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Le chanteur américain, auteur de Walk on the Wild Side et de Perfect Day, est mort dimanche à Long Island, au nord de New York, à soixante et onze ans. Fondateur du groupe The Velvet Underground, il laisse l’image d’un artiste avant-gardiste 
à l’univers sombre 
et tourmenté.

« Lou Reed est le poète du New-York de la perversion. » Frank Zappa avait trouvé les mots pour décrire celui qui, dans les années 1970, a hanté les bas-fonds de l’Amérique. Musicien prolifique, Lou Reed laisse derrière lui l’image d’un artiste dont le parcours singulier, protéiforme embrasse aussi bien la musique que la peinture, la photo, le cinéma ou le théâtre. Figure de la contre-culture américaine, il était devenu une légende aussi insaisissable que créative. Fondateur en 1965 du groupe The Velvet Underground avec John Cale, sous l’égide de la Factory d’Andy Warhol, Lou Reed inventait un rock teinté d’une noirceur lumineuse sur un mode provoc salutaire, qui entendait faire bouger les mentalités d’une Amérique conservatrice. Lou Reed fut punk bien avant l’heure, personnage caché derrière des lunettes fumées, dont la voix grave ou rugueuse continue de fasciner et de charmer. En témoigne le tube Walk on the Wild Side, chanson aux sonorités jazzy, écrite en 1972 pour son deuxième album solo Transformer, produit par David Bowie.
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Malade, le chanteur avait subi une opération au printemps dernier. Lou Reed est mort dimanche à Long 
Island, au nord de New York, certainement suite aux « complications dues à sa greffe du foie », a indiqué son agent Andrew Wylie. Lewis Alan Reed était né le 2 mars 1942 dans le quartier de Brooklyn à New York, de parents juifs. Il étudie le piano très jeune, mais c’est la guitare qui le conduira à l’adolescence vers le rock qui remplit sa vie. Il composera des chansons qui traduisent son quotidien. À l’image de Kill Your Sons évoquant ses séances traumatisantes d’électrochocs, conseillées par un obscur psychiatre à ses parents, afin de traiter « ses attirances homosexuelles ». Reed parle de son vécu pour mieux exorciser son spleen. Il suivra des cours à l’université de Syracuse, dans l’État de New York, auprès d’un enseignant, Delmore Schwartz, qui l’encouragea en le poussant sur le chemin de l’écriture et de la poésie. Dès le début de sa carrière, il s’applique à mettre en lumière le rock et la littérature inspirée de la beat generation. « On ne peut pas expliquer la musique », disait-il. Pourtant, dans ses premiers poèmes, il fait tomber les tabous, traitant de sujets douloureux. Comme dans la chanson Heroin, où il fait part de sa dépendance à la drogue d’une voix métallique et cafardeuse. Présente sur le premier album du Velvet Underground and Nico en 1967, à la pochette mythique représentant une banane dessinée par Andy Warhol, elle reflète l’univers souvent sombre mais furieusement inventif de Lou Reed, où l’on retrouve également des chansons telles I’m Waiting for the Man ou Sunday Morning.
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Aux côtés de John Cale, Sterling Morrison, Moe Tucker ou Nico, il vivra une période artistiquement bouillonnante entre 1965 et 1970, date à laquelle il décide d’entamer une carrière solo. Une aventure musicale qui se traduira par la sortie du disque Transformer, qui contenait Satellite of Love, mais surtout deux titres qui allaient lui permettre de toucher le grand public,Walk on the Wild Side ou encore Perfect Day, qui sera repris par de nombreux groupes à l’image de Coldplay. Une chanson aux contours sentimentaux que Patti Smith interprètera magnifiquement dans son album Twelve et dont on retrouve la mélodie dans le film Trainspotting de Danny Boyle. Lou Reed aimait être en marge. Il ne rencontra pas souvent le succès commercial. Mais, son phrasé « chanté-parlé », sa vision anticonformiste de la musique feront de lui un artiste devenu culte, dont des générations de musiciens s’inspirent encore aujourd’hui.
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David Bowie, qui a produit Transformer, fut de ceux qui l’admiraient et aida le chanteur quand il était au fond du gouffre après l’échec de son premier album solo. Lou Reed, alors âgé d’un peu plus de trente ans, continue d’explorer ses tourments en musique. On se souvient ainsi de Berlin. Paru en 1973, cet album fondateur a pour cadre la capitale allemande à l’époque du mur, et campe l’histoire d’un couple, Caroline et Jim, sur le thème du désespoir sentimental. Sur fond de piano et de sa voix mélancolique, les titres Lady Day, The Kids, The Bed ou Sad Song dessinent une fresque contemporaine et noire, descente aux enfers de personnages pris dans la spirale de l’incommunicabilité amoureuse. L’enregistrement aussi original soit-il ne rencontrera pas le succès. Une malédiction de plus. Il ne fut d’ailleurs jamais joué sur scène. Mais plus de trente ans après sa création, il l’interpréta plusieurs soirs de suite en 2006 à New York, au St-Ann’s Warehouse de Brooklyn, accompagné d’une chorale et d’un orchestre classique. D’autres disques suivront au registre parfois plus radical tels Rock’n’roll Animal, Metal Machine, New York, Magic and Loss, Set the Twilight Reeling, Ecstasy ou The Raven.

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Entre rêverie crépusculaire et riffs de guitare, il multipliait les expériences artistiques. Toutes les disciplines l’intéressaient, de la littérature de William Burroughs au pop art d’Andy Warhol. Au sein de la Factory, lieu de création new-yorkaise foisonnante où se croisaient la musique, la danse, la peinture ou les arts plastiques, il aura été au cœur d’une démarche avant-gardiste. L’esprit en effervescence, il savait dresser des passerelles entre le rock underground, l’art contemporain et le spectacle vivant. Il avait joué au cinéma dans Si loin, si proche de Wim Wenders, écrit pour le Théâtre Poetry, hommage à Edgar Allan Poe, mis en scène par Bob Wilson. On l’avait vu aussi à Pleyel dans The Yellow Pony and Other Songs and Stories aux côtés de son épouse Laurie Anderson. Leur premier spectacle ensemble. Entre tendresse et côté sombre de Lou Reed, l’émotion était au rendez-vous. Comme toujours chez cet artiste dont la vie tumultueuse avait été l’objet d’un documentaire, Rock’n’roll Heart, présenté en 1998 à Sundance, festival nord-américain créé par Robert Redford.

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