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Antoine Bataille publie "Forêt", son 16e album (c) Vladimir Vatsev
Musique/Interview. Auteur, compositeur, musicien, créateurs de sons pour le théâtre et le cinéma… Antoine Bataille vient de sortir « Forêt ». Un seizième album dans lequel il nous invite à le suivre pour une envoûtante balade, loin des chemins balisés de la chanson.

Antoine Bataille : « Pour moi, le doute est la force motrice, la condition sine qua non de la création »


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Antoine Bataille (c) Vladimir Vatsev

Six ans près « Crescent Hôtel », salué par les critiques, puis « De l’indécence » (en avril 2021) où il avait notamment mis en musique des poèmes de Guillaume Apollinaire, Roger Gilbert- Lecomte et Fernando Pessoa, Antoine Bataille revient avec un nouvel album (le 16ème !) baptisé « Forêt« .

Au hasard de titres comme «  »Suspendus », « Archangelo », « Ode au doute », « Il peint », « Séquoias »… l’auteur, compositeur, musicien et formidable défricheur de sons, nous invite à le suivre, en compagnie du violoniste Khoa-Vu Nguyen et du batteur Tom Drevet, pour une balade acoustique et électrique, dense et envoûtante, traversée de doutes joyeux et fertiles, bien loin des sentiers balisés de la chanson.

Rencontre avec un artiste féru de poésie et d’expérimentations sonores.

L’argumentaire qui accompagne le sortie de « Forêt » ne cite pas le précédent album « De l’indécence ». Pourquoi ?

Antoine Bataille : Sans doute parce qu’il a eu moins d’éclairage médiatique. Il est sorti durant une période particulière du fait de la pandémie. Il ne s’agit évidemment pas d’une hiérarchie de ma part. Sans faire une quelconque comparaison, je me souviens qu’à la mort d’Alain Bashung, il y a eu une impasse sur « L’imprudence » que je considère personnellement comme un chef-d’oeuvre.

Ce nouvel album est bien le 16ème de votre discographie ?

Antoine Bataille : Il paraît. Moi je ne m’en préoccupe pas. C’est un peu comme si on comptabilisait les tableaux d’un peintre. Je m’attache juste à faire vivre les albums. Je sens que je pourrais enregistrer toute ma vie, même sur une île déserte. Je me sens proche de Pessoa parce que, comme lui, je pourrais enfouir tout cela dans une malle !

C’était aussi la démarche de votre mère Marie Bataille, auteur des textes de votre permier opus « Muti » ?

Antoine Bataille : C’est vrai, elle fait partie de ces auteurs qui ne cherchent pas la postérité mais qui écrivent par nécessité. En ce qui me concerne, cette nécessité est absolue et cela a plutôt tendance à s’aggraver. Ce qui m’enchante, c’est la scène car je m’y sens comme un animal sauvage. Rien ne me touche plus que certaines remarques de spectateurs comme cet homme qui m’a confié à l’issue d’un concert: « Je suis venu pour faire plaisir à ma femme parce votre truc ne m’inspirait pas vraiment sur le papier. Et j’ai pris mon pied ! ». Je n’aime pas trop quand on commence à me parler de concept. Quand je jouais dans la rue, on ne s’encombrait pas avec tout ça.



Quel souvenir gardez-vous de vos débuts dans la rue ?

Antoine Bataille : En fait, je jouais sur un petit piano. La rue est un endroit où l’on n’a pas rendez-vous. Si une personne s’arrête, c’est qu’elle a envie d’être là. C’était un plaisir inouï.



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Quelle est la signification de ces mains qui semblent cacher un visage sur la pochette de l’album ?

Antoine Bataille : Est-ce pour ne pas voir ou ne pas être vu ? Je laisse le choix ouvert…

Sur scène, vous serez en formule trio ?

Antoine Bataille : Oui, avec Khoa-Vu Nguyen, un violoniste totalement iconoclaste qui donne parfois l’impression de « tordre » son instrument et Tom Drevet, un jeune batteur qui vient du jazz. J’ai croisé ce dernier par hasard, il y a un an. Il a écouté ce que je faisais dans un train alors qu’il venait à Paris pour se produire au Baiser Salé. Je suis heureux qu’il ait accepté de jouer avec nous. La batterie change tout le rapport à l’énergie dans un concert.

Vous attachez toujours autant d’importance au son ?

Antoine Bataille : C’est même une obsession car je suis capable de passer des mois sur un son ! Pour « Forêt », j’ai eu la chance de rencontrer l’ingé son Alix Ewald qui a fait un travail extraordinaire.

Quand on vous connaît, on imagine que vous travaillez déjà sur un autre projet ?

Antoine Bataille :Oui. Sur un album très rock, avec des textes en anglais écrits par Fernando Pessoa à la suite de son séjour en Afrique du Sud. J’avais envie de travailler la voix différemment, dans une autre langue que la mienne.

Pouvez-vous nous parler de la chanson « Ode au doute » ?

Antoine Bataille : Pour moi, le doute est la force motrice, la condition sine qua non de la création. La seule certitude saine face au monde.

Entretien réalisé par Annie Grandjanin
 

  • Album : Antoine Bataille « Forêt », disponible depuis le 13 octobre 2023.

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur : annieallmusic.com/


 

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