on a lu, on adore
GASPARD KOENIG - © ELODIE GREGOIRE

On a lu, on adore. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec l’essayiste et un temps militant politique Gaspard Koenig pour son retour au roman « Humus »; on enchaîne avec l’historienne et enseignante Laure Murat pour son roman « Proust, roman familial » sur sa famille et l’univers de Marcel Proust, et on achève la semaine de l’autre côté de l’Atlantique et sur la Lune avec « La Mer de la Tranquillité » de la romancière canadienne Emily St. John Mandel pour de la science-fiction,version émotion. 

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On a lu, on adore « Humus » de Gaspard Koening

GASPARD KOENIG : « Humus »

Essayiste et militant de la chose publique tendance libérale atypique, Gaspard Koenig joue la surprise en ce mi-été avec un roman, « Humus ». Immédiatement, il prend plaisir à préciser : « Mais avant tout ça, j’ai commencé par le roman ! »

Et, là avec « Humus », autant le dire et l’écrire, il signe un texte implacable, allégrement écologique, follement contempteur de l’époque toute en bluff et erreurs. Pour Koenig comme pour ses deux personnages principaux, Arthur et Kevin- tout frais diplômés d’AgroTech Paris, l’avenir appartient à l’agronome.

Les deux jeunes hommes, l’un issu de la classe moyenne et s’installe à la campagne avec sa compagne Anne, l’autre grand dans le monde rural se lance dans l’e-business et les engrais bio avec la redoutable Philippine. Durant leurs études, l’un et l’autre ont saisi et compris l’importance de sol, du sous-sol et du ver de terre, le fameux lombric.

Oui, pour l’un comme pour l’autre, l’avenir est au lombricompost ! Evidemment, Gaspard Koenig aurait pu tomber dans la caricature, l’accumulation de clichés- dans « Humus », il n’en est rien. L’auteur montre, ne juge pas- à peine de ci, delà, esquisse-t-il quelque idée sur le sujet… Ses personnages bercés par l’utopie verte, il ne les moque pas pour autant, convaincu que l’avenir appartient à l’agronome…


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On a lu, on adore « Proust, roman familial » de Laure Murat

LAURE MURAT : « Proust, roman familial »

Descendre d’une famille de la noblesse de l’Ancien Régime (les Luynes) et d’une de la noblesse d’Empire napoléonien), indubitablement ça marque… C’est le premier constat à la lecture de « Proust, roman familial » de Laure Murat, essayiste (« Une révolution sexuelle ? », 2018), biographe (prix Goncourt de la biographie pour « La Maison du docteur Blanche »– 2001), historienne de la littérature et enseignante à l’UCLA (université à Los Angeles).

Réputée et reconnue pour ses livres sur la société d’hier et d’aujourd’hui, l’auteure raconte sa famille- et avoue d’entrée : « Il m’a fallu des années pour comprendre une chose très simple ». A la vingtaine, elle plonge dans « A la recherche du temps perdu », l’œuvre maîtresse de Marcel Proust.

Elle est subjuguée et y trouve tant et tant de similitudes avec ce qu’est sa vie quotidienne. Cette vie corsetée et régie par des règles d’un temps passé… Mieux (ou pis ?) : dans les pages de Proust, elle trouve un personnage qui a été grandement inspiré par un membre de sa famille.

Et quand elle annoncera son homosexualité à sa mère, ce sera la rupture immédiate. Dans le monde décrit par Proust tout comme chez les Murat, demeuraient des tabous qui, inévitablement, propulsaient le « coupable » en dehors du cercle et du roman familial…

  • « Proust, roman familial » de Laure Murat. Robert Laffont, 256 pages, 20 €.
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On a lu, on adore : « La mer de la tranquillité » de Emily St. John Mandel

EMILY ST. JOHN MANDEL : « La Mer de la Tranquillité »

Il y eut « Station Eleven » puis « L’Hôtel de verre », deux claques littéraires. Vient d’arriver « La Mer de la Tranquillité », le nouvel et très réussi roman de la Canadienne Emily St. John Mandel. Reconnue d’abord comme une auteure de polars, voilà une dizaine d’années elle a glissé vers la science-fiction, version émotion.

Mieux, cette fois, elle propose un roman-puzzle. Quatre personnages, quatre temps de Vancouver en 1912 à une colonie lunaire en 2401. Mais la Canadienne est une écrivaine aussi diabolique que douée en revisitant le roman du voyage dans le temps, mêlant allégrement récits et époques… Ainsi, au premier temps du roman en 1912, Edwin St. Andrew a 18 ans et est prié de quitter l’Angleterre colonialiste pour s’exiler au Canada.

Dans une forêt, il entend un violon puis un bruit qu’il ne connaît pas mais qui va le marquer à jamais. Deux siècles plus, Olive Llewellyn fait la promo de son roman sur la Terre, elle enchaîne les conférences. Son mari et sa fille l’attendant sur la colonie de la deuxième lune. L’intrigue de son roman reprend les éléments d’une pandémie, avec un passage où son personnage entend des notes de violon. Plus tard, il y aura Gaspery, il enquête pour l’Institut du Temps où travaille aussi sa sœur Zoey. Pourquoi un rien peut bouleverser le futur ?

  • « La Mer de la Tranquillité » d’Emily St. John Mandel. Traduit par Gérard de Chergé. Rivages, 304 pages, 22 €.

Serge Bressan

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