Livre. Reine incontestée et incontestable du polar scandinave, Camilla Läckberg signe, avec « Des ailes d’argent », un nouveau roman aussi implacable qu’impitoyable.
Une fois encore, Camilla Läckberg, la romancière reine du polar suédois frappe fort, vise juste. C’est doux, c’est impitoyable… Furieusement machiavélique, délicatement féministe. Avec, en prime ultime, une bonne dose d’immoralité !
D’emblée, nous voilà prévenus : « La vengeance d’une femme est douce et impitoyable ». Ces mots pour le sous-titre de Des ailes d’argent, le nouveau roman de la Suédoise Camilla Läckberg, 46 ans et star du polar scandinave. Un roman qui emmène le lecteur, dans un premier temps, en Italie pour y retrouver Faye, héroïne de La Cage dorée (2019). Elle s’y est retirée avec sa mère et sa fille, y développe sa société de cosmétiques Revenge- une « petite société qui ne connaît pas la crise » et qui lui a assuré une vie aussi confortable que luxueuse mais conduit son mari Jack en prison pour malversation.
L’affaire s’emballe quand, au moment où elle s’apprête à lancer une filiale aux Etats-Unis, Faye doit rentrer au plus vite en Suède : une OPA a été lancée sur sa société. Elle va découvrir que nombre de ses proches sont dans le coup- dont son mari ? Va-t-elle perdre ce pour quoi elle s’est battue pendant si longtemps ? Et puis, en parallèle, Camilla Läckberg développe une deuxième histoire : la vie personnelle de Faye qui s’est promis de ne pas retomber sous la coupe d’un homme. Mais il y a David, ce bel homme qui va l’aider, avec plusieurs amies et employées, à (tenter de) trouver une solution- mais est-il sincère, dans cette histoire doucement sulfureuse avec des touches de « Cinquante nuances de Grey » ?
Et puis, il y a ces « ailes d’argent » ce tour de cou que, adolescente, Faye a reçu en cadeau de sa mère, femme battue par son mari… Une fois encore, la romancière reine du polar suédois frappe fort, vise juste. C’est doux, c’est impitoyable… Furieusement machiavélique, délicatement féministe. Avec, en prime ultime, une bonne dose d’immoralité ! Et, en creux dans tout le roman, cet avertissement lancé une nouvelle fois par Camilla Läckberg : la révolution féminine (féministe ?) est en marche, et rien ne l’arrêtera…
Serge Bressan
- A lire : « Des ailes d’argent » de Camilla Läckberg. Traduit par Rémi Cassaigne. Actes Sud– 320 pages, 22,70 €.
Extrait « Des ailes d’argent »
« Elle avait fait de son mieux pour être polie, avait posé des questions dans son mauvais anglais, mais ils avaient continué à se taire en la fixant. Dans la voiture, sur le chemin du retour, Malte lui avait dit que les Suédois n’aimaient pas trop parler.
Même si elle avait pu s’enfuir, Malte s’était assuré sa soumission par d’autres moyens. À l’insu de Victoria, durant les premiers mois, il avait systématiquement filmé leurs ébats. Il l’avait prévenue : si elle disparaissait, les vidéos seraient postées sur des sites pornos, en particulier russes ».