Musique. C’est ce vendredi 21 janvier que sort sur le label PIAS « L’Héritage Goldman Vol.1 ». Un album de reprises des chansons de Jean-Jacques Goldman revisitées par le Chœur Gospel de Paris, les plus belles voix de la nouvelle génération (Marina Kaye, Lilian Renaud, Marghe, Mentissa, Cyprien…) ou encore Michael Jones. Dirigée par Erick Benzi, « Héritage » est une nouvelle collection qui a pour vocation la mise en valeur du patrimoine de la chanson française. C’est « un hommage à la bande-son de nos vies » dit le réalisateur du projet et fidèle collaborateur du chanteur. Entretien.
« L’Héritage Goldman » : un hommage à la bande-son de nos vies
Erick Benzi est devenu l’arrangeur des albums de Goldman au début des années 90 et ne l’a plus quitté ensuite. Pour « L’Héritage Goldman » Vol.1, premier album de cet hommage, il a fait appel aux plus belles voix de la nouvelle génération, souvent finaliste des télécrochets comme The Voice. Il a également bénéificié de la collaboration du fidèle Michael Jones et de musiciens comme Renaud Garcia-Fons et du duo classique, Camille et Julie Berthollet. C’est le Choeur Gospel de Paris qui donne sa couleur à cet album, le second volume prévu pour l’automne 2022 aura, lui, une couleur plus celtique.
Un spectacle est en préparation qui permettra de retrouver cette sélection des plus belles chansons de Goldman avec, sur scène, les musiciens qui l’ont accompagné. Rendez-vous donc à l’Olympia le 25 septembre 2022, concert qui sera suivi d’une tournée des Zéniths au printemps 2023. Rencontre avec Erick Benzi qui nous parle de la genèse de ces projets et de l’état d’esprit qui l’a guidé pour les réaliser.
Comment est née l’idée d’un album consacré à Goldman ?
Erick Benzi: J’ai été sollicité pour prendre la direction d’une collection qui s’appelle Héritage. Elle va mettre en valeur le patrimoine de la chanson française d’Edith Piaf à nos jours. On m’a demandé de m’occuper du premier album consacré à Jean-Jacques Goldman. Il s’agissait de reprendre ses chansons et d’en faire des standards en les rhabillant de façon intemporelle comme on peut le faire pour des standards de jazz.
Avez-vous changé les arrangements originaux dont vous étiez parfois l’auteur ?
En effet j’avais moi-même orchestré certaines d’entre elles à partir des années 90 mais pas celles des années 80. Ça a été un exercice nouveau pour moi de reprendre des chansons de cette époque.
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Pour ne pas dérouter les fans le plus important c’est de respecter les mélodies, les harmonies et les émotions de chaque chanson. On est libre ensuite de faire ce qu’on veut sur tout le reste. C’est pour « Il suffira d’un signe » que je me suis le plus éloigné de l’original car je l’ai transformé en ballade pour faire ressortir le texte alors qu’à l’origine c’était plutôt du rock. Dans cet album il n’y a ni batterie ni guitares électriques. J’ai choisi en effet de faire quelque chose de plus organique, de plus unplugged. Mais j’ai respecté un maximum les mélodies et les harmonies de façon à ce qu’on reconnaisse très bien toutes les chansons.
Comment avez-vous été conduit à faire le choix du Gospel ?
Je voulais trouver une couleur générale pour tout l’album de façon à créer un lien entre des chansons qui datent de plusieurs époques. J’ai donc choisi une chorale car Goldman a toujours aimé ça et ce choix a crée un lien organique et sensible entre toutes les chansons. Je connais très bien Georges Seba le fondateur du Choeur Gospel de Paris et nous avions travaillé ensemble pour Goldman, Céline Dion, Garou et Florent Pagny. Je savais que cette chorale pouvait faire du gospel quand ça s’y prêtait comme dans « Je te donne » ou « Pas toi » mais aussi de la chorale plus traditionnelle sur d’autres chansons.
Pourquoi avez-vous privilégié des interprètes de la nouvelle génération ?
