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Maître du roman noir, Michel Embareck publie "Trois cartouches pour la Saint-Innocent"

Livre. S’inspirant d’un fait divers réel, en maître du roman noir plus que noir, dans « Trois cartouches pour la Saint-Innocent » Michel Embareck met en scène un journaliste à la retraite. Celui-ci a relevé un angle mort dans l’histoire de cette femme qui a tué, de trois balles dans le dos, son mari qui la battait. Et s’il y avait une «vérité alternative» ?

Michel Embareck est en grande forme, ce qui lui permet d’écrire comme un Tonton flingueur et de bousculer avec allégresse le « politiquement correct ». On en redemande !   

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Maître du roman noir, Michel Embareck publie « Trois cartouches pour la Saint-Innocent »

Dans une vie précédente, il fut un brillant chroniqueur rock, rédigea de nombreux papiers sur le rugby et, pendant une vingtaine d’années, assura la rubrique des faits div’ pour un quotidien. Dans la vie actuelle- et depuis un moment déjà, Michel Embareck s’est imposé du roman français noir plus que noir. Une preuve ? son nouveau roman au titre empli de délicieuses promesses : « Trois cartouches pour la Saint-Innocent ». L’auteur, qui revendique son passé de « fait-diversier », confie s’être inspiré d’un événement réel : le procès d’une femme qui avait tué son mari de trois balles dans le dos, durant lequel fut plaidée, par les avocats, la défense légitime différée.  Pour Michel Embareck, il y avait là l’évidence d’une fiction.

Donc, il nous embarque dans l’histoire de Jeanne Moreau- non, non, pas l’actrice !– qui, après avoir été maltraitée pendant de longues années, a tué de trois balles dans le dos son bourreau de mari prénommé Jean-Yves, « une tête à claques de la pire espèce, violent, alcoolique mort à plus de deux grammes ». Elle est condamnée, emprisonnée- quatre ans pour meurtre aggravé sur conjoint ; les réseaux sociaux et des associations de défense des femmes battues la soutiennent, le Président de la République la gracie le jour de la… Saint-Innocent. L’affaire intéresse bigrement Franck Wagner, un journaliste à la retraite, un journaliste « à l’ancienne » qui « où qu’il se pose, en France ou à l’étranger, ne déroge jamais à sa marotte de prendre la température en parcourant la presse locale ».

Dans cette histoire, lui le « type déplumé du caillou, dégingandé, lunettes perchées au bout d’un nez busqué », il pressent un angle mort : la septuagénaire tueuse surnommée dans le village « la Ravajou » est-elle vraiment celle dont la presse et les associations ont présentée aux lecteurs et aux militants ? Et s’il y avait une « vérité alternative »?, interroge Michel Embareck en grande forme– ce qui lui permet d’écrire comme un Tonton flingueur et de bousculer avec allégresse le « politiquement correct ». On en redemande !

Serge Bressan

trois cartouches pour la saint-innocentEXTRAIT

« Le ciel s’est levé du pied gauche au-dessus de Roche-Les-Eaux avant de s’étaler en travers d’une flaque de pluie glacée. Depuis trois jours, alors qu’au calendrier l’été pointe le museau, un temps de chrysanthèmes balaie la campagne aux confins du Poitou, de la Touraine et du Berry. Sous la course à l’échalote des ondées, le vent secoue les fleurs de pommier noircies par le gel d’avril. Il en faudrait cependant davantage pour que Jeanne Moreau renonce à son délice du mercredi. Inutile de se faire remarquer par un accoutrement trop élégant. Elle enfile un vieil imper couleur mastic, le jean fourré dans les bottillons, un chapeau de pluie Floppy noir, celui à large bord où les gouttes rebondissent tels des grains de riz, et une écharpe de grosse laine grise qui lui mange le bas du visage ».

 

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