Le groupe pop-électro franco-britannique François and The Atlas Mountains va faire dialoguer musique et patrimoine et dévoiler samedi 19 mai 2018 une création sonore autour de la Tapisserie de l’Apocalypse de Jean, chef d’œuvre de l’art médiéval unique au monde. Une expérience originale à vivre au Château d’Angers dans le cadre de la Nuit européennes des musées.

Comment est née l’idée de projet de création autour de la Tapisserie de l’Apocalypse du château d’Angers?

François Marry : On avait été inspiré par cette tapisserie à l’occasion d’une visite où on jouait au Chabada, scène qui nous a accueillis plusieurs fois et a toujours été bienveillante avec nous. Un jour, on est allé voir cette immense tapisserie qui mesure 100 mètres de long et près de 6 mètres de haut, plongée dans la pénombre d’une grande galerie. C’est une expérience très immersive. Une scène de l’Apocalypse représentée dans la tapisserie m’a d’ailleurs inspiré un morceau Apocalypse à Ipsos qui est sur notre dernier album Solide Mirage (2017). Le Chabada, lorsqu’il a eu la possibilité de créer un événement spécial avec la Nuit des Musées a pensé à nous inviter parce que nous avons toujours aimé cette toile.
Que raconte la tapisserie?
François Marry : C’est une œuvre du XIVème siècle monumentale. Il faut s’imaginer un grand couloir en forme de L qui lui est entièrement dédiée. Elle est composée de toute l’iconographie médiévale qu’on connait avec des créatures, des chevaux, des lions, des dragons à sept têtes, des chevaliers, des anges…Elle suit les visions de Jean, l’auteur présumé de l’apocalypse, qui est le dernier texte du nouveau testament. Elle témoigne des fléaux qui se répandent sur terre, de la discorde qui est semée parmi les hommes qui sont représentées par ces fameuses grenouilles crachées par des monstres. Ça représente des gens qui s’adressent aux sept églises d’Asie. On voit les quatre chevaliers qui sortent du livre des révélations dont les anges ouvrent les sceaux. C’est tout l’imaginaire biblique de l’apocalypse.
Qu’allez-vous jouer précisément ?
François Marry : On a choisi une matière sonore au traitement électronique, avec une installation de sept enceintes en multidiffusion qui permettront de faire circuler le son dans la pièce. L’idée est de faire de la musique pour les visiteurs de l’expo et d’accompagner l’impression et la vue qu’offre la déambulation. On ne fait pas un album, ni une captation vidéo. C’est vraiment une expérience visuelle et musicale in situ, dans le lieu-même de la galerie.
Doit-on y voir une démarche spirituelle de votre part ?
François Marry : C’est un grand mot. En fait, j’ai toujours été attiré par cette utilité-là de la musique de faire voyager l’esprit. Si le terme spirituel défini cela, je pense que ce sera le cas.
En tant que musicien, vous sentez-vous porté par les lieux chargés d’histoire ?

Quels sont vos projets ?
François Marry : Je viens de terminer l’enregistrement d’ un album qui sortira cet automne de mise en musique de huit poèmes des Fleurs du mal de Charles Baudelaire .
Là encore une expérience particulière…
François Marry : J’aime les expérimentations sonores. Je pense que ça vient aussi du contexte dans lequel la musique circule aujourd’hui. L’habitude qui veut qu’un groupe sorte des albums et fasse ensuite des tournées, est un peu remis en question par les nouveaux modèles économiques. La musique est là pour traduire une expérience, pas pour devenir un principe industrialisé. Mon nouvel album, je vais le tourner mais pas forcément dans des Fnac ou dans des salles de concerts. L’idée est de proposer une matière qui puisse être jouée dans des lieux de lecture, par exemple. Le fait de travailler pour des cas spécifiques me parle beaucoup.
Entretien réalisé par Victor Hache







