les graves. Et toute la musique doit s’arranger autour de cela.

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Vous avez un beau duo 
avec Jean-Louis Aubert 
dans Tous les hommes 
à la mer. Quelle lecture 
faites-vous de cette 
chanson ?

Axel Bauer. Cette chanson dit que, même si on est très sollicité par l’actualité du monde qui est souvent en douleur, on est perpétuellement entre deux sentiments. Entre le fait d’être concerné et le fait que, parfois, ça fait du bien d’être juste avec un pote et de se dire pour un instant : « Allez, on oublie, on fait le vide, on passe un moment ensemble. » C’est ce que la chanson raconte un peu sur le mode de l’humour et un peu de la critique. Jean-Louis et moi, on se connaît depuis trente ans. Quand j’ai terminé l’enregistrement, je lui ai fait écouter pour avoir son avis. Souvent, il est de bon conseil. Il y avait cette chanson, Tous les hommes à la mer, et ça s’est fait très spontanément, directement dans le studio que j’ai chez moi. C’était vraiment sympa.

Que mettez-vous 
derrière le titre 
Peaux de serpent ?

Axel Bauer. Il y a l’idée de se débarrasser de quelque chose, du serpent qui mue et laisse ses anciennes peaux. C’est la transformation. Je me souviens de Nicolas Cage avec sa veste en peau de serpent dans Sailor et Lula qui dit : « C’est le symbole de mon identité. » C’est un peu le serpent à la peau dure. C’est un animal qui peut représenter la sagesse aussi. C’est rock’n’roll. Il faudrait que je vérifie sur Internet, mais il me semble qu’il y a un album de John Lee Hooker qui s’appelle Snake Skin. Il y a une évocation poétique dans ces mots qui me plaît, un côté enraciné et sur la route, en mouvement. C’est un titre assez rebelle, en fait.

Entretien réalisé par 
Victor Hache

Album Peaux de Serpent, 
distribution Lidol/Pias. Tournée jusqu’au 19 juin. Chorus des Hauts-
de-Seine le 15 avril.

Chansons fédératrices.

 Ambiances littéraires et cinématographiques à la Bashung, Axel Bauer revient avec Peaux de serpent. Un album aux guitares blues rock réalisé loin de toute pression des majors, qu’il a tenu à produire lui-même. Le chanteur de Cargo, Éteins la lumière ou À ma place avec Zazie a, depuis ses débuts, le goût de l’expérimental et des mélodies fédératrices. À l’image 
de ses nouvelles chansons
Je me souviens, Pense à nous ou Tous les hommes à la mer en duo avec Jean-Louis Aubert. Un album réussi qui est celui des rencontres avec des auteurs de choix, dont le poète Marcel Kanche, Brigitte Fontaine, Gérard Manset, Chet, Pierre-Yves Lebert et Thierry Samois. La promesse de beaux moments scéniques pour 
sa nouvelle tournée.

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