Il me fallait des interprètes qui servent d’abord la chanson. Le fait de choisir des artistes peu connu permet de montrer que la star principale c’est la chanson. Dans un patrimoine ce qu’on valorise c’est la chanson elle-même, pas l’interprète. Je souhaitais donc des gens en devenir, un peu connu mais pas trop. Mais il fallait surtout des voix spécifiques parfaitement adaptées à chaque chanson. J’ai cherché parmi les gens que je connaissais, des gens plus âgés comme Michael Jones, Nérac et Tomislav Matosin mais aussi parmi la jeune génération, des gens qui savent très bien chanter. Ca permettait que leur notoriété ne prenne pas le dessus sur la chanson. Ceux qui viennent de The Voice ont des voix qui, bien dirigées, peuvent faire ressortir l’émotion de la chanson.
Comment avez-vous obtenu la collaboration de Michael Jones ?
On a très vite eu envie de faire un spectacle sur scène avec les musicens d’origine de Goldman. J’ai demandé à Michael s’il était d’accord pour y participer. Il a donné son accord et j’ai pensé à ce moment là qu’il pourrait aussi chanter « Je te donne » sur l’album et c’est comme ça qu’il la chante finalement sur scène et sur l’album.
Pourquoi avez-vous fait appel à Renaud Garcia-Fons ?
Je le connais depuis longtemps et j’apprécie son toucher fabuleux de la contrebasse. Je lui ai donc demandé de faire un solo de contrebasse sur « Sache que » où on laisse parler la musique. Goldman est aussi un compositeur et c’était intéressant de valoriser sa musique de cette façon.
Quelle sera la couleur du second album consacré à Goldman ?
Le second album aura une consonance celtique avec une couleur assez irlandaise avec uillean pipe, violon fiddle, mandoline et guitare. Il y aura des tubes comme « J’irai au bout de mes rêves », « Je marche seul », « Quand la musique est bonne ». Les deux albums vont donc proposer un beau panorama d’ensemble de l’oeuvre de Goldman.
Comment va se présenter la tournée que vous préparez ?
La tounée ne sera pas un simple récital mais un vrai spectacle dont Goldman sera en quelque sorte la bande-son. On associera les univers des deux albums et on va imager et scénariser ce spectacle avec beaucoup de vidéos et de danses. Comme on n’a pas Jean-Jacques sur scène, on aura ses musiciens et ce seront ses chansons qui seront les vrais stars.
Et qu’en pense Goldman lui-même ?
On se parle régulièrment puisque c’est un ami. Quand on est venu me chercher pour ce projet, je lui ai tout de suite demandé s’il n’y voyait pas d’inconvénient. Comme d’habitude il m’a dit qu’il s’en foutait complètement. Mais je tenais à lui faire écouter ce qu’on avait fait car je tenais à ce qu’il soit content. Je lui ai donc envoyé l’album entièrment fini. On en a discuté et il a trouvé ça très bien.
Dans quel état d’esprit concevez-vous cette collection « Héritage » ?
L’esprit de la collection Héritage c’est de traiter les chansons comme des standards de jazz. On va faire des arrangements qui ne sont pas datés, sans des sons « à la mode» qui seraient très vite démodés. On utilise des guitares et des percussions car ce sont des instrumenst qui passent le temps. Le prochain album sera consacré Joe Dassin, puis ce sera Françoise Hardy. On cherchera une couleur particulière pour chacun d’eux. Joe Dassin par exemple ce sera la country, une musique qu’il a beaucoup aimé.
On recherche ce qui a été essentiel dans le répertoire d’un artiste pour le mettre en valeur . N’oublions pas que les mélodies se transmettent depuis le Moyen Âge avec la voix et la guitatre. Il suffit ensuite d’habiller la musique de façon à ce qu’elle reste intemporelle. On écoute encore maintenant du Franck Sinatra car ses arrangements restent d’actualité. Le blues et le folk passent les âges. Il nous faut donc trouver des arrangements simples mais qui apportent autre chose que les originaux. C’est un travail qui n’est pas facile du tout.
Entretien réalisé par Yves Le Pape
- « L’héritage Goldman » Vol.1, avec le Choeur Gospel de Paris, label PIAS, réalisé et arrangé par Erick Benzi