Le Book Club de We Culte/484 nouveaux romans. Dans moins d’un mois les librairies foisonneront de nouveaux romans. 484, pour être précis, paraîtront entre le 15 août et le 30 septembre, selon Livres Hebdo, en hausse par rapport à l’an passé. Parmi eux, 344 romans francophones, dont 73 premiers romans, et 140 traductions, de quoi combler tous les appétits de lecture. Voici un premier tour d’horizon des têtes d’affiche de cette rentrée, celles et ceux qui feront à coup sûr parler d’eux. Les premiers et seconds romans ainsi que la littérature étrangère feront l’objet de prochains articles.
484 nouveaux romans sont attendus pour la rentrée littéraire 2025
Parmi les 344 titres de littérature française, on en retiendra une vingtaine. Et ce n’est pas un hasard si les thèmes qui dominent sont la mémoire, l’exil, la filiation, le déracinement, la colère, le deuil ou l’amour, dans ses formes les plus troubles.
Écrire pour réparer les failles
Les histoires de famille sont toujours un terrain mouvant, mais cette année, elles se font sismiques. Dans Kolkhoze, Emmanuel Carrère ausculte à vif l’héritage de sa mère, Hélène Carrère d’Encausse, dans un roman-monde qui mêle géopolitique, transmission, chagrin et fidélité brisée. On y traverse un siècle, des steppes russes à la cour des Invalides. Même plongée au cœur de la mémoire pour Sorj Chalandon avec Le Livre de Kells et pour Léonor de Récondo, partie sur les traces de sa famille espagnole dans Marcher dans tes pas.
L’intime se fait aussi politique chez Adélaïde de Clermont-Tonnerre avec Je voulais vivre, roman ample où la disparition d’un être aimé réveille les strates d’un passé qu’on croyait dompté. Ces trois ouvrages figurent dans la sélection de rentrée des librairies FNAC et Cultura. Avec Autoportrait à l’encre noire, Lydie Salvayre joue avec les codes de l’autobiographie pour dire le pouvoir des livres, cet autre sang qui coule dans les veines d’une vie.
L’adolescence et ses promesses perdues
Parmi les romans qui vibrent à hauteur d’enfant ou d’adolescent, Les promesses orphelines de Gilles Marchand (également en sélection Fnac et Cultura) trace le portrait d’un jeune idéaliste dans un monde qui file à toute vitesse. Entre nostalgie technologique et amours impossibles, l’auteur du Soldat désaccordé continue de faire entendre une voix singulière, décalée, émouvante.
Même fil tendu entre enfance blessée et résilience dans Tant mieux d’Amélie Nothomb qui rend hommage à la figure maternelle. Une ode à la lucidité enfantine et au pouvoir de l’imagination comme rempart.
Exils, frontières et silences
La rentrée est marquée par plusieurs romans qui prennent à bras-le-corps les questions d’exil, de transmission culturelle et de non-dits. Chez Nathacha Appanah, La nuit au cœur (sélection Fnac et Cultura) suit le parcours d’un jeune réfugié. Une fable sobre et bouleversante sur la dépossession de soi.
Chez Rachid Benzine, L’homme qui lisait des livres met en scène un père qui initie sa fille aux grands textes, pour combler le fossé d’un monde fragmenté. Quant à Adopte ta rivière d’Erik Orsenna, il donne la parole aux cours d’eau oubliés, et propose une écologie narrative, où écouter devient acte de survie.
Le roman comme refuge amoureux et champ de bataille intérieur
Que reste-t-il de l’amour dans une époque désenchantée ? C’est la question lancinante que posent plusieurs romans. Maria Pourchet, dans Tressaillir, explore la dévastation d’un chagrin, l’abandon comme vertige.
Dans Aimer de Sarah Chiche, le lien se tisse puis se défait au gré des décennies, entre souvenirs d’enfance et scandale pharmaceutique. L’amour moderne de Louis-Henri de La Rochefoucauld ausculte avec ironie la sentimentalité contemporaine à l’ère des écrans. Tandis que Chloé Delaume, avec Ils appellent ça l’amour, dynamite les conventions romanesques pour mieux interroger les violences ordinaires que l’on nomme tendresse.
Figures de résistances et voix en colère
Certaines héroïnes de cette rentrée vivent à contre-courant, comme des braises sous la cendre. Chez Joffrine Donnadieu, Aux nuits à venir fait se rencontrer une conteuse hallucinée et un ancien militaire retranché, dans un Paris en ruine : une histoire d’amour et de survie.
Laurine Roux, avec Trois fois la colère, orchestre un chœur de femmes en fureur, dont les voix s’élèvent dans une langue brute et incandescente. Et chez Franck Bouysse, Entre toutes (également en sélection Fnac et Cultura) dresse le portrait d’une paysanne née en 1912, figure muette de courage, de labeur et de solitude. Une épopée en sourdine, et peut-être l’un des plus beaux romans de cette rentrée.
On n’oubliera pas non plus Gaëlle Nohant qui nous entraîne en 1917 avec L’homme sous l’orage.
Et après la chute ? Le vertige du monde
La fin du monde rôde. Vincent Message, dans La folie océan imagine un climatologue à bout, qui consigne les signes d’un monde déréglé. Même désarroi chez Céline Minard avec Tovaangar, roman d’anticipation dans une Californie post-effondrement, où subsiste un peu de sagesse amérindienne.
Je me permets de vous signaler ici le « Grand Guide de la Rentrée littéraire 2025 » qui dresse un panorama complet de cette rentrée par maison d’édition. N’hésitez pas à le consulter pour faire votre propre sélection.
https://collectiondelivres.wordpress.com/le-grand-guide-de-la-rentree-litteraire-2025/
Henri-Charles Dahlem
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