basquiat a la philharmonie
Basquiat à la Philharmonie de Paris/Basquiat, New York, 1985 - © Ben Buchanan / Bridgeman Images

Exposition/Musique. Il fut aussi DJ occasionnel, clarinettiste dans un groupe expérimental, producteur d’un morceau de rap: la Philharmonie de Paris expose tableaux et dessins de l’artiste peintre américain Jean-Michel Basquiat mis en relation avec les musiques de sa vie. Jusqu’au 30 juillet 2023.


Basquiat à la Philharmonie de Paris : une exposition événément sur la relation du peintre américain à la musique


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Basquiat à la Philharmonie de Paris/ Jean-Michel Basquiat, King Zulu, 1986, MACBA, Barcelone © Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York

Le ton est donné dès l’entrée de « Basquiat Soundtracks« , du 6 avril au 30 juillet. Le tableau grand format de l’artiste frappé du mot « Opéra » (oeuvre « Anybody speaking words », 1982) jouxte la cartographie des boîtes de nuit qui secouent le New York de la charnière 1970/80. Jean-Michel Basquiat, né dans cette ville, les fréquentait assidûment, souvent sur le dancefloor, parfois derrière les platines.

« Basquiat ne s’interdisait rien. Il écoutait autant Beethoven, la Callas, que Blondie, du rap ou Louis Armstrong », raconte Vincent Bessières, un des trois commissaires de l’exposition. Elle s’articule autour de quelque 70 oeuvres signées de Basquiat (sans rapport, donc, avec l’autre exposition parisienne du moment, « Basquiat x Warhol, à quatre mains » à la Fondation Louis Vuitton).

Différentes musiques, du hip-hop au classique, et des sons typiques de la Grosse Pomme, comme le bruit du métro, escortent le visiteur au cours de sa déambulation. « On a mis la musique en mouvement dans l’exposition, car Basquiat n’était pas quelqu’un qui compartimentait les choses », précise Vincent Bessières.

– Madonna, Debbie Harry –

L’artiste est lui aussi en mouvement, puisqu’on le voit au détour d’une salle, dans un extrait de film, marcher, clarinette à la main, devant des cinés porno. Ou, bombe en main, taguer d’un slogan-mantra, typique de son oeuvre, un mur décrépi.

Des images fusent de postes de télévision empilés, rappelant que l’époque était celle de l’explosion du vidéo-clip. Une pastille de MTV le montre d’ailleurs en train de peindre en compagnie du musicien franc-tireur américain Arto Lindsay.

Les visages du cercle de l’artiste défilent sur des Polaroid. On y reconnaît dans leurs jeunes années Madonna, qui fut une de ses petites amies, ou Debbie Harry, chanteuse de Blondie (Basquiat fait de la figuration dans leur clip de « Rapture »).

L’ambiance club transpire dans plusieurs alcôves de l’exposition. Parmi des images en mode stroboscope, on voit Boy George, « so British », théière et tasse en main dans le tumulte d’une boîte de nuit.

Partout, la musique entre en résonance avec le travail de Basquiat. Les références à Charlie Parker, génie du jazz, se retrouvent dans plusieurs accrochages. « La musique est une des clés pour mieux comprendre sa démarche, son travail », souligne M. Bessières.

– Thelonious Monk, Vincent Gallo –

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Basquiat, « Toxic, 1984 », Fondation Louis Vuitton, Paris. Estate of Jean-Michel Basquiat. Graphisme : H5 – Artestar, New York

Un écran tactile permet de découvrir les musiciens qui sont à la source du tableau « King Zulu » (1986). Racisme et préjugés touchant les artistes noirs affleurent. Une de ses oeuvres s’inspire des déboires du jazzman Thelonious Monk en 1958 avec la police en raison de sa couleur de peau.

La musique, Basquiat en écoutait, dans son loft-atelier (collection de près de 3.000 vinyles), en club, mais il la pratiquait aussi. Il fut ainsi brièvement leader et clarinettiste de Gray, groupe expérimental où on trouvait aussi le jeune Vincent Gallo, bien avant de devenir un acteur connu.



Basquiat a même produit pour son ami le rappeur new-yorkais Rammellzee un titre, « Beat Bop », en 1983, dont il dessine aussi la pochette.

« Il y a aussi cette idée qu’il se servait d’éléments, de photocopies par exemple, pour ses tableaux. Un procédé qui rappelle celui des samples, ces bouts de musique qu’on découpe, qu’on superpose, qu’on étire », confie le musicien français Chassol, un des artistes du cycle de concerts-événements présentés à la Philharmonie en parallèle de l’exposition.

Parmi la programmation, on note, entre autres, Mos Def, rappeur américain qui se fait appeler aujourd’hui Yasiin Bey.

Le 12 août 1988, Basquiat est retrouvé mort d’une overdose à 27 ans dans son loft new-yorkais. Le soir même, il devait assister aux concerts des groupes de rap Run-DMC et Public Enemy.

Avec (Afp)

  • A voir : exposition « Basquiat Soundtracks« , du 6 avril au 30 juillet 2023. Philharmonie, 221 Av. Jean Jaurès, 75019 Paris

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