Un P’tit truc en plus
"Un P’tit truc en plus" : L’équipe du film au festival de Cannes, le 22 mai 2024. | AFP

Cinéma/« Un P’tit truc en plus ». Avec plus de 4,5 millions d’entrées depuis sa sortie début mai, « Un P’tit truc en plus », le premier film de l’humoriste et acteur Artus est assurément le plus gros succès de l’année au cinéma. Une comédie tendre et pleine d’humour qui dépasse toutes les prévisions et que le public plébiscite, touché par cette histoire jouée avec beaucoup de talent par des acteurs handicapés. Un film qui pourrait bien faire avancer la cause des personnes en situation de handicap en France, un sujet encore tabou.

C’est un véritable phénomène de société. Le film « Un Pt’it truc en plus » dépasse toutes les prévisions, avec plus de 4,5 millions d’entrées depuis sa sortie début mai, devant « Dune 2 » (4,1 millions d’entrées) . Comment expliquer un tel succès et pourquoi les Français sont bouleversés par cette histoire interprétée avec beaucoup de talent par des acteurs en situation de handicap ? Sans doute, parce que cette comédie signée de l’humoriste et acteur Artus, dont c’est le 1er film, met le doigt sur le handicap, un sujet tabou sur lequel tout le monde ferme les yeux.

Le réalisateur a eu l’audace, avec ses compagnons, Clovis Cornillac, Alice Elaïdi, Céline Groussard, les producteurs Thierry Wong et Pierre Forette, de faire un film hors des sentiers battus. Avec un parti-pris, celui de faire jouer des personnes handicapées dont les visages illuminent l’écran, que l’on voit sourire malgré les difficultés de la vie et qui font preuve d’humour à tout instant.

« Un P’tit truc en plus » tire la sonnette d’alarme, sans être larmoyant. Au contraire, il y a beaucoup d’empathie ici et c’est ce qui touche les spectateurs, qui n’ont pas boudé leur plaisir en allant voir le film, notamment en région où il connait un engouement avec un taux de fréquentation en salles nettement supérieur à celui de Paris.

Personne ne s’y attendait et encore moins certains critiques de cinéma qui ont été les premiers à manquer d’enthousiasme au moment de la sortie du film.

Les mentalités seraient-elle en train de changer ? Il semble en tout cas que les spectateurs aient besoin d’histoires humanistes qui parlent de la vraie vie simplement, à l’image des encadrants montrés dans le long métrage d’Artus qui s’occupent des personnes handicapés avec amour et dévouement.

Un thème fédérateur, comme en témoignent les succès des films comme “Rain Man” (1988), « Forrest Gump » (1994), “Intouchables” (2011) ou encore “Hors Normes” (2019)



Un P’tit truc en plus
« Un P’tit truc en plus » : Arthus et Arnaud Toupense, l’un des acteurs en situation de handicap (c) David koskas/Ciné Nomine/M6 Films

On n’aurait pourtant pas parié sur ce scénario simple et un peu loufoque qui met en scène une bande d’adolescents handicapés mentaux dans une colonie de vacances parmi laquelle deux braqueurs en cavale viennent s’y cacher.

Artus réussit une comédie décalée avec un Clovis Cornillac bougon souvent dépassé par les situations, qui peu à peu se prend d’affection pour ces gamins handicapés.

Il faut aller voir ce bijou, chaleureux, plein de bienveillance. On ressort de la salle meilleur qu’avant, en ayant découvert que l’humoriste Artus va compter désormais parmi les réalisateurs français à suivre.

A aucun moment il ne donne de leçon, ce qui est rare au cinéma ou à la télévision. Il pointe les problèmes de l’intégration des handicapés mentaux en leur faisant jouer leur propre rôle dans une comédie où rien n’était gagné d’avance.

Onze acteurs et actrices handicapés qui interprètent chacun leur personnage avec gouaille, malice et tout leur cœur et leur amour. Un film réussi qui n’est pas sans rappeler trente ans après, la bonne humeur et la drôlerie de « Scout toujours », de Gérard Jugnot, et ce dévouement que la plupart des gens ne connaissent pas et qui étonne toujours à notre époque, même si son casting ne comptait pas de comédiens handicapés.

Artus et ses amis ont brillé en montant les marches du Festival de Cannes, le réalisateur portant dans ses bras un des acteurs de son film. Le phénomène est tel que Emmanuel Macron prévoit de recevoir l’équipe du film à l’Elysée, courant juin. A quand de véritables changements dans la société pour aider les personnes en situations de handicap à vivre avec plus de facilité dans nos villes, qui sont encore trop souvent un parcours d’obstacles ?

Quant à Artus, il souhaite créer des centres de vacances reprenant la philosophie de son film, avec des expériences inclusives et divertissantes pour les personnes en situation de handicap. Bravo !

Jane Hoffmann

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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