Musique. Avec Still Blooming, l’acteur et jazzman Jeff Goldblum poursuit son aventure musicale avec panache et tendresse. Ce quatrième album, enregistré avec son fidèle Mildred Snitzer Orchestra, réunit des standards jazz revisités avec élégance, et des voix stars comme Ariana Grande, Scarlett Johansson, Cynthia Erivo ou Maiya Sykes. Plus qu’un disque, Still Blooming est un manifeste d’amour au jazz, au cinéma, à la scène et à la beauté de l’instant présent. Goldblum y joue à la fois le rôle d’hôte, de passeur et de pianiste, toujours avec cette classe singulière qui lui est propre.
Il y a des visages que l’on reconnaît au premier battement de cils. Celui de Jeff Goldblum appartient à cette galerie rare de silhouettes cinématographiques devenues familières, comme des souvenirs de pellicule jamais tout à fait éteints. De Jurassic Park à La Mouche, en passant par les couloirs baroques de The Grand Budapest Hotel, Goldblum est une figure excentrique et inclassable. Mais derrière ses lunettes noires et ses apartés ironiques se cache un amoureux sincère du jazz — et un pianiste chevronné.
Avec Still Blooming, son quatrième album enregistré avec le Mildred Snitzer Orchestra, Jeff Goldblum nous rappelle qu’il est un artiste qui ne cesse de s’épanouir. Le titre n’est pas une coquetterie : il évoque une floraison continue, un printemps de l’âme qui refuse de faner, même sous les projecteurs de l’âge et de la célébrité. Et il suffit d’écouter la première note de l’album pour comprendre que cette floraison-là est bien vivante, vibrante.
Le disque s’ouvre sur une reprise de I Don’t Know Why (I Just Do), une pépite sentimentale de 1931, réinterprétée ici avec une grâce toute contemporaine par Goldblum et… Ariana Grande, voix de velours, diva planétaire, et désormais muse de Goldblum au piano.
Leur duo n’est pas qu’un simple exercice de style : c’est une rencontre, entre Broadway et Hollywood, entre l’âge d’or et l’ultra-pop. Et cela fonctionne — peut-être parce que derrière les paillettes, tous deux partagent une vraie tendresse pour le répertoire qu’ils revisitent.
Mais Goldblum ne s’arrête pas là. Still Blooming est une promenade à travers les joyaux du Great American Songbook et de l’âge d’or de Broadway, avec des invités de marque comme Cynthia Erivo sur We’ll Meet Again, ou Scarlett Johansson qui prête sa voix fumée à The Best Is Yet To Come.
L’album, loin de n’être qu’une compilation nostalgique, est une célébration raffinée de la musique comme art du partage. Chaque titre est l’écho d’un dialogue : entre musiciens, entre générations, entre cinéma et swing.
La sortie de l’album coïncide avec une performance magistrale au London Palladium, et avec un autre projet inattendu : une collection de vêtements signée Goldblum lui-même. Élégante, un brin loufoque, cette ligne vestimentaire reflète l’esprit de l’artiste — cet alliage rare de fantaisie, de sophistication et de sincérité. Certaines pièces, estampillées Still Blooming, se sont arrachées en quelques jours. La mode aussi, semble-t-il, a un faible pour Goldblum.
Il y a quelque chose de presque magique dans la manière dont cet homme traverse les arts comme on traverse les époques : avec une élégance nonchalante, une joie enfantine et une passion tenace. Que ce soit dans un laboratoire de génétique ou derrière un piano, Jeff Goldblum reste un conteur — et avec Still Blooming, il nous murmure que le jazz, comme les fleurs et les étoiles, ne se fane jamais vraiment.
Victor Hache
- « Still Blooming », par Jeff Goldblum & The Mildred Snitzer Orchestra. Disponible chez Decca Records depuis le 25 avril.