mokhtar samba
Mokhtar Samba : le batteur et percussionniste sort l'album "Safar" © EWANE NJA KWA

Musique/Interview. Batteur et percussionniste réputé, Mokhtar Samba a accompagné des artistes comme Youssou N’Dour, Carlos Santana, Richard Bona, Salif Keita… Avec l’album « Safar » (qui signifie voyage en arabe) il nous embarque dans un riche et passionnant périple afro-jazz, du Sénégal au Brésil en passant par les Caraïbes. À découvrir mercredi 8 novembre sur la scène du Studio de l’Ermitage à Paris. 


Mokhtar Samba : « Avec cet album j’ai voulu mettre en exergue mes voyages mais aussi mes rencontres avec des gens de couleurs, de cultures et de religions différentes »


Batteur et percussionniste de renom, Mokhtar Samba a accompagné des artistes comme Youssou N’Dour, Carlos Santana, Salif Keita, Joe Zawinul, Richard Bona, Eddy Louiss ou encore Manu Dibango. Il a également joué au sein des groupes Ultramarine, aux côtés de Mario Canonge, Etienne M’Bappé et N’Guyen Lê puis avec sa propre formation Nayal.

Avec l’album « Safar » qui signifie voyage en arabe, il nous propose une riche et fascinante épopée du Sénégal au Brésil en passant par les Caraïbes. Un album aux couleurs afro-jazz mêlant rythmes mandingues, swing, improvisations, instruments contemporains et traditionnels, chants bédoins… dans lequel il accueille une trentaine de compagnons de route (Jean-Philippe Rykiel, Mama Kouyate, David Linx, Ze Luis Nascimento, Minino Garay, Jean-Christophe Maillard, Léo Genovese…).

Rencontre avant sa prochaine escale parisienne, le 8 novembre 2023, sur la scène du Studio de l’Ermitage.

« Safar » est un voyage mais aussi une manière de créer un lien ?

Mokhtar Samba : Je ne m’étendrai pas sur les évènements qui bouleversent le monde en ce moment. Avec cet album j’ai voulu mettre en exergue mes voyages mais aussi mes rencontres avec des gens de couleurs, de cultures et de religions différentes.

Cet esprit d’ouverture est un héritage de votre double culture ?

Mokhtar Samba : Je n’avais pas le choix de faire une autre musique, compte-tenu de mes racines familiales. Mon père sénégalais a rencontré ma mère au Maroc. Tout comme l’art, la musique permet de faire tomber les barrières.

Avec le groupe Ultramarine, vous affichiez déjà votre goût pour la fusion des genres ?

Mokhtar Samba : C’est vrai que je ne pouvais qu’atterrir dans ce groupe dont les musiciens et le répertoire donnaient une telle image d’universalité. A une certaine époque, les gens avaient tendance à mettre les artistes africains dans une case. Moi, par exemple, j’adore la musique indienne, la musique classique avec un penchant pour les compositeurs français comme Maurice Ravel, Gabriel Fauré ou Claude Debussy.

La batterie a toujours été votre instrument de prédilection ?

Mokhtar Samba : En fait, si je suis devenu batteur, c’est grâce à ma mère.

Elle était musicienne ?

Mokhtar Samba : Plutôt une excellente cuisinière ! Quand j’étais enfant, je l’accompagnais lorsqu’elle retrouvait d’autres femmes marocaines pour partager certaines tâches. Il y avait beaucoup d’entraide entre elles, leur quotidien était tellement difficile. J’ai très vite remarqué le plaisir avec lequel elles faisaient des percussions. J’avais tout juste 4 ans quand j’ai commencé à taper sur tout ce qui était à ma portée.



Vous avez longtemps joué aux côtés d’artistes réputés. Avez-vous parfois le sentiment que c’était au détriment de votre propre carrière ?

Mokhtar Samba : Le fait d’accompagner d’autres artistes m’a nourri. J’ai beaucoup appris à leurs côtés. C’était comme une école pour moi.

Parlez-nous de votre rencontre avec le bassiste américain Jaco Pastorius ?

Mokhtar Samba : Lorsque Paco Séry m’a appelé un matin pour me proposer de jouer au New Morning, j’ai cru que c’était une blague. Je lui demandé de me laisser dormir. J’ai fait deux concerts avec Jaco Pastorius mais c’était inoubliable. Il avait notamment rejoint le groupe de fusion Weather Report qui a véritablement révolutionné la musique. Même si j’avait déjà fait un bout de chemin dans le métier, c’était un formidable tremplin.

Le titre « For Eddy Louiss » est un clin d’oeil au fameux organiste et pianiste ?

Mokhtar Samba : C’est plus qu’un clin d’oeil. C’est un hommage. J’ai eu la chance de travailler avec lui pendant 4 ans. Je voulais le remercier pour tout ce qu’il m’a apporté.

Hormis pour l’enregistrement d’un orchestre symphonique, il est rare de réunir autant de musiciens et chanteurs sur un album ?

Mokhtar Samba : C’est un projet que j’ai construit autour des artistes que j’ai eu la chance de rencontrer et je voulais qu’ils participent. Je conçois la musique comme un collectif. Mais je tiens à rassurer les promoteurs de spectacles, je ne pourrai pas tous les réunir sur scène !

Entretien réalisé par Annie Grandjanin


Album : Mokhtar Samba « Safar » (Grand Central Artists/The Orchards), disponible depuis le 13 octobre 2023.

En concert, le 8 novembre 2023, à 20h30, au Studio de l’Ermitage, 8, rue de l’Ermitage, 75020 Paris. www.studio-ermitage.com

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur : annieallmusic.com/


 

 

 

 

 

 

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