chronique d'une liaison passagèree
"Chronique d'une liaison passagère " : Charlotte (Sandrine Kiberlain) et Simon (Vincent Macaigne) entretiennent une liaison qu'ils pensent passagère, sans songer au grand amour ou au lendemain (©Pyramide Distribution).

[Sortie cinéma] Dans le cinéma français, c’est le réalisateur qui badine régulièrement avec l’amour depuis une vingtaine d’années et raconte des histoires de couples ou de trios sentimentaux ou de quatuors romantiques, avec des personnages qui échangent dialogues délicieux et élans du cœur. Pour son nouveau film « Chronique d’une liaison passagère » qui sort ce mercredi 14 septembre, Emmanuel Mouret a réuni un duo charmant, Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne.


« Chronique d’une liaison passagère » ou l’art de parler d’amour


chronique d'une liaison passagère
« Chronique d’une liaison passagère » : Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne

« J’avoue j’en ai bavé pas vous, mon amour »: cela commence, pendant le générique, par La Javanaise interprétée par Juliette Gréco. Puis dans un bar, après une soirée dans laquelle ils se sont embrassés, deux personnages échangent des dialogues à la Woody Allen, drôles et légers mais dans le jeu de la séduction.

Charlotte et Simon

Et Charlotte (Sandrine Kiberlain) finit par dire à Simon (Vincent Macaigne): « On va boire un verre ou deux, mais je ressens une envie irrésistible de faire l’amour avec toi ». Aussitôt dit, aussitôt fait, elle le ramène chez lui, même s’il trouve cela un peu rapide.

Charlotte, documentaliste, est mère célibataire de deux enfants. Simon, thérapeute spécialisé dans la préparation à l’accouchement, est marié et père de trois enfants. Tous les deux vont se revoir régulièrement, mais en s’interdisant de tomber amoureux et de faire des plans d’avenir.

Pas d’engagement

C’est surtout Charlotte qui insiste sur le caractère charnel de cette relation et se moque que Simon soit marié et aime sa femme. « On ne fait pas de plan sur la comète », dit-elle car, pour elle, « la passion, ça n’a rien à voir avec l’amour ».

Pas d’engagement, pas de sentiment amoureux, pas de projection dans le temps: vivre le présent sans penser aux autres ou à l’avenir, cela leur convient. Mais le temps passe, ils sont bien ensemble, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité. Combien de temps cette liaison volontairement passagère va-t-elle durer?



Succession de lieux

Dans un musée, dans un jardin public, dans l’appartement d’un ami, chez Charlotte, sur le lieu de travail de Simon, au badminton, ensemble sous la douche, en voiture en forêt, à vélo dans la campagne, dans une librairie: Emmanuel Mouret multiplie les lieux où les deux amants se voient, en une succession de petits chapitres, et tous les deux sont de chaque scène du film. « Ce que je trouvais particulièrement excitant dans ce projet est le fait qu’on ne s’intéresse qu’aux moments où les deux amants se retrouvent », explique-t-il.

Et la plupart du temps, Charlotte et Simon ne font pas l’amour mais parlent, parlent, parlent. « J’aime l’idée que mes personnages aiment autant parler que faire l’amour », dit le réalisateur. « Parler, c’est se raconter, se chercher, se découvrir dans le regard de l’autre. Quand on s’aime, on a envie de découvrir l’autre et de se dévoiler. C’est une façon de se mettre à nu et de s’entrelacer ».

Dialogues savoureux

Des dialogues savoureux, délicats, intelligents voire intellos, parfois drôles, bien ciselés (parfois trop): c’est l’un des plaisirs que s’offre et offre régulièrement aux spectateurs Emmanuel Mouret, 52 ans, dont c’est le 11e film comme réalisateur depuis LAISSONS LUCIE FAIRE! en 2000 (il a aussi joué dans 7 d’entre eux).

Cette CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE est dans le droit fil de ses films précédents, dont les récents Caprice (2015), Mademoiselle De Joncquières (2018) ou Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020). Il n’y a pas de fausse ironie au second degré, les personnages expriment des sentiments purs et simples, les différentes facettes de l’amour sont évoquées, et le film entretient un suspense sentimental tout en s’offrant un rebondissement inattendu, vers la fin, dont Emmanuel Mouret est coutumier.

Couple d’acteurs exquis

Tout cela est plaisant et agréable à voir, loin des films violents, tirés d’histoires vraies ou truffés d’effets spéciaux. Et tout cela est bien sûr porté par un couple d’acteurs exquis: Sandrine Kiberlain en femme libre et moderne, superbe dans la diversité de ses rôles ces dernières années (Mon Bébé, Un autre monde); et Vincent Macaigne (déjà vu dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait), débarrassé de ses personnages de losers pleurnichards pour incarner ici un amoureux un peu transi, maladroit et touchant.

Car dans cette liaison éphémère, et quelque fin qu’il aient pu en imaginer (et les spectateurs avec eux), Charlotte et Simon finiront par se rendre compte que le sentiment amoureux était bien présent, qu’ils l’eussent voulu ou non. « Ne vous déplaise, en dansant La Javanaise, nous nous aimions, le temps d’une chanson »…

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « On ne vit que des dernières fois. Les choses changent en permanence » (Sandrine Kiberlain).

  • A voir : « Chronique d’une liaison passagère » (France, 1h40).Réalisation: Emmanuel Mouret. Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet (Sortie le 14 septembre 2022)

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