Roman. Surnommé « roi de l’horreur », l’Américain Stephen King enchaîne les best-sellers depuis près de cinquante ans et compte plus de 100 millions de lecteurs dans le monde. Il publie un nouveau roman, « L’Institut » – une plongée dans un monde totalitaire…
Ce nouveau roman de Stephen King, c’est une vertigineuse plongée dans un monde totalitaire- qui, par de nombreux points, n’est pas sans rappeler le nôtre… Avec son art parfaitement du « page turner », King manie le fantastique et l’horrifique avec un plaisir non feint
Un avertissement, tout simple : » Selon le Centre national pour les enfants disparus et exploités, environ 800 000 enfants disparaissent chaque année aux Etats-Unis. La plupart sont retrouvés. Des milliers ne le sont pas « … Un avertissement, donc, en ouverture de « L’Institut », le nouveau roman de Stephen King. A 72 ans, l’écrivain américain surnommé « le roi de l’horreur » reste fidèle à sa réputation de « stakhanoviste de l’édition » – lui qui, depuis près de cinquante ans, publie au moins un livre (toujours bien épais) chaque année, sans parler des adaptations et autres scénarios qu’il écrit… Cette fois, avec « L’Institut », il emmène le lecteur à Minneapolis (Minnesota) et trente-six ans après « Ça » – un de ses chefs-d’œuvre, il renoue avec des enfants pour personnages principaux.
Après avoir cité le « Livre des Justes » (chapitre 16) et Matthieu (chapitre 18), King glisse une citation de Paul Simon : « Vous pouvez en rire, vous pouvez crier si vous voulez, de toute façon, vous perdez « … Et nous voilà au milieu d’une nuit. Des individus se glissent dans une maison, y assassinent le père et la mère et kidnappent le gamin, Luke Ellis, » le gamin intelligent « comme l’indique le titre du deuxième chapitre du roman- à 12 ans et surdoué, il s’apprête à intégrer deux universités ! Mieux encore : il sait également, par la seule force de sa volonté, déplacer des choses comme des pages d’un livre quand il est contrarié- dans la famille Ellis, le don du gamin demeure un sujet tabou… Un peu plus tard, Luke se réveille. Il est à l’Institut, dans une chambre qui ressemble à celle qu’il occupe dans la maison familiale- un détail : cette chambre dans l’Institut n’a pas de fenêtre. Un couloir, d’autres portes, d’autres chambres, d’autres enfants et adolescents, tous doués de talents de télépathie ou de télékinésie… ils sont dans le Front Hall, là où, s’ils réussissent une batterie de tests, ils recevront des jetons leur permettant d’accéder aux distributeurs de boisson et aux ordinateurs dans le Back Hall, puis ils pourront rentrer chez eux, dans leurs familles- du moins, c’est ce que leur promet Mme Gladys Sigsby, la directrice aussi peu sympathique que furieusement sinistre.
https://www.facebook.com/stephen.king.france/videos/1324156624612456/
A Luke, elle dit : « Je vais te donner un bon conseil ». On lit : « Gladys ne souriait plus. « Tu dois comprendre que tu es ici pour servir, Luke. Cela signifie que tu vas devoir grandir, et vite. Apprendre à être réaliste. Tu vas subir certaines choses. Certaines pas très agréables. Tu peux faire un bon petit gars et recevoir des jetons, ou choisir d’être mauvais joueur et ne rien avoir du tout. Ces choses auront lieu quoiqu’il arrive. Alors, qu’est-ce que tu choisis ? Ce n’est pas très difficile. Luke ne répondit pas. Le sourire de Gladys réapparut malgré tout. Ce sourire qui disait : Suivez-moi, monsieur, je vais vous conduire à votre table « … Faut-il préciser que, jusqu’alors, aucun enfant ou adolescent n’a réussi à rentrer chez lui ? Alors, Luke a décidé que, pour lui, il en sera autrement…
L’Institut a tout d’un camp retranché, au milieu de nulle part… Certes, les enfants et adolescents peuvent manger et boire de l’alcool autant qu’ils veulent, jouer aux échecs ou sauter sur des trampolines jusqu’à l’épuisement. Mais ce n’est pas l’île aux plaisirs de Pinocchio, à l’Institut les « pensionnaires » sont soumis à des séries de tests peu supportables. Ce nouveau roman de Stephen King, c’est une vertigineuse plongée dans un monde totalitaire- qui, par de nombreux points, n’est pas sans rappeler le nôtre… Avec son art parfaitement du « page turner », King manie le fantastique et l’horrifique avec un plaisir non feint. Une fois encore, il laisse libre cours à son imagination débordante, et signe un livre hautement recommandable pour tout lecteur qui a envie de se faire peur en tournant les pages !
Texte Serge Bressan
- « L’Institut » de Stephen King. Traduit par Jean Esch. Albin Michel, 608 pages, 24,90 €.
WECULTE vous conseille: “Love Me Tender” de Constance Debré : un coup de poing dans le cœur