Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Prix Renaudot 2025 pour « Je voulais vivre » 

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre a remporté le Prix Renaudot 2025 pour son roman "Je voulais vivre". © Jean-François Paga

Le Book Club de We Culte. Bravo Adélaïde de Clermont-Tonnerre pour ce Prix Renaudot qui vient couronner une triple performance : la remise à l’honneur du roman de cape et d’épée, l’ajout d’une note féministe à une œuvre qui en manquait cruellement et le style éblouissant de son roman Je voulais vivre, qui nous offre un vrai bonheur de lecture. Chapeau bas !

Adélaïde de Clermont-Tonnerre : Avec « Je voulais vivre », un roman au style éblouissant, l’autrice nous offre un vrai bonheur de lecture

Adelaïde de Clermont-Tonnerre présente « Je voulais vivre » © Production Librairie Mollat

Formidable roman, Je voulais vivre commence par la fin, ou la supposée fin. Après une arrivée fracassante, ceux que Dumas a appelé les trois mousquetaires, mais finiront par être quatre, d’Artagnan, Olivier de La Fère devenu Athos, Porthos et Aramis, accompagnés de Percy de Winter et toute une escouade, viennent arrêter Milady et la condamner à mort.

S’ils sont unanimes dans leur sentence, c’est qu’ils ont tous eu maille à partir avec Charlotte Backson ou Anne de Breuil ou Lady Clarick ou encore Milady de Winter, pour ne reprendre que les principaux noms portés par cette femme restée longtemps insaisissable.

On la découvre alors qu’elle n’a que six ans, au moment où elle trouve refuge auprès du père Lamandre, après avoir assisté au massacre de sa mère et de sa nourrice. L’ecclésiastique va prendre soin d’elle et assurer son éducation. Avec le soutien de religieuses, il lui apprend à lire et met à sa disposition une bibliothèque richement garnie.

Plus tard, elle prendra des cours d’équitation, apprendra l’anglais, les secrets des plantes et l’escrime. Un solide bagage qui vient s’ajouter à un physique des plus séduisants et causer des ravages auprès de la gent masculine.
Si Adélaïde de Clermont-Tonnerre a choisi de remplir les blancs de la destinée de cette femme fascinante, elle n’oublie pas de nous faire revivre les les épisodes les plus marquants imaginés par Dumas, à qui elle rend un hommage appuyé.

On retrouve cette agression ignominieuse dont elle a été victime et la marque de la fleur de lys au fer rouge qui entraînera son mari à vouloir sa mort ou encore l’épisode des ferrets de la reine et le scandale d’État que ces bijoux auraient pu provoquer. Mais l’essentiel est ailleurs.

Si Dumas, dans sa trilogie « Les trois Mousquetaires », « Vingt ans après » et le « Vicomte de Bragelonne », fait de Milady une ennemie fascinante, sans foi ni loi, le portrait se nuance ici de bien d’autres détails et refuse une vérité trop manichéenne. Non, les choses ne sont pas aussi évidentes. Les personnages, à commencer par celui de Milady, sont bien plus riches et complexes.



Bien entendu, on pourra ajouter une note féministe à ce roman qui fait entendre une voix de « femme au temps des hommes », mais à mon sens l’essentiel est ailleurs. Il est dans le plaisir que l’on prend à lire ce roman de cape et d’épée qui fait resurgir les bonheurs de l’enfance, à laisser notre imagination vagabonder sur grand écran.

Car je gage que chaque lecteur « verra » sa propre adaptation – avant peut-être qu’un cinéaste ne s’empare de cette formidable histoire – en lisant ce roman plein de bruit et de fureur, de passion et d’aventures. En refermant le livre, un seul regret, celui de constater qu’Adelaïde de Clermont-Tonnerre se fait trop rare. Espérons qu’il ne se passera pas quatre à cinq ans avant son prochain roman, comme entre Le Dernier des nôtres (2016), Les Jours heureux (2021) et celui-ci.

Henri-Charles Dahlem

  • Je voulais vivre Adélaïde de Clermont-Tonnerre. Éditions Grasset. Roman, 480 p., 24 €. Paru le 20/08/2025

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A propos de l’autrice

Adélaïde de Clermont-Tonnerre
Adélaïde de Clermont-Tonnerre © Photo Jean-François Paga

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, ancienne élève de l’École normale supérieure, est journaliste et romancière. Fourrure (Stock) a été récompensé par cinq prix littéraires, dont le prix des Maisons de la Presse et le prix Sagan, suivi par Le Dernier des nôtres (Grasset), Grand Prix du roman de l’Académie française 2016, traduit en dix langues. Les Jours heureux (2021), prix Cabourg du roman et Je voulais vivre (2025). (Source : Éditions Grasset)


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