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"La Tresse" : Smita (Mia Maelzer) et sa fille Lalita (Sadja Pathan) font le voyage vers le sud de l'Inde pour rejoindre leur famille et échapper à la misère (©SND).

Sortie cinéma. Trois femmes, sur trois continents, qui luttent chacune contre l’adversité sans jamais baisser les bras: c’était la trame du premier roman de Laetitia Colombani, « LA TRESSE », devenu un best-seller. L’autrice-réalisatrice n’a laissé à personne le soin de l’adapter au cinéma et d’en faire un film à grand potentiel émotionnel, qui sort ce mercredi 29 novembre sur les écrans.


« La Tresse » est le troisième film de l’autrice-réalisatrice Laetitia Colombani


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« La Tresse » : un film de Laetitia Colombani

Dans le nord de l’Inde, Smita (Mia Maelzer), est une Intouchable: on lui assigne les tâches les plus ingrates, comme nettoyer les latrines des castes supérieures. Contre l’avis de son mari résigné, elle a économisé pour envoyer leur fille à l’école, mais quand celle-ci est humiliée par le maître, elle décide de partir avec elle pour fuir la misère et trouver refuge dans sa famille dans le sud du pays. Le voyage sera fait d’obstacles, de dangers et de désillusions…

Palerme et Montréal

À Palerme, Giulia (Fotini Peluso), jeune femme d’une vingtaine d’années, travaille dans l’atelier de son père, qui recycle des cheveux pour fabriquer des perruques. Mais quand son père tombe dans le coma après un accident, elle découvre qu’il était couvert de dettes. L’avenir de l’atelier, où travaillent une dizaine de femmes, et celui de la maison familiale, où elle vit avec sa mère et ses deux sœurs, sont menacés…

À Montréal, Sarah (Kim Raver), mère divorcée d’une adolescente de 16 ans et de deux jumeaux de 10 ans, combine harmonieusement vie familiale équilibrée et parcours professionnel brillant. Elle est avocate d’affaires dans un grand cabinet, appréciée de son patron et promise à une importante promotion. Tout lui sourit jusqu’au jour où elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein –et décide de ne pas en parler à ses collègues et à ses enfants…

Milieux sociaux différents

Des rives du Gange aux gratte-ciels du Canada en passant par les petites églises de Sicile, on suit en alternance les histoires de ces trois femmes de pays et de milieux sociaux différents, qui ont en commun la volonté de se sortir des difficultés dans lesquelles le destin les plonge. En Inde, « il vaut mieux naître vache que femme. Les vaches sont mieux traitées », dit à un moment, sur le quai d’une gare, une Indienne à Smita.

Dans son livre et son film, Laetitia Colombani a voulu rendre hommage à la résilience et au courage des femmes, partout dans le monde. « C’était mon objectif premier. Montrer leur combat quotidien, raconter les inégalités, très visibles en Inde ou plus insidieuses au Canada, et dire à quel point la sororité peut être l’issue de secours. C’est une valeur en laquelle je crois », explique-t-elle dans une récente interview à l’hebdomadaire Fémina.

Troisième film

C’est le troisième film de Laetitia Colombani, 47 ans, après À LA FOLIE, PAS DU TOUT (2002, avec Audrey Tautou et Samuel Le Bihan) et MES STARS ET MOI (2008, avec Catherine Deneuve et Kad Merad). Pendant une quinzaine d’années elle a aussi tourné des courts-métrages, a coécrit des scénarios et a interprété de petits rôles. Puis en 2017 elle a publié son premier livre, LA TRESSE (Ed. Grasset), qui a fait un carton: traduit dans 40 langues, il s’est vendu à 5 millions d’exemplaires.

Une quinzaine de producteurs l’ont contactée après ce succès, et c’est tout naturellement qu’elle a décidé de réaliser elle-même l’adaptation de son best-seller. Le tournage s’est déroulé sur trois continents, en trois langues (hindi, italien et anglais). « Je l’ai vécu très intensément car j’ai eu le sentiment de réaliser trois films en un », raconte-t-elle. « Mon précédent film datait de 2008 et j’ai eu l’impression de rattraper le temps perdu tant ce tournage était foisonnant et ample ».

Mélo

La misère, la mort, la maladie: les circonstances sont successivement réunies, dans les trois histoires, pour tirer le récit vers le mélo et faire naître la larme à l’œil –avec une jolie fin, qui explique le titre et le lien unissant ces trois femmes. Mais le film équilibre son surplus d’émotion par cet intéressant triple portrait de femmes et un message d’un féminisme fort et tranquille.



« Je suis maman d’une petite fille et je pense à elle, au monde dans lequel elle va grandir », explique la réalisatrice. « Les injustices commises envers les femmes me révoltent, mais j’ai à cœur de valoriser le vivre-ensemble. On me demande souvent si mon récit est féministe: bien sûr, dans la mesure où il donne la parole aux femmes. Cependant, la guerre des sexes me dépasse, car c’est ensemble que l’on peut essayer d’agir pour une société plus juste ».

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Si tu nages avec les requins, il vaut mieux ne pas saigner » (Sarah, pour dénoncer la concurrence entre cadres supérieurs).


  • A voir :« LA TRESSE » (France, 2h00). Réalisation: Laetitia Colombani. Avec Mia Maelzer, Fotini Peluso, Kim Raver (Sortie 29 novembre 2023)

cinégong logoRetrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong


 

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