Zazie1La chanteuse 
sort Cyclo. Un album intimiste réalisé par 
Olivier Coursier, du groupe Aaron, dans lequel elle se réinvente sur un mode électro. Rencontre.

Votre nouvel album 
est un peu à l’image de la pochette, plutôt sombre. Envie d’être moins solaire ?

Zazie. Est-ce qu’un soleil inexact est mieux qu’un côté lunaire ? Pour moi, il y a vraiment un distinguo entre la tristesse et le sombre, qui est l’inconnu, le mystère. C’est ce qu’on doit aller chercher, c’est aussi une manière de se réinventer. Ça peut passer par des constats d’honnêteté qui ne sont pas super-rigolos tous les jours. Ce n’est pas le soleil qui se couche, c’est le soleil qui se lève. C’est un moment d’éveil, intense, profond, peut-être un peu austère pour certains morceaux. Un artiste qui ne doute pas, qui ne se pose pas de questions, devrait rendre les clés et faire un autre métier.

Quels sentiments aviez-vous envie d’explorer ?

Zazie. On est sur la manière de se réinventer. C’est partir de tout ce qu’on est. Le beau, le moins joli, le qui nous embête, le qui nous va, soi, l’autre. Ce sont des instantanés photographiques de moments intimes. C’est une manière sensitive, intimiste d’entamer des sujets. Dans le non-dit, il y a une poésie, une magie, des petits arrangements personnels quotidiens. C’est peut-être une question d’âge. À quarante-huit ans, j’ai vraiment besoin de partir de qui je suis. Je pense à Temps plus vieux, une chanson qui est plus facile à faire quand on est dans une perspective encore très souriante. Je n’ai pas peur. Je suis bien dans mon âge, je ne passe pas mon temps à faire des liftings. Il est clair que ce n’est plus la même séduction. Même si cela passe un peu par un deuil (car dans ma tête, j’ai toujours huit ans et demi !), c’est un deuil qui est intéressant, pas du tout stérile.

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20 ans, c’est aussi une chanson sur le temps qui passe ?

Zazie. C’est sur le ridicule, en fait. C’est dire, par rapport aux codes sociaux qui font que, passé un certain âge, il faut devenir raisonnable, moi, plus le temps passe et plus je deviens punk ! (Rires.) Je me sens libre, y compris d’être libre en étant complètement farfadaise, sans faire de jeunisme pour autant. La chanson 20 ans, c’est dire : « Le regard des autres, j’en suis débarrassée. Et si vous trouvez ridicule de voir une fille qui a passé un certain âge s’éclater comme une jeunette, je m’en fiche éperdument. » Je pense que je serai une vieille dame super-indigne ! (Rires.)

Faut-il voir dans Cyclo, un reflet de votre côté cyclothymique dans la vie ?

Zazie. C’est moi et les autres. Le monde est très cyclo. À force d’avoir cette vie d’immédiateté, d’être acculé à un rôle de réussite dans la société, c’est pesant pour tout le monde. Je vois beaucoup de gens qui sont dans la détresse totale et qui sont à la limite de la bipolarité, très gais d’un coup et soudainement très dépressifs. Nos systèmes de vie nous obligent à être au taquet. On a de nouvelles maladies, on est hypermédicamentés, toujours dans une espèce de surconsommation. Ce n’est pas naturel. Le biorythme d’un humain est beaucoup plus lent que cela. Je pense que ça nous rend assez cyclothymiques. La planète fille est très sujette à cela. C’est plus dans nos caractères. Physiologiquement, ça peut être aussi plus relié à l’aspect un peu lunatique des choses. Mais il y a le côté poétique de cela, mystérieux, inattendu qui m’intéresse.

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Les Contraires, c’est le thème du malentendu en amour ?

Zazie. C’est une métaphore. C’est un peu comme ça aussi dans la relation à nos proches. J’ai pris l’amour parce que c’est un terrain merveilleux où on peut dire tout et l’inverse le lendemain. On est souvent attiré par quelque chose qui nous échappe et, bizarrement, quand la relation s’installe, on a envie de gommer cela. On veut tout savoir de l’autre, qu’il soit pareil, qu’il nous comprenne parfaitement. Pourquoi ? Ce n’est pas séduisant de tout comprendre. La relation à l’autre, c’est génial même si ce n’est pas mon unique moteur. C’est suffisamment énigmatique et c’est surtout un bon exemple pour illustrer quelque chose de plus global. J’aime de plus en plus donner le choix aux gens, dans la manière dont ils vont recevoir la chose. Je leur propose un climat, une ébauche, une couleur, des ambiances. Mais dans ce tableau, je pense qu’il est fondamental de leur laisser de la place. J’aime me dire qu’on est juste un vecteur d’émotion, mais de leur émotion. J’installe un début de phrase et je leur laisse imaginer la fin. Ce n’est pas une retenue, pour moi, c’est plus une élégance. C’est ce que j’aime aussi dans une certaine forme de poésie qui provoque une image. On le voit bien quand on passe d’un livre à un film. C’est laisser cette possibilité à l’autre de faire la moitié du chemin.

Entretien réalisé par Victor Hache

Album « Cyclo » chez Mercury

Très émouvanteZazie est très bien dans 
l’œil du Cyclo. Dans son nouvel album, elle explore le thème 
de l’amour, du malentendu dans la relation à l’autre, 
du doute, du vieillissement. Sur un mode mélancolique et introspectif, Zazie se réinvente en parlant du sentiment amoureux ou de cette société capricieuse qui veut Tout tout de suite. Au creux de la voix, 
il y a les silences et la retenue qui laissent place au mystère. Un album aux ambiances nettement électro grâce 
à sa collaboration avec Olivier Coursier, du groupe Aaron, 
avec lequel elle a enregistré ses onze nouvelles chansons. 
À quarante-huit ans, pour 
son huitième opus, elle avait envie d’aller dans la profondeur des choses. Un album éminemment sensible signé par une Zazie moins facétieuse, mais très émouvante.

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